Hier matin, les cardinaux de Rome ont été convoqués à la salle d’audience dans le Palais apostolique du Vatican. La raison ostensible était un devoir habituel du Vatican, celle d’entendre parler de trois cérémonies de canonisation.
Assis sur un trône d’or, en lisant calmement et tranquillement en latin, le pape Benoît XVI leur a dit : « Mes forces ne sont plus adaptées à un exercice adéquat du ministère ». Il a reconnu que « la prière et de la souffrance » étaient une partie essentielle de la vie du souverain pontife, puis vint la raison philosophique de l’annonce. « Dans le monde d’aujourd’hui, en proie à tant de changements rapides et secoué par des questions profondes de pertinence de la foi, tant la force de l’esprit et le corps sont nécessaires », forces qu’il ne possédait plus.
Peu de temps avant qu’un cardinal mexicain rentre à la salle d’audience, celui-ci a été accosté par un journaliste de la colonnade de Saint-Pierre. « Le pape prit une feuille de papier et commença à la lire. Il a juste dit qu’il était démissionnaire. Tous les cardinaux ont été choqués et se regardaient les uns les autres, puis le pape se leva, donna sa bénédiction à droite et à gauche. C’était si simple, le plus simple qu’on puisse imaginer. Il y avait un silence absolu, et de la tristesse ».
Le cardinal Angelo Sodano, président du Collège des Cardinaux et l’homme responsable de la gestion du conclave qui élira le prochain pape, a confirmé que c’était « un coup de tonnerre ». Le premier ministre italien Mario Monti a écrit sur son compte Twitter qu’il était « fortement ébranlé » par les nouvelles.
Âgé de 85 ans, le pape Benoît XVI a souffert d’arthrite, mais il n’y a aucune raison de croire qu’il est gravement malade, et même s’il l’avait été, cette annonce n’aurait pas étonné, pour la simple raison que les papes ne se résignent pas. Le prédécesseur de Benoît XVI, Jean-Paul II, pour qui, comme le cardinal Joseph Ratzinger, a travaillé pendant plus de deux décennies, a souffert de la maladie de Parkinson depuis des années, mais il a continué à faire les gestes du pape jusqu’à la fin de sa vie.
Il faut remonter à 1415 pour retrouver le dernier pape qui a démissionné. C’était Grégoire XII, qui a été contraint d’abdiquer pour mettre fin au Grand Schisme qui avait vu trois papes rivaux dans le même bureau. Avant cela, le parallèle le plus proche de Benoît XVI était Célestin V, élu en 1294 et qui, selon les mots d’un professeur d’histoire à l’université de Cambridge, était un « moine-ermite sans espoir ».
La décision du Pape Benoît XVI de cesser ses missions est typique du caractère timide de cet homme privé : il prend des décisions sans consulter personne, sauf sa propre conscience et peut-être son secrétaire particulier. C’est certainement le genre de calcul politique rusé qui a marqué de nombreux papes au cours des siècles.
Le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, a expliqué que ses collaborateurs sont restés « incrédules » devant la décision du pape qui a montré « un grand courage et une grande détermination ». La semaine prochaine, c’est le début du Carême, point culminant de la Semaine Sainte et la plus exigeante mission du pape, celle qu’il a eu du mal à remplir dans les années passées. Le conclave aura lieu pendant les semaines de pénitence, il concentrera les esprits des cardinaux assemblés quant à la nécessité de trouver un nouveau pape à temps pour Pâques.
En dépit de son orthodoxie et son ultra-conservatisme, le 265e pape, Benoît XVI, élu le 19 Avril 2005, a passé une grande partie de son règne qui a duré près de sept ans à prendre les gens par surprise.
[b]Le latin n’est pas une langue morte , la preuve….par le Pape![/b]
par libertus@ 2013-02-12 – 12:46:14
Quand parler le latin fait toute la différence
Par Maud Descamps avec AFP
Publié le 12 février 2013 à 10h16 Mis à jour le 12 février 2013 à 10h37
Giovanna Chirri a été la seule journaliste à comprendre l’annonce de la démission du pape, lundi, à Rome.
Vous vous demandiez à quoi sert de parler le latin, la réponse est là. Alors que les journalistes, attachés au Vatican, suivaient d’une oreille le discours du pape lors du Consistoire –
c’est-à-dire une réunion des cardinaux convoqués par le Saint-Père – l’une d’eux, Giovanna Chirri, a saisi l’importance des déclarations, en latin, de Benoît XVI. C’est parce qu’elle parle et comprend cette langue morte – détestée de beaucoup de collégiens – que la journaliste de l’agence italienne Ansa a pu sortir ce scoop mondial, la démission à venir du pape.