Comme une envie de mettre des claques à l’avocat de Salah Abdeslam, lorsqu’il se plaint de « l’atteinte grave à la vie privée » de son client. Les victimes du Bataclan doivent se retourner dans leur tombe et les familles pleurer de rage devant tant de cynisme.
À l’isolement depuis le 17 juin dans sa cellule de Fleury-Mérogis, le pauvre Abdeslam est surveillé en permanence par une demi-douzaine de caméras 360 degrés à infrarouge. Lorsqu’il passe aux toilettes son intimité est préservée de l’oeil inquisiteur de la sécurité.
Mais pourquoi diable autant de protection ; pour lui sauver la vie, diantre ! Car le terroriste pourrait avoir des remords et se suicider. Encore faudrait-il qu’il connaisse la signification du mot remord.
D’après Maître Frank Berton le traitement inhumain et dégradant qui est infligé à Salah Abdeslam le rendrait fou, ne l’était-il pas déjà avant de passer à l’acte. Ces conditions de vie carcérales pourraient donc le pousser au suicide. Evidemment, si à la demande de l’avocat du Barreau de Lille la vidéo-surveillance cessait et que son client était retrouvé pendu dans sa salle de sport, Berton serait le premier à dénoncer le manque de surveillance de son protégé.
Voilà maintenant que le « petit con » de Molenbeek, d’après son ex avocat Sven Mary, refuse de parler au juge avant de retrouver sa vie privée. Comme on le dit vulgairement, il est peu vraisemblable que Salah Abdeslam « crache le morceau » et fasse un jour des révélations fracassantes.
Toutefois, il est vrai que l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme admet l’ingérence dans la vie d’un détenu qui si c’est « prévue par la loi » et « nécessaire à la sécurité nationale » ou « à la sûreté publique ». Or cette mesure d’exception n’est pas dans la loi, mais appliquée grâce à un arrêté ministériel.
Selon Le Point, « Mercredi, Jean-Jacques Urvoas s’est dit prêt à présenter une loi pour donner « un fondement juridique suffisant » à la vidéo-surveillance en prison si les juges versaillais devaient ordonner la levée du dispositif ».
Maintenant faut-il en vouloir au célèbre et redoutable Frank Berton, qui après tout ne fait que son job. Combien de prisonniers moins bien traités que Salah Abdeslam aimeraient avoir un avocat aussi connu pour assurer sa défense.
Il faut dire également que la France est souvent condamnée par la CEDH par rapport aux conditions carcérales. Le plus souvent pour violation de l’article 6, avec 539 infractions. On notera également 54 violations du droit à la sûreté et à la liberté et vingt-deux violations de l’interdiction des traitements inhumains ou dégradants. Mais elle n’est pas la seule et d’autres pays sont encore plus souvent condamnés.
Cependant, cette affaire dans l’affaire est surtout médiatique, car dans leurs commentaires les internautes ne sont pas tendres et beaucoup moins humanistes que la CEDH. En fait, la plupart d’entre-eux sont complètement indifférents aux lamentations d’Abdeslam et de son avocat.
Comment ne pas les comprendre.