dans l’affaire Woerth-Bettencourt et dans le mot rigueur ?

 

La conduite de l’affaire Woerth-Bettencourt, et la prononciation du mot rigueur par François Fillon lors de sa visite officielle au Japon, vantant sa mise en œuvre par la France pour crédibiliser la gestion de la crise et de la dette, montre bien l’hypocrisie à laquelle les Français sont soumis. Le premier ministre s’est vu contraint d’employer ce mot dans un point de presse devant les hommes d’affaire Japonais. Il a déclaré, «Nous sommes très attentifs à ne pas prendre des mesures qui viendraient stopper la croissance, qui viendraient même handicaper l’effort de recherche et d’innovation». «C’est la raison pour laquelle dans tous les budgets de l’État, le seul qui n’est pas soumis à la rigueur, c’est le budget de l’Enseignement supérieur et de la recherche». Pouvait-il faire autrement ? Ce mot arrive normalement à la bouche de quiconque, seuls les membres du gouvernement se sont refusés à le prononcer jusqu’à Sarkozy lors de son entretien avec David Pujadas, 

«Rigueur ça veut dire baisser les salaires, je ne le ferai pas, augmenter les impôts, je ne le ferai pas. Rigoureux ca veut dire revenir à l’équilibre. Je le ferai».

Que doit-on en conclure, que les impôts vont augmenter et que les salaires vont baisser, baisser les salaires n’est pas envisageable par contre l’augmentation des impôts oui, nombreux sont ceux, même dans la majorité à le souhaiter. Seulement Sarkozy est pris à son propre jeu, il ne peut les augmenter ouvertement mais d’une façon qui ne veut pas signifier qu’il les augmente tout en les augmentant probablement. L’hypocrisie ne peut que continuer, mais quel moyen reste-t-il au gouvernement pour trouver en si peu de temps les milliards qui lui manquent ?

Le tableau suivant donne la consommation des ménages source ISEE du premier trimestre 2009 au premier trimestre 2010, on peut constater une légère reprise depuis 2009 de 2,31 %, sur une année, ce qui est loin d’être suffisant pour assurer par la consommation une réduction de notre déficit d’autant que les gros paramètres sont les services 2 % et les biens 1,85 %. En plus, nous venons de subir un train de hausse en juillet qui mine la consommation des ménages qui sera aggravée par les emplois fonctionnaires supprimés. Quand aux comptes de la Nation, ils présentent une contribution négative à la croissance du PIB pour l’année 2009 de -2,6 % et sur les emplois -5,7 %. 

 

Or, le mot rigueur a toujours été tabou pour ce gouvernement, on ne voit pas autre chose que la réduction des dépenses, avec une augmentation des impôts. Voici ce qu’écrit Jacques Attali sur Slate.fr,

«on maudira alors la classe politique, qui, pour ne pas prendre le risque d’être provisoirement impopulaire, aura reculé devant les réformes difficiles, et en particulier devant les inévitables hausses d’impôts, on maudira les plus anciens, et, pour finir, on renversera du sel sur le tombeau de notre grandeur».

Du 06 mars 2008 au 08 mai 2010 Nicolas Sarkozy disait, «je ne crois pas au plans de rigueur, ils ne mènent à rien», et François Fillon disait, la France est «loin d’un plan de rigueur qui n’existe pas et qui n’existera pas». «La rigueur, c’est quand on réduit les dépenses et qu’on augmente les impôts. Nous, nous avons choisi, le plan de relance mis à part, de réduire la pression fiscale lorsque c’était possible et de diminuer la dépense publique. Nous sommes donc dans une gestion qui n’est pas celle d’un plan de rigueur».

Du 10 mai 2010 au 30 juin Jean-François Copé disait, «moi le mot je l’utilise c’est le mot de rigueur, après tout, on n’est pas là pour se battre sur les mots», et Alain Juppé disait, «aussi les circonlocutions autour des mots rigueur, austérité, responsabilité me paraissaient-elles un peu dérisoires».

Du 04 juillet 2010 au 16 juillet 2010 Christine Lagarde disait, «la France mène une politique de «rilance». «Relance ou rigueur, ce n’est pas un choix, ce n’est pas un nœud gordien pour moi». Entre rigueur et relance, la «rilance» est un «subtil dosage (…) qui consiste en réalité à réduire la dépense publique là où ce sera le moins douloureux pour la perspective de relance de l’activité», et François Fillon a dit, «c’est la raison pour laquelle dans tous les budgets de l’État, le seul qui n’est pas soumis à la rigueur,……»

Sarkozy peut-il encore longtemps continuer à nier cette rigueur et à ne pas vouloir déclarer qu’il augmentera les impôts. Plus il maintien cette position, plus il s’enferre dans un déficit qu’il ne pourra plus maîtriser.

L’affaire Woerth-Bettencourt constitue le second fait discrédibilisant la majorité. L’audition de Patrice de Maistre met à nouveau Éric Woerth en difficulté. D’après les procès verbaux d’audition auxquels Le Monde a eu accès, la brigade financière traque bien le trafic d’influence et oriente ses investigations en direction du couple Woerth. L’enquête, ouverte pour blanchiment de fraude fiscale et trafic d’influence, vise également les conditions d’embauche de Florence Woerth, épouse du ministre du travail. Ce dernier devrait pour sa part être bientôt entendu comme témoin. Les perquisitions opérées dans les sociétés de Patrice de Maistre, ont mis à jour une note datée du 31 août 2007. Un simple curriculum vitae de Florence Woerth, avec cette mention, en bas de page, «rémunération environ 200 000 euros (…) Je suis obligé d’en parler à LB vu le mari 120 000 euros».

Interrogé, M. de Maistre s’explique, «Il s’agissait d’une note que j’ai dû amener à M. et Mme Bettencourt pour évoquer le recrutement de Mme Florence Woerth dans mon équipe. Cette démarche était due au fait que son mari était ministre, et que c’était donc sensible…», relate le gestionnaire de la fortune Bettencourt. Il l’assure aux policiers, «Mme Florence Woerth ne représentait pas un risque majeur». En 2006, selon ses dires, il appelle Éric Woerth à la demande d’André Bettencourt, qui souhaite financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. «Je l’ai [M. Woerth] vu ensuite deux ou trois fois début 2007, dit Patrice de Maistre, parce qu’il m’a demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière alors, me disait-il, qu’elle n’était pas entièrement satisfaite».

Florence Woerth est embauchée, avec un CDI, rémunéré 140 000 euros annuels, plus une prime de 60 000 euros et une voiture de fonction. Elle a travaillé pour le compte de la société Clymène, qui gère environ 1,3 milliard d’euros. Elle en a démissionné en juin. Fin juin, Éric Woerth avait affirmé qu’il y avait «une muraille de Chine» entre ses activités et celles de son épouse.

Peut-on continuer avec ce ministre du travail dont le seul souci est 200.000 € pour sa femme avec une voiture de fonction et pour lui 120.000 € ? Patrice de Maistre aurait-il payé sa légion d’honneur ? Comment peut-il encore traiter le dossier des retraites ?

Ces deux faits sont graves, ils sont à rapprocher de la soirée au Fouquet’s, mais aussi à Laurent Vauquier qui reconnait, après avoir démenti, avoir récolté des fonds à la City pour son micro-parti. Lors d’un déplacement officiel le 28 juin à Londres pour y rencontrer, hors agenda, des banquiers et des gérants de fonds spéculatifs. Lors d’un dîner-débat, dans un club de Mayfair un quartier très chic, ou il a sollicité des fonds pour sa formation politique Nouvel-Oxygène crée en 2008 au Puy-en-Velay dont il a été élu maire. Rien n’arrête la droite, récolter des fonds pour un micro-parti même en pleine affaire Woerth, il faut du culot. Ces micro-partis sont des structures opaques destinées au financement des campagnes électorales personnelles. Pour François Bayrou, les centaines de «structures opaques» ainsi crées, 283 ont été recensées par la Commission des comptes de campagne, «autorisent tous les trucages et tous les dépassements», de la loi sur le financement politique. Le financement étant hors de France cela permet notamment à une même personne physique de donner plusieurs chèques tout en sachant que ceux-ci, in fine, reviendront au candidat de leur choix.   

Il serait étonnant que les Français ne se souviennent plus des déficits et de ces affaires lors de l’élection présidentielle de 2012. Ces affaires ne compromettent en rien la légitimité du pouvoir actuel, mais dans un climat de désapprobation qui est de plus en plus grandissant, elles cristallisent le mécontentement. L’image d’un gouvernement qui ne voit que l’argent pour son propre profit est désastreuse, le travail de Madame Florence Woerth vaut-il 200.000 € avec le reste ? Tout ce que l’on voit pose le problème de la justice entre les Français, certains vivent dans l’opulence par ce qu’ils sont dans le pouvoir tandis que d’autres ne vivent plus ou presque. Quel exemple pour les jeunes à qui l’on demande des sacrifices et qui ne trouvent pas de travail même avec des diplômes. Et le comble les riches avec le pouvoir qu’ils ont fraudent le fisc après avoir gagner leur argent en France sur le dos des autres Français.