Le Point s’est intéressé de près à Rachida Dati. Normal, elle fait rêver des hommes, fantasmer des femmes avec des soupçons d’envie, et si sa contribution réelle à la vie politique est proche de zéro, elle sait lâcher des formules bien senties. Du genre Le Point et « cette presse » font « du sensationnel et du voyeurisme. ». Un soupçon de naïveté feinte ne nuit pas. Elle sait aussi défrayer la chronique en faisant payer la mairie de Paris lorsqu’elle traîne Marek et Clara Halter devant les tribunaux et se fait débouter. Mais la plus bling-bling de nos ex-ministres et élues le vaut bien : ses apparitions en robes de gala tout comme l’attention prêtée à sa vie privée. 

Le Point (et d’autres, pas moi jusqu’à présent, mais il n’est jamais trop tard pour mal faire) a eu formellement tort de révéler la procédure de reconnaissance en paternité engagée par Madame X qui pourrait être une élue des beaux quartiers parisiens.

Il suffisait fort amplement d’attendre la décision du tribunal, le 4 décembre, qui peut être publiée.
J’attendrai donc hypocritement pour évoquer celui ayant été désigné…

Toujours est-il que, et c’est publiable, Rachida Dati poursuit Le Point. Pourquoi pas tous les très nombreux autres ?

Haltérophilie

Parce que, en cas de déconfiture judiciaire, n’étant pas maire en étant simplement mère, elle ne peut, comme dans le cas des époux Halter, faire assumer les frais de justice par le contribuable ? Rachida Dati, déjà maman mais surtout déjà maire d’arrondissement, avait poursuivi les Halter en considérant qu’ils s’acharnaient à vouloir pérenniser leur Mur de la Paix (sur le Champ-de-Mars) qui ne devait rester érigé que trois ans. Les Halter se sont estimés diffamés et en appel, la maire et non la mère écope de 2 000 euros d’amende avec sursis (sage décision pour les contribuables) mais se retrouve aussi condamnée aux dépens en frais de procédure (honoraires de leur avocat, du sien ou plutôt de celui de la mairie, autres…). Et ils n’ont pas choisi n’importe qui : Mes Malka et Metzner. Du coup, le contribuable réglera 8 000 euros.

La presse a parfois bon dos et Madame X a su produire une couverture de Voici sur laquelle elle figure en compagnie d’un Monsieur Y, lequel se serait refusé à la perspective d’être père, ce qui lui aurait valu d’être largué illico au profit d’un autre potentiel géniteur. Monsieur Y cesse toute relation avec Madame X en février 2008 mais la dame demanderesse conçoit vers le 5 avril suivant. Les yeux de Monsieur Y n’ont pas non plus affecté la couleur de ceux de la fille de Madame X. Pourtant, selon Madame X, dans Gala, déclarait que sa fille Z avait « les yeux de son père ». Monsieur Y n’a jamais fait sauter la petite Z sur ses genoux en se prenant pour un bidet trottant et émettant des pets. Mais voici Madame X flatueuse de rage contre la « presse bidet ».

Admettons-le, il y a de quoi !

Amants Kleenex®

Les révélations du Point de cette semaine sur le passé de dame Dati ont de quoi faire monter Rachida sur ses grands dadas. Un procureur qui la croisait souvent dans des couloirs, pas assez souvent au gré des supérieurs de la jeune magistrate nommée hors concours sur appui politique, car elle sautait des audiences ou se faisait porter pâle, devine-t-on à la lecture du Point, décrit « une jeune femme libérée qui avait une vision utilitaire de ses rapports avec les hommes. ». Sur le plan professionnel. Sans doute aussi, quand il s’agissait de plancher sur des notes ou rapports, avec les femmes, ses collègues. La bonne copine savait se faire dépanner.
Sur un plan plus personnel, on en déduira ce que l’on voudra. La sémillante et piquante Rachida n’avait peut-être pas besoin d’user systématiquement de charmes dissimulés et de passer au canapé pour assurer ses promotions.
Mais en quête d’un géniteur, selon « une certaine presse », mieux valait en tâter cent pour être sûr de trouver le bon.

Très fin odorat

C’est auprès du Pdg d’Elf, financier d’avions renifleurs, Albin Chalandon, et de son épouse Catherine Nay, que la jeune Rachida subodore des parfums de pygmalions. On la fait entrer dans l’entreprise, puis en tant que médiatrice de l’Éducation nationale. Mais en 2002, elle se retrouve auprès du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, où elle « papillonne mais ne travaille pas beaucoup. ». Un peu comme dans la magistrature, mais son supérieur de ministre est plus indulgent que ses présidents de cours qui l’auraient « très mal notée », notamment en raison d’absences répétées, selon son dossier administratif.
À Bauveau, elle procrastine un max, désertant son bureau pour éviter d’être importunée. Mais elle sait s’entourer, et entourer.

Une Garde qui ne sent pas des pieds

Propulsée garde des Sceaux, Rachida Dati fait employer simultanément quatre ou cinq cabinets de conseils en publicité ou image de marque. Bah, divers avis valent mieux qu’un et les conversations sont plus plaisantes qu’avec les magistrats. Elle soigne sa mise, n’hésitant pas à conserver les atours que de grands couturiers lui prêtent. Au point de se voir menacer d’un huissier par la maison Saint-Laurent.
Mais pour les collants, les crèmes de jour, de nuit, de matinée, soirée, pour les baumes capillaires, les gommages, &c., il lui est plus difficile d’en faire la publicité. Du coup, ses frais de représentations gonflent jusqu’à atteindre 270 000 euros de l’an. Ce n’est point tout à fait Erzsébet Bathory, surnommée la comtesse Dracula, qui pratiquait six langues, et les régénérateurs ou lotions à divers placentas ont dû lui suffire.  

Éclectique et électrique

Albin Chalandon mouillé dans l’affaire des frères Chaumet étant tombé en disgrâce, Rachida Dati se rapproche d’Henri Proglio, à présent patron d’EDF, par l’intermédiaire d’Alexandre Djouhri (le principal protagoniste de La République des mallettes). Lequel lui avait loué un coquet appartement dans un arrondissement chic, et embaucha l’une de ses sœurs. Rachida Dati couchera aussi aux frais de la Princesse Tam Tam dont les héritiers de sa fondatrice se voient sans doute opposer la réquisition des logements vacants ou l’exemption des locations à titre gracieux en hiver.
En juillet 2008, c’est le Pdg du groupe Barrière qui aurait loué pour elle un pied-à-terre. Oui, mais les lois Woerth et Proto sur les jeux en ligne font un peu trop parler d’elles. Difficile pour une garde des Sceaux de se faire héberger dans l’annexe d’un casino.

Comme le résume Philippe Moreau Chevrolet dans Le Plus (Nouvel Obs’), Le Point aurait fait de Rachida Dati « une demi-mondaine ». En termes plus clairs : une courtisane, une gourgandine. Zahia passée chez Lagerfeld, précise le même, une Karima El Mahroug, dite Ruby ravisseuse de cœurs, qui aurait troqué Berlusconi pour Sarkozy, sans avoir à passer par la case trottoir ou les films X. Là, ce n’est plus à l’ancienne ministre, maire (future de Paris et présidente de son département, comme elle le souhaite), qu’on s’attaque, mais à la môman d’une ch’tite fille de seulement trois ans. C’est du moins ce que Rachida Dati, qui sait évoquer sa Zohra quand cela lui convient, invoque sur un ton éploré.
« Madame la Justice, protégez la fille-mère et surtout son orpheline de père », geint en substance l’outragée qui, à sa plainte du 15 octobre dernier contre Le Point, en ajoute une seconde.

Du Point aux antipodes

Elle devrait aussi poursuivre The Australian, qui résume « près du château de Versailles, il est débattu entre avocats, de la vie privée de la femme qui régna un temps en favorite de la cour de Nicolas Sarkozy. ».

On ne peut pas, comme le reprend le d’habitude plus réservé Telegraph (Londres), réclamer d’un côté que soit révélées les triples ou quadruples vies intimes de certains politiciens ou hommes d’affaires, ce que fit Rachida Dati au prétexte de voler au secours de Valérie Trierweiler, et ne pas s’exposer à ce que l’Australian Financial Times liste la ronde des amants d’une vie sexuelle « olé-olé » (colourful admorous adventures).

C’est ce que soutiendront sans doute Franz-Olivier Giesbert, du Point, et sa « bande de soi-disant journalistes ». Lesquels n’ont peut-être pas une vie privée irréprochable, mais ne réagissent pas de la sorte lorsque, par exemple, un Guy Carlier voit son épouse le répudier publiquement dans la presse en le qualifiant de quasi-maniaque sexuel (voir l’un de nos précédents articles). Rachida Dati réclame de même à Voici 50 000 euros pour elle-même, 50 000 autres pour sa fille. Si une journaleuse osait, parquet et tribunal se retiendraient de pouffer de rire.
Certes Valérie Tierweiler demande 85 000 euros aux auteurs de La Frondeuse ainsi qu’à leur éditeur, Les Éditions du moment (comparution le 10 décembre prochain), mais cela peut paraître excessif, d’autant que les faits (une présumée liaison avec Patrick Devedjian) sont anciens.

Le Frankfurter Rundschau titre « Sexe, menteries et politique ». Pour une fois plus châtié, l’Evening Standard estime que la saga Dati confirme le stéréotype de la Française nue sous un imperméable et se donnant à des inconnus comme dans le film Belle de jour. Ce qui n’empêche point, comme le narre Le Point d’être « assidue aux messes de Sainte-Clotilde ». On peut y faire d’intéressantes rencontres, nouer des contacts, voire discrètement fixer des rendez-vous par texto d’un rang à l’autre.
En sus, c’est finalement beaucoup plus discret, loin des caméras de surveillance, pour remettre de l’argent en liquide : les obligés des El Maleh de Suisse et de France auraient dû y songer, mais c’est une toute autre histoire.

« Huit amants simultanément » titre imprudemment le roumain Ziarul National. À la suite et en un trimestre serait plus proche de ce que laisse entendre Le Point. Dati « cauchemar d’Aznar » estime La Verdad de Murcie, qui craint que l’ancien chef de l’État espagnol, José Maria Aznar, se voit aussi réclamer un test. Ce dernier publiera ses mémoires le 27 novembre prochain. Il ne s’agira que du premier volume, si le récit est chronologique, sa liaison présumée bénéficiera d’un sursis.

Contradictions

On se souvient que la grossesse de l’ex-ministre avait « justifié » un sondage commandité par l’Élysée. Pas de sondage préalable pour Rachida Dati et le choix de ses tenues, dont une broderie lui a valu de devoir préciser, sans convaincre, « ce n’est pas du tout une feuille de cannabis. ». Elle aurait pu consulter simplement François Fillon qui, selon une indiscrétion, n’aurait pas su garder pour lui « une information sensible » sur son ancienne ministre  dont au moins Laurent Wauquiez, qui s’était refusé à la confier au Canard enchaîné, aurait été informé.

Décorée des insignes de Grand officier du Wissam Al Aloui marocain, en dépit de la loi marocaine voulant que « toutes personnes de sexe différent n’étant pas unies par les liens du mariage » encourent une peine d’un mois à un an en cas de relations sexuelles (autant donc, en avoir de multiples pour que cela en vaille la peine pénale), Rachida Dati a au moins un appui. Laurence Mayer, une juriste, comme le rappelle aujourd’hui le Calgary Herald, estime que Dati « ne rendra pas ridicule ».

C’est pourtant déjà, puisque, remémore le même titre canadien, elle avait fait poursuivre en justice deux détenus qui avaient osé revendiquer la paternité de la petite Zohra. Franchement, avoir deux pères volontaires sous la main et aller en chercher un troisième (en attendant peut-être un quatrième, un cinquième…), sans compter sans doute des propositions d’adoption tout à fait exemptes des foudres de la loi, est-ce bien sérieux ?
La verra-t-on aussi critiquer véhémentement le rapport Jospin alors qu’elle cumule une mairie et un mandat de députée européenne, avec l’assiduité de l’on sait ?
Vite, un sondage, un un bain de lait d’ânesse pour mieux en pondérer les résultats… Attendons donc que Rachida Dati s’exprime sur le cumul des mandats. D’habitude, elle n’en rate pas une pour attirer l’attention. Frôler ou dépasser le ridicule ne la décourage pas.