J’aimerais partager avec vous une histoire de résistance contre la dictature ,
celles des mères de la Place de Mai en Argentine.
(Madres de la Plaza de Mayo )
Peut-être connaissez-vous, mais en ce qui me concerne, j’ai découvert leur histoire récemment (à ma grande honte).
Cela se passe en Argentine.
A l’époque, c’est la dictature. Elle a duré de 1976 à 1983. Les militaires qui ont pris le pouvoir exerce une horrible répression. 20 à 30.000 personnes sont enlevées et nombre d’entre elles éliminées.
Le 30 Avril 1977, une organisation de protestation commence. Elle sera la principale force de résistance au gouvernement qui par la suite devra rendre des comptes pour les disparitions humaines.
Toute assemblée publique était bien sûr interdite.
Ce 30 Avril 1977, 14 femmes (mères de disparus) marche silencieusement sur la Plazza de Mayo, au centre de Buenos Aires. Elles sont habillés de noir et portent des mouchoirs blancs avec le nom des enfants disparus.
Une association se créée. Et bientôt, elles sont des centaines à marcher comme cela chaque jeudi pendant une demi-heure. Elles défient la répression dans leur pays et captent l’attention du monde. Certaines dont l’une des fondatrices du mouvement, Azucena Villaflor, sont enlevées et disparaissent à leur tour.
Trois corps dont le sien sont retrouvé en 1985. En 2005, leurs cendres sont déposées au pied de la Pyramide de la Place de Mai.
C’était pour la plupart des femmes « ordinaires », certaines n’ayant même pas complété leur études primaires. Elles sont les symboles de la lutte pour les droits humains en Argentine et continueront des actions même après le renversement de la dictature pour que la lumière soit faite sur les disparitions.
Elles ont marché jusqu’en 2006 lorsqu’elles ont estimé que le gouvernement irait jusqu’au bout dans le jugement des responsables.
Leur combat a été récompensé à maintes reprises, notamment par le prix de l’éducation pour la paix de l’Organisation des Nations unies en 1999. Le 10 décembre 2003, la présidente a reçu le Prix des droits de l’Homme de l’ONU.
C’est un bel exemple à la vieille de la centième journée internationale des femmes.
Oui, effectivement.
Et,que se passe t-il aujourd’hui dans ce pays?
Tout à fait à propos, ce rappel de ces femmes admirables!!!
Pour rappel, elles se sont mises à tourner autour de la place parce que la junte militaire en place à l’époque avait dit aux premières mères de circuler et de ne pas rester sur la place.
Pour rappel aussi,les militaires tortionnaires responsables de ces disparus (torturés et tués, faut-il le rappeler)avaient été formés par nos militaires à nous , qui s’étaient bien entraînés en Indochine et en Algérie. L’atteste d’ailleurs beaucoup de témoignages , entre autres un excellent (et édifiant)documentaire: »Escadrons de la mort; l’école française ».
Il y a aussi un film de fiction qui raconte l’enlèvement, puis l’assassinat d’Azucena Villaflor et de deux soeurs françaises, film dont le nom m’échappe (que c’est énervant)…
Pour répondre à Mozarine, le gouvernement argentin a jugé les militaires responsables, et a transformé l’école militaire où ont été torturés des centaines de « disparus » en un lieu de mémoire.
Merci Siempre de toutes ces précisions. Quand vous vous rappelez le nom du film, merci de faire passer.
Est-ce que la couverture de ce mouvement en France avait été faite correctement compte tenu de ce que vous expliquez par rapport aux militaires français ??
J’ai vu aussi que leur mouvement s’était ensuite divisé et qu’une partie avait refusé toute « indemnisation financière » qui avait pu être proposée par la suite (la vie de leurs enfants n’ayant pas de prix).
Elles ont également pris une position très intéressante dans la guerre des Mallouines : contre la guerre malgré l’opinion générale des Argentins qui étaient pour.
Merci Siempre,encore une petite question(je suis ignare!)dans quel but se permettaient ils de torturer ces gens??Pour le plaisir???
Pour répondre à vos questions, Nihile; les mouvements politiques qui soutenaient les peuples argentins (et autres sud américains soumis aux dictatures militaires comme le Chili) connaissaient bien le rôle des conseillers militaires français , qui avaient à l’époque une triste réputation de « spécialistes » des tortures . Mais vous devez bien savoir qu’en France (contrairement aux USA, par exemple), nous avons la culture du « non-dit » et du secret. Suffit de voir comme la guerre d’Algérie (ou d’Indochine) était taboue dans les médias…Alors bien sûr, le rôle des services français auprès des dictatures militaires ne se claironnait pas!
Oui, effectivement, il y a eu un clivage du mouvement des « mères » au moment des indemnisations proposées par le gouvernement argentin.
La partie la plus politisée des manifestantes refusait de se faire « acheter » et voulaient que l’on reconnaisse le combat politique (révolutionnaire)mené par leurs enfants contre la Junte. (en gros)
Pour la guerre des Malouines, les argentins les plus politisés étaient opposés à la guerre. Cette guerre était en effet pour eux (et elles!) une diversion et une sorte de légitimation de l’Armée argentine (complice, rappelons-le de milliers de crimes).
Des détails sur cette triste période:[url]http://www.rue89.com/2009/05/19/argentine-lesma-centre-de-torture-devenu-lieu-de-memoire[/url]
[quote]dans quel but se permettaient ils de torturer ces gens??Pour le plaisir??? [/quote]
Je pense hélàs qu’il y a une forme de plaisir sadique chez les tortionnaires, mais la CIA soutenait à l’époque tous les régimes , même les pires dictatures, du moment qu’elles combattaient « le communisme ». Donc, en Argentine comme au Chili, on enlevait les jeunes militants étudiants et ouvriers, et on les torturaient pourqu’ils « livrent » leurs copains de réseau. Quelque chose qui pourrait ressembler à ce que faisaient les Nazis aux « terroristes de la Résistance », mais version guerre civile.
Les USA craignaient qu’il y ait d’autres « Cuba » dans leur « jardin », l’Amérique du Sud!
@Nihile,
Comble de la cruauté les enfants enlevés étaient confiés à des familles « bien pensantes » soutenant la dictature!
Il faut rappeler aussi que l’Argentine a accueilli de nombreux nazis.
[quote]Il faut rappeler aussi que l’Argentine a accueilli de nombreux nazis[/quote]
Certes Raisin fraise, de nombreux bourreaux nazis ont émigré en Amérique du Sud, mais si certains se sont volontiers chargés d’aider » les dictatures par des conseils « avisés », la plupart ont pris bien soin de se faire oublier …
Le nazisme n’est pas responsable du plan « condor », les USA si!
[url]http://www.monde-diplomatique.fr/2001/05/ABRAMOVICI/15179[/url]