Récupérer des terres salées

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J'ai décidemment vu beaucoup de choses pendant mon séjour en Casamance. Dans le village où j'étais, les rizières sont menacées de salinisation.

 

On voit bien sur la photo, la digue non terminée, elle est construite par couches d'une trentaine de centimètres. Elle fait à la base environ 2,2 mètres de large et sera haute d'environ 1 mètre.

Depuis plusieurs années, 6 ou 7 villages limitrophes opèrent conjointement pour lutter contre ce phénomène. Ils sont soutenus par une Ong qui fournit une aide alimentaire contre du travail et les ouvrages techniques que les villages ne peuvent pas faire, essentiellement les vannes permettant de lacher le surplus d'eau des rizières.

Cette année le village dont je parle à réalisé pas loin d'1 kilomètre de digue. Le programme dure depuis plusieurs années et ne semble pas avoir de fin programmée. Ce qui se comprend, il y a des kilomètres carrés de rizières inutilisables à recupérer.

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Quelques hommes creusent le "poto poto" (espèce de boue constituant le sol de la mangrove) de la mangrove et en remplissent des paniers que les femmes transportent sur la tête et vont décharger sur le front de chantier, où d'autres hommes tassent le "poto poto" et égalisent les pans de la digue. C'est un travail énorme mais qui se fait relativement rapidement à raison de deux matinées de travail par semaine pendant toute la saison sèche.

Ici comme ailleurs au Sénégal, le travail est fait essentiellement par les femmes, les photos sont éloquentes, pour la cinquantaine de femmes présentes il n'y avait que 6 ou 7 hommes.

Revenus au village, environ 1 h 30 après notre visite à la rizière, nous sommes passés à " l'abreuvoir " lieu de vente et de consommation du vin de palme (boisson tirée de la sève des palmiers, plus ou moins alcoolisée selon sa durée de conservation). Nous y avons trouvé une quinzaine d'hommes réunis autour du canari traditionnel rempli de vin de palme.

Sur le chantier j'avais posé une question sur le peu d'hommes présents, on m'avait répondu que les hommes venaient travailler quand ils n'avaient pas d'autre travail à faire… No comment !