En politique, le machiavélisme est une vertu à part entière. En connaitre les rudiments, voire cerner tous les contours est un impératif qu’il faut posséder pour s’essayer à cet art si particulier où les jeux d’intérêt donnent libre cours à l’expression de tous les coups bas qui puissent exister en ce bas monde.

La formule la plus consacrée et qui vient aux lèvres de tous les hommes politiques mêmes les moins expérimentés est celle qui veut que les états dans leurs rapports avec les autres n’aient pas d’amis, mais plutôt des intérêts.

Et pourtant dans la même veine, la France se veut curieusement l’amie, la très chère et indéfectible amie des pays africains. Elle se veut une amie si présente qu’elle devient ce carcan qui étrangle plus qu’il n’étreint, et se baobab qui à force de vouloir protéger la végétation alentour finit par l’étouffer et la tuer. L’histoire d’un interminable amour à sens unique qui se manifeste par l’exploitation de l’un des amis par l’autre. Le sentiment paternaliste qui donne à la métropole tous les droits de regard dans la politique et les richesses économiques de ses anciennes colonies, de leur tailler sur mesure une démocratie dont elle seule maitrise en amont et en aval la géométrie variable. Ainsi, la définition de la dictature peut varier d’un pays à l’autre, avec des coefficients plus ou moins corsées, selon que les dirigeants africains notés sont pro ou anti transafricains.

A l’opposé, les africains adorent la France, toutes catégories idéologiques et sociales confondues. C’est à se demander si l’ancienne puissance colonisatrice nous a fait boire une potion magique d’amour, on ne sait par quel miracle. Sous les tropiques, on a pour coutume de dire que lorsqu’il pleut à paris, toutes les capitales africaines sont inondées. Et tous les dirigeants n’ont d’yeux que pour la France dans les partenariats commerciaux. Mêmes pour la protection de leurs propres pays, la France est omniprésente par les accords de défense qu’elle se fout bonnement de ne pas respecter quand les tenants du pouvoir du moment ne lui sont pas favorables. Et pourtant, la France est l’amie de l’Afrique. Cette phrase, tous les dirigeants français la connaissent par cœur pour l’avoir répété  plusieurs fois avec la gestuelle parfaite pour flatter l’orgueil des peuples du sud. Et des temps de la colonisation à nos jours, les choses n’ont vraiment pas changé. Un miroir ou un vieux fusil balancé au chef suffit pour vider les territoires de leurs richesses. Et pourtant, la France est l’amie de l’Afrique. Et  en vertu de cette amitié trainée à travers une histoire commune, objet de gloire pour les uns et souvenir de cruels et inoubliable souffrances  pour les autres, on endette l’amie qu’on aime tant. On ferme les yeux aux magouilles les plus révoltantes lorsque ça arrange, et on déstabilise là où les visions ne s’accordent pas quant aux enjeux de cette amitié si curieuse.

La France est l’amie de l’Afrique. L’histoire d’un interminable amour à sens unique