Comme un ordinateur, je m’étais « mise en veille », en sourdine, par respect pour les victimes du Japon et de la Libye, attentive aux déroulements de combats, cependant différents, qui se livrent à différents endroits de la planète.
Malgré ces tristes évènements, je garde ma confiance envers la rigueur des Japonais ainsi qu’en la « bonne volonté » tardive d’une décision de l’ONU sur le problème de la Libye qui aurait fait près de 500 000 réfugiés aux frontières de la Tunisie et de l’Egypte.
Avec l’espoir que le rôle de la coalition sera bref dans le ciel libyen, aucun des partenaires ne prévoyant une aide à longue échéance, avec une crise passée par là, les moyens économiques sont plus restreints qu’avant… Ce que tout le monde oublie…
Quand la haine envers Sarkozy altère les jugements
A lire les commentaires et les articles sur internet, les quatre années passées sous la présidence de Nicolas Sarkozy ont laissé des séquelles chez certains Français, preuve si il en était besoin que nos compatriotes sont traumatisés.
Personne n’oubliera les « maltraitances » dont ils ont été l’objet ainsi que la politique surréaliste, émaillée d’« affaires », de mensonges, d’entorses à la démocratie, passant outre les propositions faites par l’opposition.
D’aucuns se souviendront toujours que les manifestations sont systématiquement étouffées par un habile procédé de pourrissement de situations, un savoir-faire français savamment exporté…
La démocratie française n’en porte plus que le nom avec une hyperprésidence qui comporte tous les travers des monarchies. Ce constat amer nous rappelle qu’il est urgent de passer à une autre constitution qui reflèterait toutes les composantes de la société et qui instaurerait un climat plus apaisé dans notre pays.
Les critiques viennent d’internautes français s’étant « dégonflés » pour un No Sarkozy Day, mouvement initié sur la toile qui aurait pu nous faire changer de président à la mi-mandat, ceux-là mêmes qui poussaient des cris d’orfraie devant l’incroyable déni de démocratie de la part des frondeurs…
La France n’arrive pas à « décoller » malgré l’amorce de la fin de la crise ; une amorce, cependant, tout à fait discutable… Les choix politiques et économiques de l’hyperprésident ont été désastreux malgré des revirements tardifs et pas forcément adaptés mais le sujet n’étant pas celui-là, pour l’instant.
Ma préoccupation est la Libye et mon empathie va envers son peuple depuis le début des soulèvements. Kadhafi, le dirigeant « illuminé » et « allumé », avec l’aide de ses fils qu’il a formés à la propagande et à ses méthodes radicales, n’hésite pas à massacrer son peuple et nous, Français installés dans notre confort, devrions fermer les yeux sur les tueries sont prétexte que nous serions antisarkozystes.
Etre antisorkozyste veut-il dire que nous éprouvions de la haine envers lui ? Non, mille fois non.
Etre antisarkozyste veut-il dire que la haine de certains l’emporterait sur la priorité qui est de sauver des vies ? Certaines réactions sur Twitter illustrent bien cette interrogation, hélas.
La haine altère les jugements, elle gangrène notre société à l’égard des communautés dont Nicolas Sarkozy a, lui-même, été l’instrument.
Cet hyperprésident mal conseillé « a le retour des pierres » qu’il a lui-même jetées sur son peuple. Il a choisi de ne pas être le président de tous les Français dans l’objectif d’un second mandat qu’il peut désormais oublier…
La haine de certains français envers Nicolas Sarkozy est proportionnelle aux souffrances qu’ils ont endurées ces dernières années mais elle est mauvaise conseillère. Elle laisse des personnes mourir dans les pays arabes, notamment en Libye, par rancoeur ou rancune.
D’autres se cachent derrière un pacifisme chevronné pour fermer les yeux devant le massacre libyen.
Au nom de la paix ? ! Ou plutôt par égoïsme ou tout simplement parce qu’ils sont incapables de comprendre cette nouvelle chance qu’est le printemps arabe pour le monde entier ?
Tout en essayant de comprendre les motifs et motivations de chacun, je me dis qu’il est peut-être temps de faire une trêve de la haine, de se réjouir du fait que l’on n’ait plus honte de notre diplomatie… pour le moment…
Et il serait tellement facile de laisser croire à certains états que les Occidentaux « seraient tous pourris ». Certains dirigeants sûrement mais pas les populations occidentales...
Avec toute la prudence nécessaire aux déroulements de la résolution 1973 de l’ONU, le cas de la Libye ne ressemble en rien aux visées politiques et économiques des guerres en Irak et en Afghanistan, la cause est de loin beaucoup plus noble car c’est le peuple qui a appelé à l’aide.
Angela Merkel, posant pour la photo au sommet de Paris sur la Libye, a le même motif inavoué que Nicolas Sarkozy : les prochaines élections ; la décision de la France a tout de même plus de panache…
Sans projet ni idéal, l’Europe se fissure petit à petit et… sans surprise…
L’Union africaine était absente du sommet à Paris bien qu’elle ait été annoncée ; elle continue de soutenir Kadahdafi alors qu’elle est incapable de faire régner la démocratie sur son continent : Gbagbo est toujours au pouvoir malgré une élection démocratique favorable à Ouatara en Côte d’Ivoire. Kadhafi, initiateur de l’Union Africaine la « finance » encore au-delà de toute éthique…
La Ligue arabe, quant à elle, n’a pas intérêt de voir Kadhafi remplacé ; cela impliquerait que les dirigeants seraient eux-mêmes mis en difficulté par leurs manifestants.
A chacun sa conscience, sa vision du présent et du futur, laquelle manquerait cruellement dans certains discours en France et dans le monde entier.
Les initiatives des manifestations du Maghreb et du Proche-Orient sont parties d’internet. Ne serait-ce que par solidarité entre internautes, la blogosphère française devrait, pourtant, se sentir concernée : un blogueur de Benghazi est mort au nom de la liberté et de la démocratie. Ce que nous essayons tous de préserver.
De plus, l’héritage de la révolution de 1789 devrait nous inciter à soutenir et accompagner le printemps arabe. Cet héritage nous incite même au devoir.
« Va, je ne te hais point » Chimène( III,4) dans " Le Cid" (1637)
Sur le sujet : Pétition de soutien aux révoltés des pays arabes