Rabibochage Copé-Fillon : comment sera réparti le pognon ?

Ayé, Jean-François Copé et François Fillon ressortiront sans doute bras dessus, bras dessous, d’un nième tête à tête, ce soir, après 18 heures, à l’Assemblée nationale. On aura sans doute droit à de belles déclarations sur la démocratie, la base militante, &c. La date approximative d’un nouveau vote sera annoncée (quand au juste, au fur et à mesure que la date se rapprochera, sera une autre histoire), et les députés du Rump (Rassemblement-UMP) pourraient regagner le giron du groupe parlementaire UMP. Ce qui ne sera sans doute pas annoncé, c’est la modalité de répartition du grisbi.

Très intéressants articles de François Krug, de Rue89, sur les modalités de répartition des 42 000 euros que chaque parlementaire, député ou sénateur, rapporte à un parti politique… qui n’est pas forcément celui sous les couleurs duquel les hommes politiques se font élire.

Les articles sont et , et il suffit de les consulter. Ils détaillent les listes, publiées sur les sites du Sénat et de l’Assemblée nationale, « des déclarations de rattachement aux partis politiques pour 2013 (…) établies en application de l’art. 9 de la loi du 11 mars 1988 modifiée relative à la transparence financière de la vie politique ».

Connaissez-vous l’Urcid (Union des radicaux, centristes, indépendants et démocrates) ? Vous souvenez-vous du Nouveau centre ? Que vous évoque les Indépendants de la France métropolitaine et d’outre-mer ? Il en est d’autres et de plus cocasses, avec des affiliations inattendues. C’est quoi au juste, « Le Rassemblement » ? Ou le bien nommé « Le Trèfle » ?

Au Sénat, Marie-Annick Duchêne, rattachée au groupe UMP, n’est rattachée à aucun parti. Tout comme Jean-François Humbert, lui aussi rattaché au groupe UMP, ou Virginie Klès (rattachée au groupe PS). Ce sont les trois exceptions à la règle. Se rattacher à un groupe parlementaire permet de bénéficier d’un temps de parole, se rattacher à un parti de le faire bénéficier (ou soi-même, si le dit parti y consent) d’une somme de 42 000 euros.

Ainsi, le Mouvement républicain et citoyen « émarge » à deux partis. Le PS pour trois députés, et le Modem, pour le sénateur Jean-Pierre Chevènement, qui se voit rendu l’intégralité de cette somme par le parti de François Bayrou, plutôt européaniste quand Chevènement se déclare davantage souverainiste.

On le sait, les députés du Rump (Rassemblement-UMP) ont décidé de rester rattachés à l’UMP. Ils auraient pu choisir un parti d’outre-mer ou Démocratie et République, du sénateur mosellan Jean-Louis Masson.

Tout cela permettrait de « faire campagne ». On se demande bien pourquoi, en France, pour faire campagne, de telles sommes sont nécessaires… Mais, bon… La question est sans doute incongrue.

Jean-Louis Masson avait déclaré « on essaie d’étouffer les petits partis (…) celui qui dit que je profite, il n’a qu’à venir payer mes campagnes. ». Admettons.

Le magot reste, mais la base ?

Toute la question, pour les « non-alignés », les futurs-anciens du Rump, et les autres, ceux du Canal historique UMP copéiste, sera de se mettre d’accord sur le flouze, la fraîche, le pognon, le grisbi… Gageons que cela sera étalé noir sur blanc, publié sur le site de l’UMP, brandi devant les caméras.

C’est beaucoup plus important que la date d’un futur vote (en septembre 2013, ou peut-être, pour des raisons assurément techniques, un peu plus tard), la répartition des postes et sièges dans des instances, ou la réforme des statuts.

En tout cas, l’hypothèse de voir le parrain Sarkozy dans le rôle du juge de paix répartissant les biftons s’est éloignée. Il peut certes y avoir ce soir « des points d’ajustement », selon Copé, à débattre, ou même subsister « des grains de sable », selon l’entourage de François Fillon, mais il n’est plus question d’évoquer des bourrages d’urnes, des procurations en blanc, des signatures imitées.

Jean-Pierre Raffarin, François Baroin, Bernard Accoyer, NKM, Le Maire, ayant joué les utilités pour les uns, les autres, ou eux-mêmes, sont priés de se retirer en coulisses. Quant à Guillaume Peltier, Geoffroy Didier et Camille Bedin, de la motion La Droite forte, il leur est demandé d’attendre leur tour. L’objectif de Geoffroy Didier, certes impatient, déclarant « dès qu’on essaie d’enfoncer une porte, nos aînés font tout pour qu’on n’entre pas : les barons veulent garder à tout prix leur pré carré », est peut-être de devenir président de la République, mais il devra patienter avant d’être adoubé. 

Au fait, le dissident UMP Sylvain Berrios a été élu avec 15 % des inscrits (l’abstention a été massive, dépassant les 90 % à Champigny, frôlant les 70 % à Saint-Maur même, la ville du député UMP-UDI battu) dans le Val-de-Marne, hier dimanche. Le combat a été familial (Plagnol ayant lancé la carrière de son successeur), mais la plupart des « cousins » ont préféré s’abstenir. En mairie, à l’annonce des résultats, il y avait, rapporte 94.citoyens.com, plus de journalistes que d’habitants (hormis les scrutateurs et rapporteurs des bureaux de vote).

Le rabibochage sera doute acté, mais pour faire revenir des adhérents et en trouver d’autres, ce ne sera pas si simple. Bah, ce ne sont pas vraiment eux qui remplissent les caisses.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !