Suite  aux irrégularités plus ou moins graves qui ont entachées les dernières élections présidentielles au Cameroun – et à la demande de plusieurs pays occidentaux -,  le président Paul Biya a enfin accepté de réformer totalement le système électoral camerounais. Des reformes qui vont de la refonte des listes électorales à l’instauration de la biométrie, en passant par  l’entrée en vigueur du bulletin unique et bien d’autres changements notables.

En prélude à ce vaste chantier, Samuel Fonkam,  le président de Election’s Cameroon (l’organe chargé de l’organisation des élections au Cameroun) a initié  depuis quelques semaines déjà une série d’entretiens avec les leaders politiques et certains leaders d’opinion camerounais, afin de leur permettre de faire savoir leur désiratas dans l’exécution de cette tâche.  Aussi, prévu pour la fin de cette année, les élections législatives et municipales seraient sans aucun doute reportées à une date ultérieure. En effet, le président de la république a fait parvenir au parlement lundi dernier un projet de loi devant proroger de six mois le mandat des députés qui siègent actuellement à la maison des verres de Ngoa-Ekelle. Seulement, jusqu’à ce jour, le projet de loi tarde à être adopté ; pour cause, certains députés trouveraient cette prorogation de six mois insuffisante et en demanderaient plus. L’heure est donc actuellement aux négociations et tractations de toutes sortes.

Cependant, dans un pays où les résultats des différents scrutins font régulièrement l’objet de contestations parfois sanglantes, l’opposition et la société civile s’en trouvent interpellées ; elles, qui devraient saisir cette occasion unique, pour exiger de vastes reformes, en lieu et place de petites réformettes. Par exemple, l’opposition devrait aller plus loin, en exigeant exclusivement pour le scrutin présidentiel une élection à deux tours. Egalement, un large débat devrait être ouvert au sujet du relèvement de la caution pour l’élection présidentielle qui logiquement devrait passer de 5 millions à 10 ou 15 millions par exemple. Car comme le disait le président Obama, l’Afrique a besoin  d’institutions fortes,  plutôt que d’hommes forts. C’est donc le moment le plus indiqué pour les acteurs politiques camerounais de mettre sur pied un code électoral clair, juste, consensuel et transparent.