Tandis que dans la demeure familiale de Georges Bush, Nicolas Sarkozy discutait avec ses hôtes, en déjeunant des hot dogs et des hamburgers, évoquant la longue amitié franco-américaine, longue de 250 ans, Pierre Moscovici réclame qu'à l'image de Gordon Brown, le président français se démarque des actions de Georges Bush par des messages de très grande fermeté.

250 ans d'amitié franco américaine en effet, qui méritaient d'être soulignés. Après les tensions entre la France et les Etats-Unis, des New-Yorkais vidaient leurs bouteilles de Bordeaux sur le trottoir, et allaient même parfois jusqu'à changer les noms de certains mets à consonance française.

Signe des temps, dans une production américaine, un film montrait le bateau en guerre des "méchants" qui n'était autre qu'un navire français, lors même que dans l'Histoire relatée, le batiment en question avait été anglais, le débarquement de la deuxième guerre mondiale avait aussi été réévoqué lors de ces divergences sur la guerre en Irak, et la France n'avait plus la "côte" outre-atlantique.



Pourtant la France et les Etats-Unis sont liés par une longue amitié qui commence dès l'indépendance des Etats-Unis, et même avant, par des ventes d'armes, notamment par l'intermédiaire de Beaumarchais. Puis Benjamin Franklin vint même à Versailles, surprenant par son accoutrement les habitués de la cour de Louis XVI, qui enverra plus tard La Fayette, Rocambeau et des troupes pour aider à l'accession à l'indépendance face à l'Angleterre. 

Nicolas Sarkozy a aussi rappelé le débarquement, disant que dans une amitié forte, allant jusqu'à parler de "famille", des désaccord peuvent exister, comme dans toutes les familles, ce que le président des Etats-Unis a rappelé également, sur l'Irak, disant que si ces désaccords ont pu exister sur ce sujet, cela n'empèche pas que des liens plus profonds puissent venir tempérer les relations entre les deux pays.

Voici donc un déjeuner dans lequel d'une manière tout à fait personnelle, et quasiment familiale, les deux président ont fait preuve de beaucoup de finesse diplomatique: le président français a rappelé que la France a épaulé l'Amérique pour son indépendance, évoquant une longue "amitié", et le président Etats-Uniens a accepté la perche tendue, disant que rien n'altère une longue amitié, et que même les désaccord entre "amis" ne sauraient troubler trop longuement les relations diplomatiques. La femme de Nicolas Sarkozy s'est excusée de son absence, à cause d'une angine blanche, ce que Georges Bush a gentiment déploré, la qualifiant de femme dynamique, et déclarant son impatience à la revoir, ainsi que ses enfants, en même temps que sa "compréhension". Seul Vladimir Poutine avait été reçu ainsi auparavant, dans la résidence familiale.

Fallait-il alors évoquer les sujets qui fachent? Avant, ou après les hamburgers ou les hot-dogs? Peut-être au moment de la tarte aux myrtilles, devant toute la famille Bush? Il existe de multiple façons d'évoquer certains sujets et mettre les pieds dans le plat chez des hôtes est bien souvent malvenu. En faisant preuve de ce manque de tact politique, la gauche ne se met-elle pas dans une position un peu extrèmiste, dans sa recherche de critiques envers le président?

Reste que lors de ce déjeuner, le président a su rappeler que les relations entre les deux nations ont toujours eu une importance toute particulière, et que cette relation permet les critiques mais n'empèche pas une bonne amitié. La position de Nicolas Sarkozy semble donc être restée à la fois ferme, mais aussi cordiale… Cela n'empèche pas Pierre Moscovici de réclamer "un véritable échange, musclé"…