Trente ans après l’abolition de la peine de mort, Robert Badinter publie « Les épines et les roses » où il retrace sa formidable carrière et surtout son action en tant que ministre de la justice. Cinq ans où il a su marquer de son empreinte ce ministère si difficile.
Il fait partie de ces hommes qui n’inspirent qu’un mot : « respect ! »
Pour l’éternité, il est « monsieur Abolition » mais cet homme a œuvré toute sa vie pour la justice, la vraie, celle qui grandit l’homme. Cette bataille qu’il a livré pendant des années a fait de lui un homme très impopulaire car ne l’oublions pas, en 1981, les partisans de la peine de mort étaient majoritaires. C’est peut-être d’ailleurs encore le cas aujourd’hui.
Mais on lui doit aussi : la suppression des juridictions d´exception, la dépénalisation de l´homosexualité, le progrès des droits des victimes, l’ouverture aux citoyens de la Cour européenne des droits de l´homme, l’amélioration du régime des prisons, et bien d´autres mesures encore. Je crois qu’il peut être fier de son œuvre même s’il admet des échecs, en particulier ses efforts pour améliorer les conditions carcérales.
Un reportage intitulé « Robert Badinter, l’épris de justice » sera diffusé dans l’émission « Envoyé spécial » le jeudi 14 avril. On pourra voir qu’à 83 ans, il n’a rien perdu de son envie presque viscérale de justice. «En Bulgarie, avec l’Unicef, il va visiter des cachots pour adolescents pour protester contre les mauvais traitements, en Biélorussie, il tente de convaincre les autorités de renoncer aux exécutions capitales. » (Source France 2)
Inutile de vous dire qu’il est aux antipodes de la vision qu’a notre président de la République de la justice. Il se situe clairement du côté des magistrats contre le gouvernement actuel. Cet homme âgé qui fut Garde des Sceaux, Président du conseil constitutionnel puis sénateur, peut se permettre de donner des leçons. La justice doit être au service de l’homme, ce fut toujours son credo : « faire respecter la loi et de garantir les libertés individuelles ».
Robert Badinter va quitter le Sénat en septembre, mais il restera une autorité morale, un sage dont la parole sera écoutée par ceux qui ont encore foi en l’homme et en notre état de droit.
Vous pouvez lire un entretien sur France Soir