qu’est-ce que c’est ?
Le lundi 12 avril est l’ouverture du grand débat sur les retraites sujet oh ! Combien important. J’ai déjà écrit sur les retraites, mais je crois que cet article n’est pas de trop, et avec tout ce que l’on lit et entend j’apporte ma réflexion en toute modestie en pensant que beaucoup y ont déjà réfléchit sans que cet article leur apporte une autre vision.
Quels sont les éléments de l’équation des retraites. Le premier c’est l’âge mais aussi l’emploi, comme il manque, la solution consiste à augmenter l’âge de départ en retraites tout en virant les salariés avant, solution qui préserve les entreprises et qui conduit à des retraites encore plus amputées des années de cotisation payées sur une base salariale. La ficelle est grosse deux à trois années de plus, et sans garantie de maintien d’emplois.
On rend ainsi les futurs retraités plus pauvres, on ne surcharge pas les entreprises pouvant toujours virer leurs salariés au chômage, on soulage la Caisse Nationale des Vieux Travailleurs Salariés puisqu’elle paie moins. La manipulation est subtile, il fallait y penser.
C’est un sublime marché de dupes qui repose sur le fait que les entreprises peuvent licencier avant l’âge de la retraite.
Par contre le chômage augmente, ceux qui restent en poste, les non virés, ne libèrent pas leur emploi et les virés au chômage augmentent son déficit, on réduira ainsi ses allocations. Les non virés n’auront que peu d’années en plus entre l’âge de 60 ans et le nouvel âge, ils seront rapidement en retraite avec une durée d’allocations augmentée pour certains, mais pas forcément une allocation améliorée puisque basée sur les 25 meilleures années qui ne sont pas celles des dernières années d’activité. Conséquences, plus de chômeurs, allocations chômage réduites quand à celle des retraites une possibilité qu’elles soient cotisées sur une base salariale supérieure à l’allocation chômage pour les non virés.
L’autre solution serait l’augmentation du taux de cotisation qui réduit le salaire des salariés dont nombreux ont de grandes difficultés pour vivre. La troisième est l’augmentation de la durée de cotisation qui a une conséquence plus néfaste que celle de l’augmentation de l’âge, donc une retraite très amputée si l’on n’atteint pas la totalité des années de cotisation pour une retraite à taux plein avec un âge de départ inchangé. Et la dernière solution serait un panachage des trois.
La solution miracle n’existe pas.
L’avenir des retraites est donc lié à la croissance génératrice d’emplois. Or nous avons actuellement pour le régime de la CNAVTS un rapport de 1,434 entre les actifs et les retraités, et 1,612 pour le régime complémentaire ARRCO, 1, 549 pour la complémentaire des cadres AGIRC, voir l’article Martine Aubry face à la réalité des retraites. Ces rapports montrent que le régime par répartition vieillit au cours des années en fonction de nombre de retraités de plus en plus croissant et du nombre d’actifs de plus en plus décroissant. L’espérance de vie ne cesse de progresser, en 2009 elle était de 84,5 années pour les femmes et de 77,8 années pour les hommes. Au delà de 60 ans elle est de 27 ans pour les femmes et de 22,2 ans pour les hommes, c’est dire les durées de versement des allocations retraites qui sont plus de la moitié de celles d’activité. Cela signifie que sans une croissance retrouvée et continue que ces rapports tendent vers 1 pour un nombre de retraités égal au nombre d’actifs conduisant à la fin du régime par répartition. Les marges de manœuvres sont donc limitées et elles n’apparaissent pas pérennes pour garantir une retraite assurée à tous.
Il faut donc voir plus large et faire de l’égalité de traitement entre les Français son objectif. Les régimes spéciaux constituent un clivage entre eux, il n’a plus lieu d’exister dans cette évolution de notre société. Par exemple les fonctionnaires Agents de l’État, reçoivent une retraite basée sur les 6 derniers mois de salaire avec un niveau de 70 % du dernier salaire mais qui ne tient pas compte des primes importantes dans certaines administrations, ce qui fausse tout. Il suffit donc d’augmenter le salaire de ceux qui prennent leur retraite la dernière année pour qu’ils partent avec une retraite plus confortable que celle qu’ils auraient dû avoir, c’est d’ailleurs ce qui se fait, mais il ne faut pas le dire ! Les salariés du privé ont leur retraite basée sur les 25 meilleures années qui ne sont pas les dernières meilleures des 40 années de cotisation actuellement.
On voit de suite sans être mathématicien que la différence est énorme d’autant plus que pendant ces 40 années de cotisation ces salariés du privé ne sont pas certains de les payer sur la base d’un salaire convenable, par suite de la précarité qui s’installe, il n’y a presque plus de contrat en CDI, et que des périodes de chômage sont probables, ainsi que le spectre SDF qui hante leur vie.
Cette situation est intolérable.
Le temps ou l’on pouvait espérer un emploi stable est révolu. Les Agents de l’État ne sont pas dans les mêmes conditions sociales et de plus ils sont payés au moins, sinon plus, que les salariés de l’échelle la plus basse du privé. La responsabilité d’un gouvernement est donc en premier lieu celle de supprimer cette injustice qui les divise. Une réforme des retraites responsable ne peut se faire que dans le respect du juste, tolérer que certains vivent dans la tranquillité avec une retraite en fin de carrière qui permet de vivre alors que d’autres vivent dans le stress d’une perte d’emploi et qui n’auront probablement qu’une retraite misérable.
C’est la première condition de l’équation.
Que devraient être les autres conditions de cette réforme qui n’en fini pas. Il est vrai qu’un consensus paraît impossible tant les différents statuts sont incompatibles les uns aux autres, mais il va falloir surmonter nos divergences, nous vivons plus âgés et nous ne pouvons sans un financement évolutif répondre aux nouvelles conditions de vie de nos séniors. Les différents régimes de retraite en 2007 en % du total.
Source Alternatives économiques
Il faut prendre en compte en premier, me semble-t-il, les catégories sociales les plus vulnérables en leur évitant de grever leurs revenus avec lesquels elles ont des difficultés pour vivre. En d’autres termes, leur éviter d’augmenter leur cotisation retraite, ce serait un geste de solidarité. Les autres paramètres sont la pénibilité du travail et la durée de cotisation. La pénibilité du travail doit être appréciée sur l’espérance de vie de ces personnes, beaucoup à 60 ans sont dans un état de fatigue tel que les faire travailler plus âgés serait porter atteinte à leur potentiel de vie. La durée de cotisation, l’autre paramètre doit être analysé en fonction de l’âge de départ et de l’entrée dans la vie active. Quand on commence à travailler à l’âge de 18 ans avec 40 années de cotisation on arrive à 58 ans, il faudrait maintenir pour ces salariés la retraite à 60 ans pour ne pas qu’ils aient trop d’années de cotisation eu égard aux autres, ce ne serait que justice.
Le problème des séniors que l’on jette à la charge de tous les Français à entre 55 et 58 ans est à interdire, ce qui changerait la donne comme nous venons de le voir au début de l’article. Ils doivent pouvoir terminer, avec éventuellement un salaire réduit, leurs années de cotisation jusqu’à l’âge de mise en retraite. Pour ceux qui auraient terminé leurs années de cotisation avant cet âge, ils devraient être mis en retraite automatiquement. L’ensemble de ces conditions seraient les éléments de base de révision des retraites pour leur ajustement aux conditions de la durée de vie des Français.
A partir de cette base, l’augmentation de l’âge de la retraite à plus de 60 ans pour les autres salariés est envisageable ainsi que la durée de cotisation à plus de 40 années avec une augmentation du taux de cette cotisation proportionnel au niveau de revenu du salarié.
Ces considérations font que la retraite deviendrait adaptée à ces cas majeurs, on ne peut dans notre situation faire une réforme qui soit la même pour tous, tous n’ont plus les mêmes conditions d’activité il faut donc un esprit responsable, c’est l’évidence.
En d’autres termes c’est la retraite fonctionnelle.
Quels seront les exigences des syndicats et quels seront les conditions gouvernementales, et quelles seront les positions politiques ? Il faudrait du réalisme et de la solidarité parce que de toutes façons si notre pays continue dans cette rupture sociale, nous nous trouverons avec des misérables à tous les coins de rue et des seigneurs rutilant d’aisance donnant en passant devant eux une pièce de un euro et déclarant, ils n’avaient qu’à travailler !
Le 09/04/10 Les Échos.fr dans son article sur les retraites annonce que l’Élysée évoque «un prélèvement spécifique sur une catégorie de la population», c’est déjà une avancée dans la mesure oú elle s’applique aux plus riches. Un relèvement de l’âge légal du départ serait le moyen le plus efficace pour changer les comportements des assurés à court terme, démontrent les statistiques de l’assurance-vieillesse.
La CNAVTS présente un argument financier qui montre que le relèvement de l’âge légal serait la meilleure piste puisque les salariés qui ont liquidé leur retraite à 60 ans ou plus tôt représentaient près du 2/3 du total l’an dernier. La majorité d’entre eux auraient cotisé nettement plus que les 40 annuités et un trimestre requis, voir le graphique ci dessous, mais ces personnes ont dû travailler jusqu’à l’âge légal pour liquider leurs droits. 58,4 % d’entre eux avaient même 8 trimestres «de trop».
Or, si à 60 ans, ces salariés ont déjà plus de 40 annuités de cotisation cela signifie qu’ils ont commencé à travailler dès 20 ans et pour 58,4 % même avant puisqu’ils ont presque 41 années de cotisation. Cela rejoint l’argumentaire présenté dans cet article pour ceux qui ont commencés leur activité salariée à 18 ans, dont on se doit de préserver pour eux un départ à 60 ans.
Seulement, ceux là, n’ont pas travaillé dans les conditions actuelles d’emploi, de sorte que ce raisonnement ne tient pas pour ceux qui partiront dans plusieurs années puisqu’ils ne trouvent pas d’emploi avant plusieurs mois, voire années.
Cette réforme des retraites doit être progressive avec un maintien de l’emploi des séniors condition essentielle d’une solution équitable par une prise de conscience nationale au niveau des entreprises pour qu’elles maintiennent leur emploi voire à en embaucher en modifiant leur politique de gestion des personnels. Une participation de l’État au maintien des séniors dans les entreprises serait moins couteuse qu’une mise au chômage tout en leur assurant plus d’années d’allocations cotisées sur une base plus élevée.
[b]Encore faudrait-il faire respecter les lois en vigueur, qui interdisent formellement tout licenciement de séniors… Il faudrait que certaines entreprises ne poussent pas certains à la retraite ![/b]
[b]Mais, je me demande, l’espérance de vie aidant, si, logiquement, il ne faudra pas travailler plus qu’auparavant ?
[i]Par ailleurs, sachant que bon nombre de personnes privées d’emploi se retrouvent dans la spirale du RSA et de la CMU, de quelles manières, les caisses de retraite vont être financées, sachant qu’il y a moins de cotisants ?[/i][/b]
Un bien bel article Anido et de bonnes solutions.
Tout comme le dit également Dominique, préserver l’emploi des seniors me parait indispensable pour le bon fonctionnement des retraites.
On pourrait contraindre les entreprises à garder les employés dès leur 50ème anniversaire, mais ils serait fichu de les licencier avant.
Alors que peut-on faire?
En plus des solutions « fonctionnelles »que vous apportez, je préconise une solution « économique », et je vais me répéter, soit un prélèvement sur les produits d’importation représentant les versements sociaux qu’ils auraient eu à subir pour la détermination de leur prix, s’ils avaient été fabriqués en France.
Ce ne serait que justice car ces produits sont une forme de concurrence déloyale vis à vis des produits fabriqués chez nous ou en Europe occidentale.
On pourrait même imaginer une péréquation de ces prélèvements selon qu’il s’agisse de produits de luxe ou non.
Ce système aurait le mérite d’être plus juste qu’une TVA et servirait également la sécu.
Amitiés
Ludo
[b]Dominique[/b] bonsoir,
Encore si c’était seulement à la retraite, mais c’est au chômage Dominique.
Bien à toi
Anido
[b]Dominique[/b] bonsoir,
Bien entendu qu’il faut travailler plus longtemps, mais le problème est d’une part, qu’il n’y a pas assez de travail, et d’autre part garder les séniors ne résout pas le chômage des jeunes.
On n’a pas de solution autre que celle de la croissance pour l’emploi.
Bien à toi,
Anido
[b]Ludo [/b]bonsoir,
Une taxe sur les importations pourquoi pas sur certains produits hors consommation courante, mais nous aurions contre nous la Commission Européenne, nous ne pouvons pas taxer les produits d’impotation.
En outre ce serait contre productif, nos produits serait taxés par les autres pays, et comme nous avons une balance commerciale fortement déficitaire nous serions plus pénalisés que les autres.
Bien à vous,
Anido
C’est communément admis qu’il faudra travailler plus longtemps, c’est du politiquement correct ça. C’est ça aussi la pensée unique.
[b]vieilleforge[/b] bonjour,
Ce n’est pas aussi simple que cela en a l’air !
Bien à vous,
Anido
Bonsoir Anido,
Mme Parizot n’est pas à une divagation près.
Aujourd’hui elle a à nouveau fait remarquer sur les ondes qu’étant donné que l’espérance de vie augmentait et continuerait à se poursuivre ainsi, qu’il était normal de prolonger l’âge de départ à la retraite.
Un peu simpliste comme raisonnement.
Mais on sait que c’est de que le patronat souhaite.
Il manque à cette remarque hautement réfléchie ou voulue en tant que telle, un point qui a toute son importance.
Car si l’espérance de vie augmente, ce n’est pas vrai dans toutes les catégories socio-professionnelles, et quand bien même, c’est oublier que cette espérance de vie n’est pas synonyme de rajeunissement. Il s’agit de personnes déjà âgées que je sache et qui pour certaines voire une bonne partie, ont le corps bien usé par le dur labeur de toute une vie.
Amitiés
Ludo
Ludo bonjour,
Laurence Parizot est juge et partie elle veut augmenter l’âge de départ en retraite et virer les séniors avant, c’est tout bon pour elle et les patrons !
Seulement, nous allons vers un blocage, les syndicats n’accepteront rien sans qu’une solution au problème des séniors soit obtenue, ce que bien sûr j’approuve pleinement.
Bien à vous,
Anido
Histoire de sourire avant de pleurer
[img]http://lh3.ggpht.com/_w88RRpa3IBU/S8RiqhUoLjI/AAAAAAAAAxY/biCnoa8iCF0/10-04-13-woerth.jpg[/img]
[b]Ludo[/b] bonjour,
C’est très bon Ludo.
Bien à vous,
Anido