Ils sont nombreux, très nombreux, ces camerounais qui n’accordaient jusqu’ici aucun crédit à la très retentissante mesure du président Paul Biya, qui en février dernier à l’occasion de la fête nationale de la jeunesse avait promis à cette catégorie de la population un recrutement de 25000 d’entre eux à la fonction publique. Plus loin, le chef de l’Etat Camerounais a demandé à son gouvernement de tout mettre en œuvre afin que les résultats soient disponibles dès le mois de juin 2011.
Mais, « compte-tenue de la complexité du travail » ces résultats n’ont pas pu être publiés à cette date. Cependant, Emmanuel Bondé, ministre de la fonction publique et de la reforme administrative a au cours d’un point de presse organisé au mois de juin dernier demandé aux camerounais de prendre leur mal en patience, tout en les informant que le premier ministre a accordé à son équipe et à lui du temps supplémentaire, afin de leur permettre de mener correctement à terme le processus.
Seulement, depuis quelques semaines, des résultats tombent aux comptes gouttes. Ainsi, ceux des enseignants d’universités, des chercheurs, médecins et ingénieurs sont déjà connus. Cependant, à l’exception des résultats des enseignants d’universités et chercheurs qui ont eu une vive contestation de la part de certains d’entre eux qui s’estimaient lésés au profit de certains autres déjà en service dans l’administration, ceux des autres corps ont été relativement acceptés par ces derniers.
Il a donc fallu attendre ce 26 août avec la publication de la liste des instituteurs de l’enseignement technique, pour voir les vraies limites de ce recrutement qui se voulait jusqu’ici sérieux. En effet, l’arrêté N°046/CCS/CTRS du 26 Août 2011 portant publication de la liste des instituteurs de l’enseignement technique présente d’énormes irrégularités ; comme nous explique ici un membre du bureau exécutif du Cercle de Solidarité des instituteurs de l’enseignement technique sans emploi du Cameroun (CESDIESE) : « … Les instituteurs de l’enseignement technique sont repartis entre neuf filières distinctes ; ceci dit, à la publication des résultats, on devrait spécifier la spécialité de chaque lauréat, afin d’éviter les confusions. Plus loin, il se trouve que dans cette liste de près de 1900 présélectionnés se trouve près de 200 instituteurs de l’enseignement technique récemment recrutés dans le cadre de la contractualisation à la fonction publique de 376 d’entre eux… »
C’est ainsi que cette puissante association des instituteurs de l’enseignement technique a adressé ce mercredi 31 août 2011 une correspondance sous forme de mémorandum au secrétaire général des services du premier ministre avec copie au ministre de la fonction publique, pour leur demander de procéder purement et simplement au toilettage des dites listes. En outre, le CESDIESE a demandé aux autorités de classer ces lauréats par filières afin de permettre une meilleure lisibilité. Cependant, à l’opposé de ses camarades qui trouvent le problème suffisamment grave, le jeune Maurice DEFFO TENE, secrétaire général de la dite association, bien que lui aussi lésé comme de nombreux autres membres issus de sa région d’origine refuse de créer la polémique et dit avoir confiance aux autorités camerounaises : « il faut dire que nous avons pu recenser près de 149 personnes sur cette liste ayant déjà été recrutés à la fonction publique ; cependant il nous semble qu’il ne s’agirait que d’un manque de synergie entre les administrations concernées. Mais nous osons croire que cela sera corrigé dans les meilleurs délais, afin de nous permettre nous aussi d’être retenu dans cette liste… » À la question de savoir ce que fera le CESDIESE au cas où il n’est pas écouté, monsieur DEFFO se montre une fois de plus très confiant « je sais que nous serons écouté, aussi, nous souhaiterons que le premier ministre lui-même constate l’injustice dont a été victime la région de l’ouest du Cameroun dans cette liste. Aussi, nous sommes disposé à collaborer avec l’administration afin que cela soit corriger, car cela est inadmissible »
Contrairement donc à ceux qui pensent que les instituteurs de l’enseignement technique, notamment ceux originaires des régions du Centre et de l’Ouest devraient manifester dans les tous prochains jours dans les rues de Yaoundé, il faut plutôt s’attendre à une franche collaboration entre ceux-ci et l’administration. Seulement, une chose reste sure, c’est que au regard des résultats publiés par les services du premier ministre cette semaine, on note sincèrement une marginalisation des instituteurs de l’enseignement technique originaires de la région de l’ouest, alors qu’ils ont été toujours les plus nombreux à réussir au concours d’entrer dans les l’ENIET. Vivement que les autorités prennent contact avec ces derniers, afin de ne pas laisser germer cette bombe, notamment en cette délicate période pré- électorale.