Alors qu’on dénombre encore les morts après le terrible tremblement de terre et le raz-de-marée qui ont dévasté le Chili (nombre de victimes estimées pour l’instant à sept cent trente-trois), la population essaye de se réorganiser.

Dans les zones les plus affectées, comme à Conceptión, les survivants, manquant de tout, ont été obligés de se servir dans les pharmacies et les commerces à moitié détruits par le cataclysme.

Hélas, si l’on peut comprendre et même pardonner le vol par nécessité, il est plus difficile d’admettre que dans les régions sinistrées, là où plus aucune autorité n’est présente, ces vols de biens de première nécessité se sont vite convertis en pillage !

À Conceptión, les premiers militaires dépêchés sur place ont dû affronter des bandes de vandales qui mettaient à sac les derniers commerces encore debout. Les brigands, pour fuir les forces de l’ordre, ont même bouté le feu à un supermarché.

Quelle image saugrenue que de voir, d’un côté, des pompiers et des secouristes risquer leur vie pour déblayer les décombres et sauver des survivants et, d’un autre côté, voir ces mêmes survivants jeter dans leur voiture des réfrigérateurs, des télévisions, des ordinateurs avant de fuir apeurés comme les pilleurs qu’ils sont devenus.

C’est bien le problème de la nature humaine, alors que le gouvernement chilien se réjouit de l’élan de solidarité du monde entier, il a été obligé de déployer dans les zones les plus affectées près de quatorze mille soldats afin de protéger ce qui n’a pas encore été détruit et de coordonner l’aide internationale. Un couvre-feu a d’ailleurs été imposé dans toutes les zones sinistrées.

Ainsi, dès que le gouvernement fait défaut, c’est l’anarchie qui reprend le dessus, et l’homme redevient l’animal qu’il ne cessera sans doute jamais d’être.