Jamais l’Afrique du nord et le monde arabe en général n’ont fait les shows gras de l’actualité mondiale comme ces derniers mois. La Tunisie, l’Egypte, le Bahreïn, le Yémen, la Lybie… ont connu des événements historiques qu’il conviendrait d’appeler sans aucun risque la «  révolution du monde arabe ». Un soulèvement populaire qui fait suite aux multiples oppressions qu’ont longtemps endurées les populations  de cette partie du monde. Si les peuples Egyptien et Tunisien ont eu la chance et surtout le courage d’aller jusqu’au bout de leur action en débusquant les régimes en place, tel n’a pas été le cas pour les autres. Aussi, dans l’Afrique du nord, après l’écroulement de Ben Ali et Moubarak, le prochain candidat sérieux à la chute n’était aux yeux des observateurs avertis que le guide libyen qui régente son pays depuis plus de quarante deux ans aujourd’hui. Mais, malgré les méthodes fortes utilisées par les libyens, Mouammar Kadhafi  s’est accroché au pouvoir et s’y accroche toujours. Même les bombardements de la coalition menés depuis quelques jours n’ont pas suffit pour faire fléchir le roi des rois traditionnels d’Afrique. Ainsi, est –on invité à se demander si réellement la Libye, la Tunisie et l’Egypte, bien que pays voisins n’auraient pas chacun,  ses spécificités ? Ou encore, quelles sont les raisons de l’échec de la révolution en Libye ?

 

 

Au lendemain du renversement par la rue de Ben Ali de la  Tunisie et Hosni Moubarak de l’Egypte, plusieurs spécialistes du Maghreb ont vite vu le violent vent de la révolution du jasmin soufflé sur le régime de Mouammar Kadhafi. Et comme pour confirmé leurs analyses, juste quelques jours après, la ville de Bengazi était le théâtre d’une violente manifestation hostile au guide de la révolution Libyenne au pouvoir depuis bientôt d’un demi – siècle. Jaloux de son pouvoir absolu, Kadhafi et ses enfants n’ont  pas lésiné sur les moyens pour vite étouffer la manifestation de ceux là  qu’il a qualifié de rats à la solde d’Al-Qaïda. C’est ainsi qu’il a de façon très féroce réprimé une manifestation qui était jusque là pacifique ; toute chose qui a poussé les manifestants à prendre eux – aussi les armes contre les troupes fidèles au guide. Déterminés, bien que non expérimentés, mal armés mais plus nombreux, les insurgés ont en quelques jours seulement pris le contrôle de Bengazi et plusieurs autres grandes villes du pays. Restait maintenant pour eux à prendre Tripoli la capitale. Face à leur avancé spectaculaire,  le colonel Kadhafi passe à la vitesse supérieure pour tenter de sauver ce qui pouvait encore l’être. Face à la cruauté avec laquelle il évoluait, le conseil de sécurité de l’organisation des nations unies à la demande de la France et des Etats – unis, vote  la résolution 1973 qui autorisait un certain nombre de pays à intervenir en Libye, pour officiellement créer une zone d’exclusion aérienne en vue d’assurer une protection aux populations « civiles ».

Cependant, avec l’évolution qu’ont prise les événements en Libye, il devient très difficile de faire un parallèle entre ce qui s’est passé en Tunisie et l’Egypte et ce que vit aujourd’hui la Libye ; en ce sens que les procédés sont totalement différents, et, même le traitement par la communauté internationale est totalement différent lui aussi.

Le péché mignon des libyens : le recours aux armes

Que ce soit en Tunisie qu’en Egypte, on assisté a une manifestation pacifique, sans violence, ni destruction. Aussi, c’est avec beaucoup de retenu que les forces de l’ordre ont vécu ces événements. Toujours dans ces deux pays, on avait la chance d’avoir de véritables  groupes de pression que sont les partis politiques et les syndicats  qui ont joué un rôle déterminant dans la mobilisation des foules. Mais en Lybie, en l’absence d’une classe politique ou d’une société civile organisée, la manifestation s’est anarchisée, et a vite pris les allures d’une lutte armée entre une bande de délinquants et les autorités. Egalement, le pouvoir de Kadhafi, pris de panique, a fait un usage disproportionné de la force, toute chose qui a confirmé toute la brutalité qui était longtemps reprochée au régime de Kadhafi. Le recours aux armes aurait été l’erreur monumentale qu’ont commise les insurgés libyens. Et c’est de là que pourrait naître la décrédibilisassion et même l’échec de la révolution libyenne.

Rôle trouble de la communauté internationale

L’on se souvient encore qu’en Egypte ou en Tunisie, les manifestants n’ont jamais voulu accepter que la communauté internationale leur arrache leur révolution. Mais, les insurgés libyen, ont, peut – être en quête de légitimité, accordé trop de chance à une éventuelle aide que pouvait leur accorder la communauté dite internationale. C’est ainsi qu’on a vu la France comme à son habitude, précipitamment, reconnaître le pseudo gouvernement monté par les insurgés à Bengazi. Aussi, plutôt que de tenter de réconcilier le peuple libyen, les Etats  -unis, la grande Bretagne, le Canada… et surtout le conseil de sécurité de l’ONU ont céder aux manipulations de Nicolas Sarkozy en votant une résolution 1973 qui aujourd’hui divise la communauté internationale, et semble – t – il avec raison. Car, il est connu de tous, même des insurgés de Bengazi, que Mouammar Kadhafi reste quoi que l’on pense  le seul chef d’état en Libye ; ainsi, en cas de problème entre ce dernier et son peuple, apporter un quelconque soutien à un camp, ne serait ni plus, ni moins, qu’une forme d’ingérence.

Il est certes vrai que le peuple libyen vit depuis longtemps dans une misère relative. Cependant, le seul et efficace moyen pour eux pour se faire entendre ne peut qu’être une marche pacifique sans violence comme dans tous les autres pays arabes. Du moment où on prend une arme contre un pouvoir « légitime », on devient une force rebelle avec tous ses corolaires. Aussi, devant une situation de conflit dans un pays souverain, le rôle de la communauté internationale n’est pas d’aller décréter qui est légitime qui ne l’est pas ! Son rôle serait plutôt de tout mettre en œuvre pour tenter de mettre d’accord les différentes parties en conflit. La position de l’union africaine devant cette crise libyenne en illustre à suffisance.  Quant à l’attitude excitée de monsieur Sarkozy, les français devraient prendre leur destin en main, en demandant à leur chef d’Etat de cesser de ternir l’image de leur illustre pays. Car après la côte d’ivoire, la France vient une fois de plus de manquer une occasion de se taire…