Plus d’un demi-sciècle après les indépendances, la quasi-totalité des Etats africains sont demeurés dans un état de sous – développement pathétique. Ici, le paludisme dicte encore sa loi, la nourriture et l’eau sont rares, de nouvelles épidémies et surtout de nouvelles guerres se sont multipliées ; tout ceci, sous le regard complice des organisations internationales et des grandes puissances.

Seulement, depuis quelques temps, la communauté internationale s’est résolument engagée dans une grande opération de « démocratisation » du continent africain. La côte d’ivoire et en ce moment la Libye, en sont la parfaite illustration.  

Si en côte d’ivoire la communauté internationale a pu rétablir l’ordre, en Libye, les choses semblent plus  compliquées, dans la mesure où on a à faire à un Mouammar Kadhafi plus que déterminer à s’accrocher au pouvoir, et surtout à une union africaine prête à tout pour soutenir l’un de ses plus  généreux membres. Aussi, dans leur immense majorité, les africains, notamment ceux vivant sur le continent désapprouvent très farouchement ce qu’ils considèrent comme étant une violation flagrante de la souveraineté africaine. Au jour d’aujourd’hui, la France est en train de se positionner comme l’un des pires partenaires de l’Afrique, de par son engagement très actif dans ce mouvement. Le largage des armes aux insurgés libyens ces derniers jours a complètement compliqué les choses pour le pays de Nicolas Sarkozy. Pour de nombreux africains, une pareille initiative ne peut fondamentalement rien apporté à l’africain ; comme le défend ici ce jeune étudiant en sociologie à l’université de Yaoundé 1 « … le fait de distribuer les armes aux insurgés libyens ne peut résoudre aucun problème ; car on a à faire à deux camps radicalement opposés et déterminés. La France voudrait juste se contenter de voir le peuple libyen s’entretuer…» même dans les milieux intellectuels, le constat est le même ; c’est le cas de ce journaliste d’une radio privée de la capitale politique camerounaise qui ne comprend toujours pas jusqu’aujourd’hui les raisons du soulèvement de la population libyenne ; « je pense que parlant des africains vivant dans une extrême pauvreté, les libyens n’en faisaient pas partie jusqu’ici ; bien au contraire ! On aurait admis ce soulèvement dans d’autres pays ; mais pas en Libye. Toute porte à croire que les pauvres populations libyennes sont manipulées par les occidentaux. Et je puis vous dire que le plus dure pour ces libyens commencera au lendemain de la chute de Kadhafi »  lance ce jeune journaliste avant de conclure : « … le plus important pour un peuple c’est le bien – être ; il ne faudrait pas que les occidentaux cherchent à tout prix à nous imposer une démocratie à leur convenance. La socialisation politique n’est pas la même partout ! »

Cette position de ce journaliste montre clairement et à suffisance la volonté de la majeure partie des africains meurtris par la famine et les maladies de toutes sortes. S’il est vrai qu’un Etat démocratique est celui à même de garantir le bien – être à ses populations, cela ne voudrait toujours pas dire que la démocratie donne du « pain ». Lorsque nous jetons un coup d’œil sur l’environnement politico – économique du monde, nous constatons avec peu d’efforts que les nouvelles puissances économiques émergentes ne sont pas forcement des exemples de démocratie ; la chine en est l’illustration la plus authentique. Même sur le continent africain, il est désormais clair que la guinée équatoriale est le nouvel el dorado de l’Afrique. Cependant, les occidentaux continuent de présenter Théodoro Nguema Obiang comme l’un des pires dictateurs au monde, pourtant son peuple se sent à l’aise avec lui et l’aime plutôt très bien !

Il devient alors plus que urgent pour monsieur Nicolas Sarkozy et ses complices de comprendre que plutôt que d’aller répandre les armes sur les toits des libyens, il vaudrait mieux pour lui d’aller au dessus de la somalie, du Kenya, bref de tous les pays de la corne d’Afrique larguer du pain, de l’eau, pour sauver cette partie du monde qui est actuellement touché par une terrible famine. Et le plus étonnant dans tout cela est que cette « démocratisation par tous les moyens » de l’Afrique n’a pas la même intensité partout ! Sinon qu’a – t – on dit du Burkina, du Tchad, ou même encore du Sénégal qui depuis quelques jours est secoué par de violentes  manifestations ? Alors un peu de sérieux !