« Je vais sauver le site ». Les mots sont lâchés. C’est la promesse que Nicolas Sarkozy a faite mercredi matin sur l’antenne d’Europe 1. Le président estime qu’il est de son devoir de répondre à l’appel au secours lancé par les 733 salariés de Caterpillar menacés de perdre leurs emplois sur les sites de Grenoble et d’Echirolles.
Depuis que l’annonce du plan de licenciement a été faite, les ouvriers du constructeur d’engins de chantiers grondent. Le groupe est pourtant menacé par la conjoncture et évalue la baisse de son chiffre d’affaire à -20%. Afin d’anticiper cette perte d’activité, le groupe américain a décidé de licencier 20 000 de ses 113 000 employés à travers le monde. Les salariés ont décidé de faire comprendre à leurs dirigeants qu’ils n’étaient pas d’accord avec cette décision et ont réclamé de recevoir une fois leur salaire par année d’ancienneté jusqu’à un maximum de 30 000 euros. Le constructeur refuse de dépasser 10 000 euros par employé. La direction et les ouvriers peinent à s’entendre et l’encadrement a refusé de participer à plusieurs réunions avec le comité d’entreprise. Après trois jours de grève, le mouvement social a escaladé jusqu’à retenir quatre cadres dont le directeur général du site pendant 24 heures. Les syndicats ont écrit à Nicolas Sarkozy afin d’obtenir des aides en provenance du Fond européen d’ajustement à la mondialisation. La réponse du président s’est faite pendant une interview sur TF1 au cours de laquelle il a estimé qu’il était son devoir de répondre à « l’appel lancé par les salariés de Caterpillar ».
Il a promis qu’il sauverait le site. Pourtant, conscient de l’énorme baisse de la demande sur le marché américain. Nicolas Sarkozy peut-il donc sauver les employés de Caterpillar ? Depuis Gandrange, les Français n’ont plus confiance Cette promesse rappelle celle qui avait été faite en février 2008 aux ouvriers de l’aciérie d’Arcelor Mittal de Gandrange. Le président avait alors déclaré vouloir investir dans Gandrange coûte que coûte. Les ouvriers avaient compris par ces mots que leur usine serait sauvée. Les choses n’ont pas évolué comme prévu. En réalité, Nicolas Sarkozy a négocié avec le groupe Lakshmi Mittal afin de les inciter à investir dans le site. L’aciérie aura tout de même fermé ses portes fin mars mais 30 millions ont été investis par le gouvernement en plus des 10 millions du groupe indien. Mais là où les salariés entendaient sauvetage d’emplois, le président entendait reconversion du site et reclassements des employés. S’agit’ il d’une erreur d’interprétation ? Pour les salariés, les choses sont claires : il s’agit d’un « mensonge d’Etat », « Nicolas Sarkozy nous a trahit » disent-ils. Des mots trompeurs Il est intéressant de se demander si l’erreur est involontaire. Il est envisageable qu’éventuellement une erreur d’interprétation ait été faite. Pourtant, le président recommence la même manœuvre. Cela prouve qu’il sait très bien ce qu’il fait. Les employés de Caterpillar ne sont d’ailleurs pas dupes et ont bien compris que leurs emplois ne seraient pas sauvés en l’état. L’inquiétude reste donc grande. Un grand nombre d’entre eux ne sont pas hostiles à une reformation et réclament simplement des solutions pour pouvoir vivre. C’est ce que le président entend leur proposer au plus tôt. Comme il l’a fait à Gandrange, il pourrait mettre en place un organisme de formation. Le problème c’est qu’à Gandrange, selon les syndicats, seuls 46 des 575 emplois perdus ont été remplacés. Pour les autres, si il y a formation, il n’y a pour l’instant pas de solution. Illustration : Vincent Goulot