Surprise dans la lutte qui oppose le consortium franco-chinois (Ardian-Fosun) à l’homme d’affaires italien Andrea Bonomi pour le contrôle du Club Med. Une contre-offre a été présentée ce vendredi 12 septembre amenant à la suspension de la cotation du titre Club Med et à une désillusion certaine pour le potentiel acquéreur transalpin.



L’avenir du Club Med semblait devoir s’écrire de l’autre côté des Alpes depuis qu’Andrea Bonomi avait présenté son offre publique d’achat (OPA) (hostile) l’été dernier. Avec une offre à 21 euros par action, l’expression soudaine de son appétit pour le Club Med avait mis à mal Ardian et Fosun, déjà actionnaires de la célèbre de marque de vacances, lesquels avaient proposé un achat d’action à 17,5 euros. Quelques heures avant le terme de l’OPA fixé par l’Autorité des marchés financiers, le duo Ardian Fosun a contrattaqué avec un prix d’achat à 22 euros. Déjà soutenue par la direction du Club Med qui a toujours misé sur ses principaux actionnaires, l’offre du duo qui valorise le Club Med à hauteur de 839 millions d’euros a de très bonnes chances de l’emporter finalement.


Quelle différence pour l’avenir du Club Med ?

 

Global Resorts (Andrea Bonomi), Ardian-Fosun… quelle différence peut-on penser ? Au-delà de la nationalité de l’actionnaire majoritaire, la différence entre les deux propositions sur la table s’articule autour de projets très distincts. D’un côté, Global Resorts qui veut transformer le modèle du Club Med en renonçant à des pans entiers qui ont fait la renommée de la marque comme le « tout compris ». Il en va de son modèle économique, mais aussi de son image de marque, laquelle a beaucoup évolué au cours de ces dernières années. La direction actuelle a en effet fait le pari de la montée en gamme pour attirer une clientèle nouvelle, plus internationale et sensible à l’attrait des vacances « à la française ».

 

Côté Ardian-Fosun le choix de l’international a clairement été établi depuis plusieurs années et l’arrivée du géant chinois dans le capital en 2010. Plusieurs villages vacances ont vu le jour dans l’empire du Milieu depuis et ce sont les BRICS – Chine en tête – qui sont particulièrement visés. Un nouveau marché avec de nouveaux touristes, mais sans renoncer à l’ancrage français et à la philosophie qui ont fait la force du groupe pendant plus de quarante ans. 

 

Avec la proposition actuelle d’Ardian-Fosun, il est évident que Fosun deviendra le grand ordonnateur. L’objectif était de rester à égalité avec Ardian comme lors de la première offre, mais seul le conglomérat chinois a pu réunir assez de capitaux pour remonter l’offre. Pour cela, il a monté un attelage financier comprenant U-Tour (une des principales agences de voyages en Chine) et la compagnie d’assurances portugaise Fidelidade, contrôlée par Fosun. Dans le cadre présenté sous le nom de « Gaillon Invest II », Fosun détiendrait 85,1 % du capital contre 5 % pour Ardian, mais la direction actuellement en place resterait afin de mener à bien le projet entamé depuis 2010, et de préserver l’ancrage français de la marque (siège social, cotation boursière à Paris, etc.). Cette annonce spectaculaire sera-t-elle la dernière d’une longue série ou y aura-t-il de nouveaux rebondissements ? Une chose est certaine, le Club Med est une pépite qui fait envie à bon nombre d’actionnaires.