L’année 2010 est définie comme une année cruciale pour la réforme des retraites. Réunions, sommet social, commentaires divergents, chacun apporte sa pierre à un édifice déjà très fragilisé.

 

Comment se sortir de cette situation inextricable et sauver le système de répartition de la sécurité sociale dans la mesure où chacun essaie de défendre ses propres intérêts et de revendiquer les acquis sociaux du temps passé ?  

 

La réalité : Ce sont les chiffres alarmants diffusés par les organismes compétents. Actuellement il y a environ 14 millions de retraités, tous secteurs confondus ; en 2050 ce chiffre aura plus que doublé, puisque les statistiques en prévoient 29 millions.

 

Cela s’explique par l’allongement de l’espérance de vie qui augmente d’environ un trimestre chaque année, une baisse de la fécondité, un taux de chômage qui reste relativement élevé.Le déficit de la branche vieillesse de la sécurité sociale sera aux alentours de 10 milliards pour 2010 et il risque d’atteindre 100 milliards en 2050. L’évolution démographique menace foncièrement l’équilibre financier du système par répartition, puisqu’en 2050 le rapport cotisant/retraite devrait atteindre 1,2 contre environ 1,8 à l’heure actuelle.  

 

 

 

 

 Le rêve : C’est  l’espoir très incertain d’une retraite pour les nouvelles générations d’actifs. Combien de fois pendant notre vie professionnelle nous nous projetons à l’âge de la retraite, avec l’idée de liberté, de voyages, et l’absence de toutes contraintes ? Ce rêve est encore accessible à l’heure actuelle mais pour combien de temps et à quelles conditions ?Comment motiver les jeunes générations à se former et à  se construire un avenir professionnel quand on sait qu’ils ont déjà du mal à trouver un emploi dans le contexte économique actuel et qu’ils ne pourront peut-être pas aspirer à une retraite avant un âge très avancé et en plus avec quelles garanties ? C’est une véritable épée de Damoclès qui leur pèse sur la tête, tant leur devenir professionnel de plus en plus précaire  leur  propose  un avenir incertain. La retraite semble pour eux une utopie, dans la  mesure où on leur dit qu’ils devront travailler toujours plus longtemps.   

 

Les pistes possibles pour s’en sortir.   Les commentaires sur le sujet et les propositions avancées très divergentes.Pour les pouvoirs publics la piste privilégiée est de repousser l’âge légal de la retraite, avec le relèvement d’un trimestre par génération, par exemple 60 ans pour la génération 1948 et 61 ans pour celle de 1952. Ce choix permettrait au dire des organismes concernés d’obtenir un gain de plus de 6 milliards à l’horizon 2020. Cette solution risque de pénaliser ceux qui font de longues études et rentrent tardivement dans la vie active. La représentante du patronat opte pour un report de l’âge légal de départ à la retraite, qui doit être compléter par un système de retraite par capitalisation avec la création d’un compte épargne retraite individuelle.  

 

Certains partis politiques et une grande majorité des syndicats veulent à tout prix défendre la retraite à 60 ans.Il est vrai que de nombreux pays européens ont décidé de rallonger progressivement l’âge légal de la retraite pour sauver leurs systèmes de retraite. L’Espagne, la Norvège, le Danemark  passent à 67 ans. La Suède, le Portugal ont fixé cet âge de départ à la retraite à 65 ans. L’Allemagne va à partir de 2012 relever progressivement l’âge légal pour atteindre 67 ans en 2029.  

 

L’allongement de la durée de cotisation semble pour certains être la seule piste valable. Ce processus a déjà été mis en place par François Fillon en 2003. Pour bénéficier d’une retraite à taux plein un salarié comme un fonctionnaire doit avoir cotisé au moins 40,5 ans.  En 2012, ce chiffre sera porté à 41 ans, puis relevé d’un trimestre par an. Mais il faudra surement aller plus loin dans l’allongement de cette durée de cotisations pour que cela ait un effet significatif sur les comptes de l’assurance vieillesse.  

 

Enfin, une probable hausse des cotisations retraites pour assurer le financement du système n’est pas actuellement à l’ordre du jour compte tenu de la situation économique.

 

Pourquoi ne pas envisager une taxe  sur les bénéfices parfois exorbitants de certaines multinationales, car si au dire de certains la crise a largement fragilisé les petites et les moyennes entreprises, il n’en est peut-être pas de même des grands groupes industriels. 

Une chose est sûre, Nicolas Sarkozy veut que la discussion sur la réforme des retraites commencent début avril et qu’elles se prolongent tout le temps nécessaire pour permettre un dialogue et une large concertation entre tous les partenaires.

 

Un large consensus s’impose sur le sujet et reste préférable à une loi voée trop rapidement qui risquerait de révolutionner un climat social déjà très instable. Restons vigilants sur la suite des évènements !