L’été est une période bénie pour les gouvernements peu scrupuleux de transparence. En effet, c’est souvent à cette période que sont votés en douce les lois et décrets les plus odieux. Cela peut se comprendre , au regard du nouveau décret concernant les associations de lutte pour l’environnement paru au Journal Officiel le 13/07/2011 : ce texte, voté à une autre période de l’année, aurait provoqué de vives réactions dans notre société. Nous aurions certainement eu droit à de nombreuses manifestations et une mobilisation générale des milieux associatifs visant à sensibiliser l’opinion.

Oui le gouvernement a eu raison d’éviter le tollé qu’aurait provoqué ce décret honteux et liberticide. Après tout il n’est plus à ça près.

 

 

 

 

 

 Paru au Journal Officiel le 13 juillet 2011, le décret fixe les modalités d’application de l’article R.141-21 du code de l’environnement, concernant les associations et fondations souhaitant participer au débat sur l’environnement dans le cadre de certaines instances.

Un texte liberticide visant à limiter considérablement le champs d’actions des associations.

« Pour pouvoir participer, une association devra désormais compter au moins 2 000 adhérents. Quant aux associations d’utilité publique, elles devraient exercer leur action sur la moitié des régions au moins, et disposer d’un minimum de 5 000 donateurs, pour pouvoir se faire entendre. » explique Corinne Lepage.

Autrement dit, il exclut de facto toutes les associations d’experts et autres collectifs d’actions locales qui effectuent depuis des années un travail colossal, mettant leurs travaux à dispositions des élus et ayant souvent été à l’origine, grâce à leur capacité à tirer la sonnette d’alarme, du retrait de bon nombre de projets qui auraient eu des conséquences désastreuses sur l’environnement et notre qualité de vie.

Exit les Inf’OGM, collectifs de vigilance nucléaire ou autres organismes à l’origine de la mobilisation contre le forage hydraulique. Aujourd’hui seules les grandes associations auront, aux termes de ce texte, la possibilité de faire entendre leur voix, et donc de peser dans la balance des décisions prises en matière d’environnement. On comprend dès lors mieux pourquoi le gouvernement a justement choisi la période estivale pour faire passer ce décret.

 

« Les procès mettant en cause ces lobbies deviennent beaucoup plus difficiles, s’indigne l’euro députée. Non seulement aucun texte de protection des lanceurs d’alerte n’a jamais été pris par ce gouvernement, du temps de monsieur Borloo comme a fortiori du temps de madame Kosciusko-Morizet, mais plus encore, c’est la capacité des associations les plus dérangeantes pour les lobbies défendus par le gouvernement qui est ici mise en cause. En effet, sans agrément, la capacité de porter plainte avec constitution de partie civile reste très réduit »

Encore une fois, le gouvernement nous prouve qu’il est plus sensible au clientélisme qu’à être le garant d’une réelle démocratie, privant ainsi les associations citoyennes de leur rôle de contre-pouvoir. Et nul ne saurait le nier «  sans contre-pouvoir, la démocratie se meurt ».

Cela dit, les voix de certains de nos concitoyens se font déjà entendre, déclarant, la bouche en cœur que ces mêmes associations, contre-pouvoir auto proclamé, vivent de subventions accordées par l’État. Oublieraient ils que l’argent de l’État n’est autre que l’argent de nos impôts  et non celui du gouvernement?

Ceux là préfèrent fermer les yeux par peur de perdre un peu de leur confort si d’aventures un mouvement citoyen se réappropriait les rues de France. D’ailleurs, comme une réponse du berger à la bergère, Benjamin Franklin répondrait : «Qui préfère la sécurité à la liberté aura tôt fait de perdre les deux».

 

Toujours est il qu’il serait temps d’ouvrir les fenêtres, parce que ça sent le gaz dans notre beau pays, vous ne trouvez pas ?