la chute des commandes n’a pas que pour cause le coût du travail !

 

 

Il est évident que si le dynamisme industriel n’y est plus dans la création de nouveaux modèles, l’attirance des acheteurs se perd, et ils se tournent vers d’autres constructeurs, qui ont aussi, comme Renault, les mêmes difficultés, mais s’en sortent mieux. Cela fait longtemps que Renault est dans le rouge, en 2009, il enregistrait une perte de 3, 125 milliards d’euros, et dû modifier sa stratégie industrielle d’autant qu’en 2008 l’entreprise n’enregistra qu’un bénéfice de 571 millions d’euros. La moitié des pertes de 2009 provenaient des entreprises associées, Nissan, Volvo, Avtovaz. Le chiffre d’affaire en 2009 s’inscrivait déjà en baisse de 10 ,8 % à, 33, 712 milliards d’euros. La prime à la casse si elle contribua à améliorer sa compétitivité ne fut pas suffisante pour stopper la chute des ventes. Déjà, en 2010 le PDG, de Renault, Carlos Ghosn, poursuivait une politique de réduction des coûts. 4.000 personnes dans les entreprises Renault furent licenciées essentiellement par des départs en retraite, l’État français étant actionnaire à 15 %, Renault fut tenu de limiter les dégâts, pas de licenciements secs.

 

Renault eu pour but principal de réduire son endettement, et son alliance avec Nissan entrait dans cette stratégie tout en élargissant son offre. Actuellement Renault est présent dans 118 pays de l’Afrique du Sud à la Roumanie, en passant par le Brésil, le Royaume-Uni, la Turquie, la Russie, la Maroc, ce qui lui fait un effectif de 128.653 salariés à fin juin 2012, dont 42,1 % en France soit 54.162 salariés. La politique de Renault, fut une politique de bas coûts à l’opposée de celle des voitures de luxe Allemandes, qui maintiennent son secteur automobile même si celui-ci subi une chute des ventes comme tous les constructeurs Européens.

 

En décembre les immatriculations de voitures neuves dans l’Union Européenne ont chuté de 16,3% à 799.407, baissant ainsi pour le quinzième mois d’affilée et accusant leur plus forte baisse mensuelle depuis octobre 2010. Sur l’ensemble de l’année 2012 la demande de voitures neuves a diminué de 8,2% à 12,05 millions, sa plus forte baisse depuis le recul de 16,9% enregistré en 1993, a précisé l’ACEA, l’Agence Européenne des Constructeurs Automobiles. Dans la seule zone euro, le recul atteint 11,3%, à un peu moins de neuf millions, selon les calculs de Reuters, source l’Usine Nouvelle.

 

Cette politique de bas coûts plaça Renault dans une concurrence élargie des constructeurs «low-cost», tels le Sud-Coréens Kia, le Japonnais Susuky, et le Tchèque Lada. Toutefois Renault, avec les marques Renault-Twingo, Dacia, et Nissan proposa des voitures à moins de 8.000 euros, et ses modèles représentèrent plus du tiers de ses ventes dans le monde. Mais cela eu une contrepartie qui fut la réduction de ses effectifs en France puisque les voitures sont fabriquées à l’étranger.

 

Cette politique de bas coûts fut donc assassine pour les salariés Français, puisqu’elle conduisit outre, à réduire les effectifs mais également à réduire leurs salaires, pour s’ajuster aux coûts des fabrications délocalisées.

 

Pour Carlos Ghosn cette politique serait la plus adaptée à l’entreprise, mais alors pourquoi Renault fait moins bien que PSA qui a choisi des modèles plus luxueux tout en misant sur l’écologie et la qualité, mais qui aussi subissant la crise tout en étant moins affecté. PSA, se situant ainsi dans un marché intermédiaire, mais couteux, avec pour haute gamme les trois constructeurs Allemands, Volkswagen, qui possède Audi et Porsche, BMW et Daimler, présent dans le capital de Renault, et inversement.

 

Actuellement Renault assemble 21,5% de ses véhicules en France, contre 41% pour PSA, qui emploie 81.000 salariés. Renault a subi une baisse des ventes de 18,9 % sur l’année 2012 alors que pour PSA, elle n’est que de 12,9 %. Fiat et Général Motors avec sa marque Opel, est à – 15,6 %. Renault fait moins bien que Fiat.

 

Pour l’année 2013, le cabinet de prospective LMC Automotive a récemment estimé à 3,1% la baisse des ventes de voitures en Europe de l’Ouest, à 11,4 millions, contre des niveaux d’environ 12,8 millions en 2011 et 13 millions en 2010, source l’Usine Nouvelle.

 

Dans ces conditions rien d’étonnant que Renault envisage de réduire ses effectifs de 15 % d’ici 2013, soit 7.500 salariés essentiellement des départs non renouvelés. Tous les secteurs seront touchés dont l’ingénierie 2.000 postes, le tertiaire 1.300, et 4.200 dans les usines. L’objectif est de produire autant avec moins de 5.000 salariés en production. Mais cela est soumis à un accord avec les organisations syndicales, et dans ce cas, «ce redéploiement des effectifs ne nécessiterait ni fermeture de site, ni plan de sauvegarde de l’emploi, ni plan de départs volontaires», indiqua Gérard Leclercq, directeur des opérations France, à l’issue d’une nouvelle réunion avec les syndicats sur la compétitivité.

 

Pour Carlos Ghosn, Renault peut disparaitre à la question qu’on lui a posée. Il ne connait pas d’entreprise sur une base qui ne soit pas compétitive, ce fut sa réponse. «Dans la perspective d’une restauration progressive du marché Européen, la mise en place d’un tel accord permettrait ainsi d’avoir une croissance de la production en France plus soutenue que celle du marché Européen», fait valoir Renault dans un communiqué, source francetvinfo. Il n’est donc pas assuré que ce ne seront que des départs volontaires ou de mise en retraite anticipée.

 

La position du gouvernement, par la voix d’Arnaud Montebourg, est qu’il n’y a pas pour «nous» un certain nombre de lignes rouges qui ont été franchies. Première ligne rouge, «pas de plan social, pas de licenciement, la première ligne rouge est respectée», a-t-il ajouté. Deuxième ligne rouge, «pas de fermeture d’usine, pas de fermeture de site, la deuxième ligne rouge est respectée». «C’est mieux que de se retrouver avec des plans sociaux, des fermetures d’usines brutales qui font beaucoup de mal au moral des entreprises».

 

Si l’on compare cette position à celle de PSA concernant la fermeture de l’Usine d’Aulnay, ou 8.000 postes seraient supprimés en 2014 en France avec la fermeture du site, on ne peut que constater que cette annonce, pour autant qu’elle soit inquiétante, ne place pas le gouvernement dans une position d’affrontement avec la majorité des actionnaires. La logistique adoptée par Renault est moins brutale et plus compréhensive que celle de Peugeot. Le seul grand reproche que l’on peut faire c’est sa politique de bas coûts qui, après avoir donné des résultats, le plonge dans une course vers plus de délocalisations au point qu’il risque de ne plus y avoir d’usine Renault en France.

 

Finalement on a beaucoup critiqué PSA mais, avec 80.000 salariés en France ce groupe apporte bien plus que Renault qui est encore pour 15 % sous la tutelle de l’État. La question est maintenant, est-ce que le plan de compétitivité lancé par le gouvernement sera suffisant pour donner aux entreprises automobiles le souffle qui leur manque pour résister à la chute de commandes tout en mettant en œuvre une reconversion dans des voitures écologiques ? C’est toute une reconversion industrielle qui s’amorce, et elle ne se fera pas sans mal.

 

Depuis, nous assistons à un chantage de la part de Renault ou du syndicat CGT. Les syndicats estiment que, pour la direction de Renault, les fermetures de sites «seraient inéluctables» à défaut d’un accord de compétitivité, selon un document de la direction dont l’AFP a pris connaissance mercredi 23 janvier. Mais selon Arnaud Montebourg le 24 /01/13 à des paroles et des actes, il déclara «il n’est pas possible qu’il y ait fermetures de sites, l’État français détient 15 %du capital».

 

Selon lui, le constructeur, dans le plan automobile présenté en juillet au gouvernement, Renault «a pris l’engagement de ne fermer aucun site, donc il n’est pas possible qu’il y ait de fermeture de site, il n’est pas possible qu’il y ait le moindre chantage à la fermeture de site». «Il n’y a pas de licenciements à Renault parce que nous l’avons exigé», a-t-il ajouté.

 

Dans ce contexte, Arnaud Montebourg a estimé qu’il ne serait «pas absurde» de demander au président de Renault, Carlos Ghosn, de «faire un effort sur ses propres émoluments puisque des demandes sont formulées à l’égard des autres salariés». Il a rappelé que les deux représentants de l’État français au conseil d’administration de Renault avaient voté contre la rémunération de Carlos Ghosn lors de la dernière réunion consacrée à la question.