Allégorie de la richesse.  Vouet

 

Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde. 


      Tiré du Monde.fr :  Le patron du groupe Dassault et propriétaire duFigaro a qualifié l’ISF de "catastrophe économique qui a fait partir des milliers d’industriels et qui vont encore essayer de partir maintenant parce qu’ils ont peur des socialistes". "Ceux qui restent vont partir à cause de Hollande", a ajouté le sénateur, comme s’il prédisait la victoire du candidat socialiste à l’élection présidentielle du printemps. "Qui va faire la croissance, qui va faire les emplois, c’est pas les pauvres. Alors les riches c’est bien, faut les garder", a-t-il ajouté.    

 

 


D’abord certains seront ravis d’apprendre d’une voix patronale que NS a perdu, qu’il soit ou non candidat. Dont acte. Mais tel n’est pas le problème de ce texte.

              Que le sénateur ait encore dans l’arrière-gorge le goût l’annus horribilis de 1981 est bien logique. A cette époque, les communistes avaient le couteau entre les dents, et les chars soviétiques ronronnaient du moteur le long du rideau de fer. Cela donna lieu à des anecdotes comiques ou pitoyables. Trente ans ont passé. L’argument pourtant demeure.
  D’abord la Peur. Un industriel ne tient au sol français que si l’épouvantail socialiste n’apparaît pas dans son champ de vision. Les capitaines courageux d’industrie ont des notions de navigation limités, avec une boussole fixe et une petite lorgnette.
  F H est donc un Nemrod redoutable. Pourtant un bon chasseur ne se préoccupe-t-il pas de la ressource ? Il l’élève, la surveille, la mesure avec attention. Il est des viandards, mais F H en fait-il partie ?
   On en vient alors au nœud du problème, vu d’en haut comme vu d’en bas. Qui va faire de la croissance ? Réponse rapide, les riches, ces « esclaves fiscaux », comme ose les appeler sans rire M Salin, professeur.
  Mais qui sont les riches ? Définitivement, tous ceux qui ont plus d’argent que moi. Boutade qui place le curseur aussi précisément que les autres formules de gradation.
  Je trouve formidable la réussite de Gates, Buffett comme celle du jeune milliardaire de Facebook. Nul n’a le droit de leur reprendre, hors les impôts ad hoc, leur fortune, leur bonne fortune. Et cela doit s’arrêter là. D’ailleurs, Gates et Buffett ont tout compris. Les 50 milliards amassés retournent d’où ils viennent, les enfants auront 5 millions sur leur livret pour faire comme leurs parents, s’ils savent suivre leur trace.
    Mais assimiler les riches à l’industriel est une vision très étroite de la richesse qui rend exclusivement service à ceux qui veulent le faire croire.
  Quelle ressemblance existe-t-il entre Gates et Mme Bettencourt ? Au nom de quelle découverte, réussite, effort, travail, apport sociétal mérite-t-elle une fortune qui cause autant de soucis et de jalousies ? 
La richesse-fortune (Gates) est une part de la notion de richesse. Et se dissimuler derrière en globalisant est malhonnête. Toutefois l’usufruit éternel et exclusif d’une source de richesse doit suivre des règles. De morale comme d’économie.
  M. Dassault ne peut balayer d’un revers de main ce qui a construit sa richesse. En vrac, l’école, les infrastructures, le travail d’autrui à son service, l’Etat commanditaire. M Dassault a géré les emplois dont il avait besoin pour prospérer. Il ne CREE pas d’emploi. Chaque employé a le droit de revendiquer, abstraitement, un epsilon de sa fortune.
   Alors les riches, il faut les garder ; selon Salin, il faut même les chouchouter. Rien de plus simple. Votons la loi américaine qui prévoit de vous taxer en tous lieux. Rester partir est du pareil au même. Le chantage disparaît d’un coup. 
 Cet été, en plein marasme grec, est passé l’interview d’un riche employeur qui avec un œil courroucé assénait une logique indépassable: « Vous ne voudriez tout de même pas que je paye des impôts, alors que l’on devrait me remercier parce que je donne du travail à des milliers de personnes qui sans moi n’auraient rien ». Nom de Zeus !
   Il existe bien d’autres riches dont la fortune n’a jamais eu de rapports avec l’industrie, le travail et l’emploi. Tous ceux-là s’abritent courageusement derrière la version « patronale » pour maintenir leurs privilèges. N’en soyons pas dupes !