Même au lendemain des indépendances, la France est restée un grand partenaire pour les Etats africains, notamment ceux francophones. Ceux – ci, ayant estimé à tort ou à raison qu’il leur serait difficile de se développer sans le soutien ou encore l’aide de leur ancien « maître ». À contrario de ses cousins anglais, portugais, espagnols et italiens toutes puissances colonisatrices, la France s’est positionnée au fil des années sur la scène internationale comme véritable tuteur des pays africains. C’est ainsi le sommet France – Afrique est devenu un rendez –vous diplomatique majeur.

Cependant, avec l’émergence d’une nouvelle classe d’intellectuels africains hostiles à ce genre de relation fondées sur le paternalisme, la politique africaine de la France se trouve aujourd’hui très critiquée. Surtout quand on sait qu’après plus d’un demi-siècle de coopération,  l’Afrique est demeurée pauvre, en dépit de ses nombreuses ressources naturelles et humaines. Pour tenter de sauver l’image de son pays sur le continent berceau de l’humanité, l’actuel président français Nicolas Sarkozy s’est présenté à son arrivé au pouvoir en 2007 comme l’homme par qui passera la rupture de la France – Afrique. Une attitude qui a suscité chez de nombreux africains beaucoup d’espoir. Mais, après un peu plus de trois ans passés au palais de l’Elysée, difficile de marquer une différence entre la politique africaine de Chirac et celle de Sarkozy. Bien au contraire, beaucoup de jeunes africains sont tentés de croire que Sarkozy est l’un des pires présidents français que l’Afrique ait connu ces dernières années. Pour étayer leur position, ils se fondent sur la façon dont Sarkozy a traité et traite encore la situation en Côte d’ivoire et en Libye. Ils ne comprennent pas qu’un chef de l’Etat, fut – il président du monde prenne sur lui de reconnaître dans un Etat souverain des rebelles comme les seules autorités légitimes (insurgés libyens) ! Aussi, les jeunes africains ont dans leur immense majorité très mal perçues ces derniers jours l’intervention de la force Licorne en côte d’ivoire contre le régime de Gbagbo.

D’ailleurs pour eux, cela n’est ni plus ni moins qu’une forme de néocolonialisme. Dans la pure tradition africaine, on sait que devant une situation de conflit, l’ainé devrait au lieu de défendre une partie, tenter plutôt de chercher à réconcilier les différents belligérants. Le bon sens voudrait que la France en Côte d’ivoire, soutiennent sans condition l’initiative de l’union africaine qui souhaitait quant à elle une solution négociée, plutôt que de s’engager dans une agression totalement partisane contre le peuple ivoirien au nom d’une pseudo – protection des populations civiles.

La France reste, quoi que l’on dise, un partenaire privilégié pour l’Afrique. Mais, en l’état actuel des choses, il est à craindre que les Français passent complètement à coté de leur chance. Il appartient alors au peuple français de remettre ses dirigeants sur les rails ; car les africains ne sont plus dupes. Aussi, le peuple africain semble fatigué des leçons de démocratie à l’occidentale.