Tous les matins, je me lève à l’aube pour faire des ménages. C’est fatigant comme boulot. J’ai usé mon corps et dépensé toute mon énergie dans ce travail mais je n’ai rien eu en retour. Mon mari me méprise car je ne ramène pas assez d’argent et mes enfants m’ignorent… C’est comme si je n’existais pas. Comme c’est étrange de se sentir seule alors que nous sommes sept à la maison. Malgré mes efforts, je reste cette femme insignifiante qui ne manquera à personne si, par malheur, elle disparaissait.

Alors, j’ai voulu augmenté mon salaire en prenant un deuxième boulot… mais celui-ci est moins conventionnel. J’ai commencé à me prostituer… Vous comprenez, il fallait que je ramène de l’argent à la maison. Je suis la seule qui puisse le faire. Mon mari est diminué depuis un accident de travail et depuis, il erre dans la maison comme une âme en peine. Il ne fait rien de ses journées, mis à part boire et crier sur tout le monde. Le quotidien n’est pas facile mais il faut s’accrocher et continuer à vivre malgré tout.

 

 

Je suis une femme forte et courageuse, du moins, j’essaie de le rester le plus longtemps possible. Grâce à mon deuxième boulot, les enfants ont pu s’acheter ce qu’ils désiraient et mon mari a retrouvé le sourire. Il ne m’a jamais demandé en quoi consistait ce nouveau job. Je pense qu’il s’en fichait un peu. Tant que je ramenais davantage d’argent, le reste n’avait pas d’importance. Soudain, je me suis sentie un peu plus importante dans l’existence de mes enfants. J’avais enfin droit à leurs sourires. Cela m’a réchauffé le coeur.

J’avais des rêves mais petit à petit, ils se sont tous envolés. Maintenant, il ne me reste plus beaucoup d’espoir en l’avenir. J’ai des cernes sous les yeux à force de travailler. Mon corps est fatigué et j’ai toujours peur de tomber sur une mauvaise rencontre. Je vis au jour le jour… Peu importe le lendemain, de toute façon, je suis épuisée. Je crois que j’ai attrapé une mauvaise grippe.

Ces derniers jours, je n’arrête pas de tousser. Mais, si je m’arrête de travailler, je vais redevenir cette femme insignifiante qui ne sert à rien…

Non, je dois continuer à travailler, quitte à y laisser ma peau. Je dois continuer à m’accrocher à la vie…