Le gouvernement français a placé l’innovation au centre de sa politique de développement économique. Les nouvelles technologies offrent la seule alternative à nos entreprises afin de renforcer leur compétitivité, dite "hors-prix", dans la mondialisation. Depuis des années, grâce à l’investissement massif et constant dans l’innovation, les entreprises françaises améliorent significativement les processus de production, ouvrent de nouveaux marchés et diminuent les coûts de fabrication. 

 

Les patrons français sont unanimes : l’innovation constitue la seule réponse de notre industrie à la concurrence internationale, qui propose des produits meilleur marché et profite, de surcroît, de la délocalisation de nos usines. 

 
Certes, la désindustrialisation continue de faire des ravages dans notre tissu industriel. Des régions entières ont perdu l’ensemble de leur industrie. Les fermetures d’usines en série génèrent des conflits sociaux violents qui déstabilisent le pays. Toutefois, la France ne cesse de surprendre. Terre fertile pour l’innovation, elle a vu naître et se développer des modes de transport révolutionnaires, la grande distribution et l’industrie du luxe. Nos chercheurs, nos designers, nos patrons, nos ingénieurs ont démontré leur créativité et se sont montrés parmi les plus réactifs au monde pour s’emparer des innovations. 
 
Le rapport « L’innovation – la nouvelle frontière » préparé par Medef souligne que « le  niveau de R&D des grandes entreprises françaises est comparable et même dans bien des cas supérieur à celui de leurs homologues étrangères du même secteur d’activité ». L’Etat doit « soutenir le développement de futurs champions industriels dans le champ des nouvelles technologies intensives en R&D – technologies de l’information et de la communication, biotechnologies, nanotechnologies » pour assurer un potentiel de croissance minimum et relancer l’emploi. La croissance passe par « l’accroissement de l’intensité de l’effort global de R&D privée ». Or, la R&D a un coût. Seules quelques entreprises françaises sont aujourd’hui capables de fournir un effort substantiel en la matière, leur permettant de rivaliser avec les géants internationaux de l’innovation.
 
Le cas Michelin : leader de l’innovation 
 
Avec 20% du marché, Michelin est le leader mondial du pneumatique. Il est implanté dans 19 pays et emploie 123 975 personnes, dont 31 000 en France. Le groupe français a placé l’innovation et la qualité de ses produits au cœur de sa stratégie d’internationalisation. Les pneus Michelin sont désormais plébiscités dans le monde entier. Il en résulte le fait que plus de la moitié de son chiffre d’affaire, Michelin le fait aux Etats Unis. Son effort permanent d’innovation vise à proposer aux clients des produits uniques modifiant le visage de la mobilité de demain. 
 
En effet, le groupe n’hésite pas à investir des sommes colossales dans la R&D – environ 500 millions d’euros par an. Plus de 6000 ingénieurs y sont engagés. Le centre de recherche est réparti entre trois continents ce qui facilite le contact avec le consommateur final. 
 
Un des principaux succès technologiques de Michelin est le pneu « Energy », qui économise à la fois le carburant et la matière première dans le processus de fabrication. Un nouveau procédé, le C3M, exige moins de personnel et réduit la surface nécessaire par pneu fabriqué.  
 
CNIM : le choix du "tout technologique" 
 
CNIM, société discrète et pourtant l’un des trésors cachés de l’industrie française, a fait de l’innovation technologique son cheval de bataille. L’expertise acquise a permis au groupe de se positionner parmi les leaders de son segment à l’international, comme en témoignent les réalisations et les projets récents à Bahreïn et en Chine. Ce sont surtout les divisions "Innovation et systèmes" et "Environnement" qui ont forgé la notoriété de CNIM. Dans le traitement de déchets, le groupe a été sollicité en Azerbaïdjan pour construire un centre de valorisation énergétique. Ce centre, qui sera le premier de ce type dans le pays, comportera deux lignes d’une capacité de 33 t/h de déchets ménagers. Le contrat comprend aussi l’exploitation pour une durée de 20 ans. CNIM réalise des projets similaires en Belgique et en République Tchèque. 
 
Toujours dans la branche "Innovation et systèmes", la filiale de CNIM, Bertin, intervient traditionnellement en tant que fournisseur d’équipement à fort contenu en innovation. A titre d’exemple, Bertin a obtenu en Chine une commande de 18 silencieux pour le circuit secondaire de centrales nucléaires. Dans le domaine de la santé enfin, grâce à sa filiale Bertin Pharma, CNIM commercialise aux USA des équipements de laboratoire avec son collecteur d’aérosols biologiques « Coriolis » pour le contrôle de la qualité de l’air et son agitateur d’échantillons biologiques. Tous ces projets à l’international combinent les idées innovantes et l’engagement dans le développement durable (technologies dépolluantes, réduction de la consommation énergétique, utilisation des énergies renouvelables).  
 
L’innovation au service de l’économie française 
 
Ces deux exemples – Michelin et CNIM – montrent que l’innovation est indispensable aussi bien pour pérenniser l’activité économique que pour assurer l’internationalisation. Aujourd’hui, les entreprises qui ont une démarche volontariste en R&D ont plus de chance de réussir à l’international où la concurrence est particulièrement rude. La mondialisation constitue à la fois une menace et une opportunité. La seule possibilité de réussir est d’investir dans les technologies d’avenir, sollicitées à l’international. L’amélioration de la performance et de la compétitivité ne peut se faire que grâce à l’investissement massif et sur le long terme. 
 
Le monde a changé : les économies émergentes concurrencent désormais directement l’économie française. Pour renouveler les succès d’autrefois et pour réussir sur le chemin de l’innovation, il nous faut une nouvelle politique de développement fondée sur l’innovation. Et cette politique est impossible sans la mobilisation de l’ensemble du corps social.

 

Photo: LGB06 (Flickr)