Sarkozy ignorait-il qu’il pouvait être impopulaire ?

 

                                                  (capture d’écran sur TF1)

Chacun a en tête, ces images de la réception du Président-candidat Nicolas Sarkozy, jeudi 1er mars, à Bayonne, par des indépendantistes basques qui étaient venus protester contre sa politique. Cela s’est mal passé. Le Président-candidat a été sifflé. Dans la foule, il y a eu des bousculades et des heurts ! Sous les huées, il a dû se réfugier momentanément dans un bar. La foule s’est confrontée aussi aux forces de l’ordre.

Le Figaro décrit la scène la plus choquante : « ce ne sera probablement pas son meilleur souvenir de campagne. Nicolas Sarkozya été accueilli jeudi par des huées et des sifflets dans le centre-ville de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), au cours de sa visite dans le Pays-Basque. Des dizaines de jeunes opposants attendaient le président et l’ont hué à sa descente de voiture aux cris de «Sarko, président des riches!» et autres «Sarko dégage!».

Selon la version d’un militant basque à l’origine de la manifestation, la foule aurait d’abord été maintenue derrière des barrières à plus d’1 km du centre ville, mais ensuite (contrairement à ce à quoi nous étions habitués pour les déplacements du Président), les barrières auraient été levées par les policiers et les manifestants aurait commencé à se diriger vers le centre… Mais les policiers auraient essayé ensuite de faire reculer les manifestants, ce qui physiquement n’était pas possible. Il s’en serait donc suivi des heurts avec la police et la foule serait parvenue au centre de la ville, à proximité du Président-candidat.

Je sais que d’autres rédacteurs ont réprouvé totalement cette violence sur C4N ! Comme eux, je déplore qu’on en arrive là dans cette campagne présidentielle. Néanmoins, je pense qu’on peut analyser ce qui se passe et pointer les problèmes, notamment dans l’organisation de cette visite et dans la manière dont le Président-candidat croyait être populaire dans le pays !

Sur son impopularité, Serge Raffy (Nouvel Observateur) donne un point de vue pertinent : « il croyait, depuis son bunker élyséen, que les Français étaient des gentils supporters de la Star Ac politique, prêts à applaudir la moindre sortie du génie de la com. Ce Président si sûr de lui était en fait un homme surprotégé, vivant dans une bulle. Il gambadait dans un monde virtuel, sûr de sa toute-puissance, entouré de courtisans mielleux. La Cour lui répétait que son inimitable talent télévisuel allait balayer les derniers doutes ».

Convenons-en, il ne connaissait sans doute la France qu’à travers l’organisation de fer qu’il mettait en place. Les éventuels protestataires étaient tenus à distance par les CRS, lorsqu’il était en visite. On lui aménageait des salles toutes acquises et à huis clos. Finalement, il ne pouvait entendre que des sons agréables ! Mais les invectives, les acclamations, le brouhaha de la rue, c’était pas pour lui. On comprend que dans cette situation, le jour où on a levé le dispositif, cela a changé et s’est mal passé…

Brusquement, à Bayonne, le Président-candidat se demande donc d’où sortent tous ces braillards ? Sont-ce des assistés ? Des planqués ? Même si ceux-la n’était pas entièrement représentatifs de la population française, lui avait-on dit : qu’il y avait des Français majoritairement en colère qui rejetaient le Président ?

Alors, le roi, que dis-je, le Président c’est indigné, après ce chahut basque… Il a accusé son adversaire Hollande de « préparer l’épuration » (faisant allusion aux changements de hauts-fonctionnairse annoncés par Hollande). C’est indigne, cela aussi ! Serge Raffi ajoute sur Le Nouvel Obs : « Pourquoi pas aussi la déportation ? »

C’est un électrochoc. Le Président se rend-t-il compte subitement qu’il ne connaît pas le pays qu’il dirige ? Ses proches lui avaient-ils caché l’incroyable impopularité dont il est l’objet ?

Pourtant, l’incident de Bayonne ne devrait plus se reproduire. Heureusement, fini les petits bains de foule, les risques sont désormais trop grands ! A part les usines, le candidat ne pourra plus aller à la rencontre du peuple dans  la rue ! Sa campagne continuera à la télé et il refera des meetings bien verrouillés avec beaucoup de policiers et de gardes du corps. Actuellement, il vaut mieux çà que de voir des scènes de violence qui ne profiteront à personne !

Mais le Président candidat avait rêvé « d’une France forte »… « sans syndicats, sans socialistes, sans Basques, sans SDF », peut-être un pays imaginaire ! Mais la vraie vie, ce n’est pas un monde de shows télévisés et de meetings bien encadrés !

 

Interpellé sur les violences de Bayonne, François Hollande a demandé à ses partisans de ne jamais céder à la violence. Tant il sait combien cela pourrait lui nuire à lui aussi ! On sait que des militants socialistes s’étaient mêlés aux manifestants basques.

 

Même si cela n’excuse rien, il faut bien faire remarquer que le député-maire de Bayonne Jean Grenet (UMP/radical) avait «personnellement déconseillé» à Nicolas Sarkozy de se rendre dans le centre historique de Bayonne. Ce quartier historique de la ville, autour de la cathédrale, se compose d’un grand nombre de rues étroites et piétonnières. (d’après Le Figaro) Le maire de Bayonne a aussi envoyé une lettre à Nicolas Sarkozy dans laquelle il présente au nom de sa ville «ses profonds regrets et ses excuses sincères» (Libération)

 

Le Président est reparti de Bayonne à 17 heures et heureusement, il n’y a pas de blessés à déplorer à la suite de la manifestation, mais cet événement laisse des traces dans la campagne présidentielle. Les deux candidats principaux s’invectivent et se rejettent la faute de ce qui s’est passé. Cette visite de Bayonne ponctue une semaine « catastrophique »  pour le Président-candidat. Les sondages ne s’annoncent pas bons pour lui !

 

Jusque là, l’impopularité du Président n’apparaissait que dans la presse et sur internet, tellement les visites du Président étaient clean et bien organisées. Avec ses Conseillers, il a beaucoup fait pour la jouer « peuple », mais on n’ose pas croire qu’il pouvait ignorer son impopularité dans le pays. Et si, malgré tous ces efforts, il ne parvenait pas à surmonter ce rejet ?

 

 

 

3 réflexions sur « Sarkozy ignorait-il qu’il pouvait être impopulaire ? »

  1. « Et si, malgré tous ces efforts (simagrées),
    il ne parvenait pas à surmonter ce rejet ? »
    !!!!!!!!!!!

    [img]http://www.nexway.com/images/products//nxw4f3e12c6495bc.jpg[/img]

  2. au sommet de la pyramide ,
    on est trop coupé du monde !!!
    [url]http://www.lepoint.fr/monde/quand-les-assad-dejeunaient-a-l-elysee-02-03-2012-1437369_24.php[/url]

  3. Merci pour l’article,Véritas la pyramide va ce retourner et les « écrasés » vont ressortir
    il va faire parti de « l’épuration »

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