La presse le présente comme l’homme d’expérience pour la place Beauvau, gratifié d’une solide réputation auprès de l’ensemble des fonctionnaires de l’Intérieur.
Pour la réputation, cela reste à vérifier. Quant à l’expérience, c’est une autre affaire.
Bien sûr, l’Élysée y va à grands coups de communication pour la présentation, mais peut-être n’y a-t-il plus grand monde ayant ne serait-ce qu’un semblant de crédibilité.
Claude GUEANT appartient au corps préfectoral, il sera aussi secrétaire général de préfecture des Hauts de Seine où Charles PASQUA le prendra sous sa coupe et il se liera avec Nicolas SARKOZY. Il aura l’honneur de servir son mentor aux postes de Dir-Cab adjoint puis sera nommé Directeur Général de la Police Nationale (DGPN) de 1993à 1994.
Il collaborera avec Alexandre JEVAKHOFF, Directeur de la DEPAFI au MIAT (actuellement Dir-Cab adjoint de MAM) et Nicolas SARKOZY au Budget, notamment pour la mise en place d’un certain marché public destiné aux déplacements des fonctionnaires (pour un budget d’environ 60 millions d’euros/an). Le dit-marché attribué dans d’étonnantes conditions à ACCOR-Carlson Wagon-Lit qui devait reverser 50% de ses bénéfices! Marché, toujours d’actualité y compris pour les expulsions des étrangers en situation irrégulière, qualifié de juteux.
Le MIAT, précurseur en la matière, allait entraîner d’autres Ministères à coups de décrets d’expérimentation, dénoncés illégaux par la Gendarmerie Nationale.
C’est aussi l’époque de la SOFREMI pour laquelle Charles PASQUA sera condamné et Mr Claude GUEANT appelé à témoigner sans être inquiété.
Après l’échec d’Édouard BALLADUR en 1995, il assumera, lui aussi, sa traversée du désert au poste de Préfet de Région jusqu’en 2002.
Toutes ses fonctions, par la suite, ne seront que politiques au sein des cabinets des différents Ministères de son nouveau mentor Nicolas SARKOZY.
A cet endroit il n’y a pas d’inconnu, il est apparu comme l’omnisecrétaire général de l’Élysée. Il est le garant de la politique du Chef de l’État dans tous les domaines.
En matière sociale, il définit avec d’autres conseillers avisés et le Président décide.
En matière de sécurité, de finances publiques, d’économie, de diplomatie, d’éducation nationale et enfin de justice, il définit et le Président décide.
Le bilan de cette expérience est plus qu’éloquent, même au sein de l’UMP beaucoup restent suspensifs face aux résultats obtenus, alors que d’autres s’abstiennent de tous commentaires.
Nicolas SARKOZY a décidé de resserrer sa garde rapprochée en nommant tous ses fidèles aux postes régaliens, d’autant que les élections cantonales ne s’annoncent pas sous les meilleurs hospices et la présidentielle va être, à coup sûr, plus que calamiteuse.
D’évidence, l’Élysée se retrouve acculé devant les défaillances gouvernementales, entre le gaspillage, les affaires et autres bourdes de ministres déconnectés des réalités sociales et financières auxquelles notre pays est confronté.
La nomination de Claude GUEANT au poste de Ministre de l’intérieur est non seulement stérile, mais risquée auprès de l’opinion publique.
Est-ce un dernier cadeau que le Président souhaite offrir au plus fidèle des fidèles?
Qu’il soit une fois, au moins, Ministre de la République.