Atteinte d’un cancer, cette maman ne trouvait pas les mots pour parler de sa disparition à ses fillettes de 3 et 5 ans. De peur de les traumatiser, elle n’a rien dit. Jusqu’à sa rencontre avec une association de soutien de deuil.

 

Dans la famille de Sarah, le cancer rôde autour des femmes depuis plusieurs générations. Il a déjà emporté sa mère et sa tante. " Les médecins étaient formels, je risquais de développer un cancer dit génétique. Ma propre mère est morte à 42 ans d’un cancer des ovaires. Alors, après la naissance de mes filles, j’ai décidé de me les faire enlever." Cette maman anglaise pensait ainsi se préserver de la maladie. " J’avais retrouvé ma sérénité. Enfin, jusqu’au 14 mars 2006." Ce jour-là, les médecins lui diagnostiquent un cancer du sein très virulent. A 43 ans, Sarah doit subir rapidement une mastectomie, suivie d’une chimiothérapie. " Je sanglotais malgré moi sur la table d’examen. Je me disais : " Bon sang, mes filles n’ont que 5 et 3 ans ! C’est impossible, la vie ne peut être si cruelle. " Sarah a perdu sa mère à 19 ans. Elle ne s’en est jamais remise. " Perdre sa maman, c’est perdre une protection ultime, la certitude que quelqu’un se tiendra toujours à vos côtés. Je ne supportais pas l’idée que mes propres enfants allaient vivre ce drame à leur tour." Mais Sarah ne veut pas reproduire les erreurs de ses parents. " On m’a caché le cancer de ma mère. Je suis revenue de l’université en urgence pour la voir sur son lit de mort." Sarh a subi le poids du silence. Convaincue des vertus de la parole, elle est bien décidée à ne rien cacher à ses enfants. "Mais le jour du diagnosti, quand mes filles sont rentrées de l’école, je n’ai rien dit. Je craignais de les traumatiser.. Comment leur expliquer que j’allais devenir maigre, comme ma mère avant moi.

 

Qu’elles allaient voir mourir la personne qu’elles aiment le plus au monde et qu’elles ne pouvaient rien faire contre ça." Les semaines passent. Aucun mot ne vient expliquer aux enfants la fatigue subite de leur maman et les rendez-vous fréquents à l’hôpital. Les fillettes ne tardent pas à exprimer leur mal-être. " Kitty était devenue incontinente et Michaela faisait de terribles colères pour cacher son anxiété." Démunie, Sarah accepte de contacter une association de soutient au deuil sur les conseils de son cancérologue. "Au début, j’étais horrifiée. Parler de la mort, c’était comme la rendre réelle." La jeune maman trouve l’écoute et les conseilss pour briser le silence. " La mort fait partie de la vie. Dans mon combat contre le cancer, le plus dur a été d’annoncer à mes filles Michaela et Kitty que je pouvais mourir."

 

Un soir à l’heure du bain, la jeune maman se lance. " Je leur ai dit que j’avais une boule dans le sein et que c’était un cancer. Je serais souvent fatiguée et mes cheveux allaient tomber mais qu’ils repousseront ensuite. Mes enfants m’ont écoutée en silence et quelques minutes après, elles jouaient comme si de rien n’était !" Après cette annonce, Sarah est enfin apaisée. "L’atmosphère à la maison est devenue plus rayonnante. Il y avait des rires, plus de détente. Bien sûr, la douleur et la peur étaient toujours là, mais on arrivait à vivre avec."

 

Dans les semaines qui ont suivi, les filles ont posé toutes sortes de questions à leurs maman. Dont celle, essentielle, qui taraudait Sarah. " Quand elles m’ont demandé si j’allais mourir, je leur ai répondu simplement que les docteurs et moi allions travailler dur pour que cela n’arrive pas." Quatre ans plus tard, Sarah est en rémission. La courageuse maman a alors décidé d’écrire un livre pour faire partager sa terrible expérience : " J’ai compris qu’il n’y a pas de recette pour annoncer un cancer à ses enfants. Mais leur parler à coeur ouvert est bien plus important que les mots que l’on choisit."