Forte parole de Franz-Olivier Giesbert, qui assure auprès des Belges et de la rédaction du quotidien Le Soir la promo de son essai M. le Président (Flammarion). Sarkozy ? « Les gens ne croient pas un mot de ce qu’il raconte ! ».

Les sondages, auxquels ne croient ni Le Canard enchaîné ni FOG, valent ce qu’ils valent, mais ils dégagent quand même des tendances. Si on a pu voir un troisième larron parfois supplanter un second aux présidentielles, le quatrième selon les instituts ne l’a jamais emporté. Et la cote d’opinion de Sarkozy reste au plus bas, Il faut admettre que FOG a raison. Sarkozy, qui, comme Martine (l’héroïne de livres pour enfants) interprète tous les rôles au gré des circonstances, admire l’architecture des usines, se dit plus bouseux qu’un autre lorsqu’il s’adresse à des agriculteurs, n’est vraiment crédible que sur sa paternité. Encore que tous ses fils ne lui ressemblent pas trop, heureusement pour eux, question caractère…

Menteur comme un arracheur de dents, et surtout hâbleur, telle est belle et bien l’image de Sarkozy, y compris parmi ses partisans. Giesberg, en confiant au Soir que «  les gens ne croient pas un mot de ce qu’il raconte ! », ne s’est guère mépris. Accorde-t-on plus de crédibilité aux propos de François Hollande ou de Martine Aubry ? Pas vraiment sûr, mais FOG considère que l’un ou l’autre seront plus dangereux pour Sarkozy qu’un Strauss-Kahn, qui « avait par ailleurs une sorte de méconnaissance du pays. ».

 

Partant de l’idée que Sarkozy n’est guère crédible sur un bilan surévalué, FOG estime que l’actuel locataire de l’Élysée sera encore moins crédible sur un projet. D’autre part, même s’il est en passe de se redonner une aura de respectabilité formelle, Sarkozy ne serait pas à l’abri d’une « rechute » dans une vulgarité ou une intempestivité qui ne font plus sourire,  prévoit son biographe non-autorisé.

Cela étant la connaissance de la France de FOG laisse songeur lorsqu’il estime que les trente-cinq heures ont été une « très mauvaise nouvelle pour les classes populaires mais une excellent pour les jeunes cadres dynamiques. ». Le pouvoir d’achat des uns et des autres a stagné, mais les cadres font toujours autant d’heures sans récupération ni paiement d’heures supplémentaires dans les petites et moyennes entreprises, tandis que, au moins dans les grandes entreprises, la mesure à quand même profité à des gens qui ne voudraient guère revenir dessus (sauf contraints et forcés, en cas de menace de fermeture brandie par le patronat). Cadre supérieur, peut-être encore dynamique, FOG n’est pas plus conscient des réalités que les hautes castes politiques ou médiatiques dans leur ensemble. C’est peut-être ce qui lui fait négliger la portée de la candidature de Marine Le Pen auprès de diverses fractions de l’électorat. Le FNUMPS n’étant pas prêt de plaider pour la comptabilisation des votes blancs, Marine Le Pen n’aurait-elle vraiment aucune chance de passer ric-rac ? On verra bien.

Toujours est-il que FOG compare la stratégie de Marine Le Pen à celle d’Umberto Bossi. Il lui reste donc à sortir quelques vannes sur les Corses et les méridionaux : ce qu’elle ne fera pas puisqu’une partie notable de son électorat se situe au sud de la Loire. Selon FOG, elle s’inscrirait « dans un schéma de reconstruction de la droite, à l’image de ce qu’elle est en Italie. Ce qui est évidemment beaucoup plus dangereux. ». Effectivement, à la droite incarnée par Sarkozy, certains et d’aucunes pourraient préférer l’original. Cela étant, dans les faits, les mesures, on ne voit guère ce qui distingue l’UMP de la Ligue du Nord de Bossi. Ni d’ailleurs trop ce qui distingue le PS de la gauche institutionnelle italienne, ou de la portugaise ou espagnole. Sur Sarkozy, FOG a sans doute raison, tout comme lorsqu’il estime que le PS a de longue date abandonné l’électorat populaire. Si, comme il le pense, « voter Le Pen, c’est une autre façon de s’abstenir », il ne dit pas ce que s’abstenir veut dire. Tant qu’à faire, là aussi, l’original pourrait être préféré à la copie.