Timisoara, la capitale du Banat roumain, serait-elle, pour un an Capitale de la Culture ? Sa candidature fédère déjà de nombreux soutiens internationaux. Mais des villes plus connues en Europe sont aussi sur les rangs, et Novi Sad, ville de Serbie, pays candidat à l’entrée dans l’Union européenne, pourrait de ce fait recevoir un « coup de pouce »…


Depuis 1985, les villes d’Europe ont l’occasion, pendant une année, de mettre en valeur leur patrimoine culturel. Et aussi de se confronter à des échanges culturels en accueillant des artistes, des troupes de théâtre, venues de toute l’Europe. Ces villes lauréates visent à démontrer comment identité régionale et intégration internationale génèrent une combinaison gagnante, divertissante, réjouissante, et humainement autant que culturellement enrichissante.

Dans ce long cours tranquille, au Banat , région multiculturelle de longue date, Timisoara relève un défi aisé pour elle. Timișoara, au fil des siècles, est devenue une véritable virtuose dans l’art et la manière d’inviter l’autre à la connaître, l’apprécier, et lui donner en retour, à travers le monde entier, ses talents. Car connaitre Timișoara est se l’approprier. C’est son savoir-faire, peaufiné au gré des circonstances de son histoire très particulière, qu’elle veut, à travers cette candidature, démontrer.

 

Ville stratégique, aux confins d’empires souvent antagonistes (depuis la Rome antique à l’expansion ottomane et enfin l’opposition entre titisme yougoslave et stalinisme soviétique), elle se présente en tant que sujet d’expérience du « juste » et de l’harmonieux au juste moment : les Lumières la fréquentent, celles de l’éclairage urbain l’illuminent dès le XVIIIe siècle. Lorsqu’elle fait sa mue de l’ottomane à la pelisse autrichienne, tout est a refaire. Ce sera un phare européen précurseur. Plus tard, ce que le XIXe siècle apporte en innovations culturelles et industrielles, Timișoara les adoptera dans les premières ou en ouvrant la voie au tramway, à l’aviation, à l’aménagement urbain, mais aussi au théâtre, à l’opéra, voire au cinéma. Tarzan, le premier à l’écran, était natif de la Cité des Fleurs.

Ce sont des éléments que les autorités de la ville mettre en avant pour faire pencher la balance en faveur de Timisoara et obtenir ce très convoité label. Mais le chemin vers la réussite est assez long et suppose de franchir plusieurs étapes avant que le sept membres du jury  international prononcent, en 2012, le nom de la ville qui sera Capitale européenne de la culture.

Deux autres villes roumaines ont également avance leurs dossiers : Cluj , le joyau de Transylvanie, et Iasi , la fierté de la Moldavie. Ces trois belles et agréables autant qu’accueillantes villes qui songent a suivre les pas de Sibiu, Capitale européenne de la culture en 2007, avec Luxembourg.

Dans cette entreprise, Timisoara entend appuyer sa candidature sur sa tradition multiculturelle très active et inégalée par aucune autre ville roumaine, ou bien peu de villes européennes si on excepte Odessa ou de très grandes capitales (Paris, Londres, Rome, Madrid essentiellement : les Roumaines et les Roumains, notamment celles et ceux du Banat, s’y sont distingués). Sa tradition de ville pionnière sur des multiples plans, instaurée au XVIIIe et prolongée et amplifiée au XXIe, témoignent de son esprit d’ouverture, de sa curiosité ouverte sur le vaste monde, et de son énergie créatrice. D’autres piliers de renommée ? Non des moindres : une lauréate du prix Nobel de littérature, Herta Muller , une star de l’ancien Hollywood, l’athlétique Johnny Weissmuller (le fameux Tarzan), dont la maison existe toujours au sud de la ville.

En avril, la candidature de Timisoara a reçu l’appui de l’ancien directeur de la Wiener Staatsoper (Opéra et philarmonique de Vienne). Ce dernier, Ioan Holender est, lui aussi, un fils de Timisoara. Il s’est déclare ravi de faire la réclame et la promotion de sa ville d’origine.

Timisoara a déjà mobilisé ses forces : elle a envoyé sa candidature a la Commission européenne et à ses villes jumelles, dont deux francaises : Mulhouse et Rueil-Malmaison. Une série de rencontres avec tous les acteurs du milieu culturel de la ville est envisagée afin de peaufiner le meilleur programme se fondant sur les 11 objectifs prévus par les réglementations de l’Union européenne.
Suivra ensuite la proposition détaillée de la Commission européenne en 2011, qui sera débattue en 2012 et 2013.

En 2013, deux villes ont emporté la prestigieuse distinction. L’une est française : Marseille . La Phocéenne rejoint ainsi Paris (1989), Avignon (2000) et Lille (2004), précédentes lauréates « hexagonales ».