A Rouen, le pont mobile Gustave Flaubert peine à se lever depuis sa mise en service. Et pour cause, les armateurs craignent de voir leurs navires bloqués en cas de grève ou de panne. 

 

Rappelons-le, ce pont levant routier situé sur la Seine à Rouen (Seine-Maritime) dans la partie ouest de la ville, a été mis en service le 25 septembre 2008, après quatre années de travaux. D’une portée de 120 mètres et d’une hauteur totale de 86 mètres, celui-ci a coûté 155 millions d’euros et a été conçu pour faciliter la circulation dans une agglomération asphyxiée par l’automobile tout en permettant le passage des grands navires remontant la Seine jusqu’au coeur de la ville.

Près d’un an après sa mise en service, le plus grand pont mobile d’Europe ne s’est toujours pas levé pour laisser passer des paquebots vers la cité normande. Et pour cause, les compagnies de croisière craignent de voir leurs paquebots bloqués par une grève, une panne de mécanisme ou encore une manifestation sociale.

Didier Marquer, chez Sea Invest, partage cet avis en soulignant que les paquebots enchaînent avec précision leurs escales et ne souffrent pas du moindre retard. "Ils doivent se tenir à des horaires qui sont dignes de la SNCF de la grande époque", assure-t-il.

Jacques Thyebaut, directeur des croisières chez l’agent maritime Humann et Taconet, ajoute : "S’ils ratent la marée, ils doivent attendre la suivante, et cela démolit tout le programme de la croisière".

Les détracteurs du pont mobile, option plus coûteuse qu’un pont fixe ou un tunnel, soulignent que l’ouvrage se lèvera surtout pour laisser le passage aux grands voiliers de l’Armada, un événement qui se produit "seulement tous les cinq ans" (voir photo). En revanche, ses défenseurs voyent dans cet ouvrage élégant "un monument emblématique" au même titre que la célèbre cathédrale de la ville.