L’humoriste Dieudonné, interdit de salle dans un très grand nombre de villes françaises, rempile avec un nouveau spectacle où il calme son jeu de provocateur: "Sandrine". Serait-ce la fin du lynchage de l’artiste ?

Il y a quelques années de cela, évoquer le nom de Dieudonné aurait indubitablement renvoyé au duo que cet humoriste avait monté avec son ancien acolyte Elie Semoun. On se rappelle avec joie de leurs sketchs cultes et de leur succès.

Mais de nos jours, le nom de cet artiste aurait plutôt tendance à évoquer autre chose: ambiguité, provocation, antisémitisme, racisme, et bien d’autres termes aussi peu flatteurs.

Si l’on s’intéresse de près à cette polémique autour de l’humoriste, on a tendance à croire que le point de départ fut le sketch que Dieudonné avait exécuté en 2003 sur le plateau de l’émission "On ne peut pas plaire à tout le monde", présenté par Marc-Olivier Fogiel. A l’époque, l’humoriste présentait le spectacle " Le divorce de Patrick ", lequel avait déjà suscité de virulentes réactions sans que cela fasse les gros titres, en grande partie à cause du sketch sur le 11 septembre où Dieudonné tacle sans y aller de main morte la religion musulmane, et plus largement la religion en général.

Il faudra attendre ce sketch polémique de 2003 pour que Dieudonné soit médiatiquement pointé du doigt comme étant raciste et antisémite, car il y interprète un extrêmiste sioniste. Les réactions des différents mouvement juifs et anti-racistes furent rapide, le CRIF, la LICRA, le betar, Sos Racisme, tous condamnent et appèlent au boycott de l’humoriste. Dieudonné aura beau s’excuser (sans réellement démordre sur ses opinions retranscrit dans le-dit sketch), il n’échappera pas à une longue série de plus de 20 procès, durant lesquels il sera relaxé à chaque fois. 

Poursuivant sa profession d’artiste, Dieudonné se lance dans une série de spectacles où il continue de s’attaquer aux religions, sans exclure la religion juive. Ainsi, "Mes Excuses", " 1905", " Dépôt de Bilan" et " J’ai fait le con " sont tous inscrits dans cette mouvance ultra-provocatrice. Sous couvert de la liberté d’expression et du second degré, Dieudonné ose tout faire et tout dire.

Il ira jusqu’à invité le négationniste Robert Faurisson sur scène en 2008 pour lui remettre "le prix de l’infréquentabilité et de l’insolence", aidé de son technicien son, vêtu d’un pyjama de déporté juif comme pour chaque représentation du spectacle "J’ai fait le con".

En 2009, Dieudonné s’inscrit à la tête d’une liste "antisioniste" aux élections européenes.

Dans la même année, l’artiste présente la première de son nouveau spectacle: "Sandrine". Que les fans se rassurent, si les thèmes changent radicalement par rapport aux précédents spectacles, le style de l’artiste reste intact. Humour noir, cynisme, second degré, Dieudonné passe au vitriole la relation homme/femme.

Le spectacle débute sur un monologue de l’humoriste où il exprime son envie de changer de registre, certainement lassé d’être sans cesse pointé du doigt et interdit de salle. Au début, on peine réellement à le croire, connaissant l’artiste provocateur qu’il est, et au vu de l’ouverture du spectacle très peu politiquement correcte. Sans oublier cette réplique très limite : " […] territoire israëlien ou français, tu mets l’un ou l’autre c’est pareil ".

Et pourtant, à mesure que le spectacle avance, on remarque l’absence des thèmes auxquels il nous avait habitué. Plus question de religion, de couleur de peau ni de complot sioniste durant des minutes entières, ne subsistent de ces thèmes que quelques répliques perdues au long du spectacle. Certes, il n’hésite pas à tacler ses détraqueurs ou ses confrères qui le dénigrent, mais il se cantonne au registre "familiale": la relation entre un homme beauf et sa femme (qui n’est pas sans rappeler le "Divorce de Patrick"), les conseils d’un père envers son fils, etc.  

Après une heure et demi de spectacle, on en vient à regretter que Dieudonné ai choisi de terminer son show par le même texte que le spectacle précédent, tant le renouveau de l’artiste semblait salvateur pour lui.