Malgré tous les efforts dispensés par les grandes instances médiatico-politiques pour recentrer à tout prix le débat de la présidentielle 2012 autour du traditionnel clivage politique Droite/Gauche, le véritable enjeu économique de cette campagne prend désormais de plus en plus de place et semble faire grincer les dents des élites rebelles … à tout changement. Ainsi la sortie du livre Révolutions écrit par Matthieu Pigasse, directeur général de la banque d’affaires Lazard et fervent défenseur de l’Europe comme de l’Euro, est un manifeste qui tente d’expliquer que si nous en sommes là aujourd’hui, c’est parce que nous n’avons pas été assez loin dans l’Europe et dans l’Euro, et que selon lui, le seul remède est "encore et toujours plus d’Europe". Bref, une apologie du "surtout que rien ne change" aux accents révolutionnaires. La stratégie est simple : partant du constat, manifestement alarmant pour lui au point qu’il en écrive un livre, que le peuple est au bord d’une révolution populaire anti-européenne, il a l’idée d’exploiter le filon dans une communication  reposant sur l’idée que rien changer à ce système, c’est ça la vraie révolution. Idée géniale, non? Séguéla n’aurait pas fait mieux. Bien tenté, mais très insuffisant quand même, de la part de ce punk ultra-libéral (d’ailleurs, cherchez l’erreur! Les punks sont des anarchistes proudhoniens et certainement pas des ultra-libéraux patrons de grosses banques. Qui a déjà écouté une seule fois les Sex Pistols dont le titre évocateur de l’album "Anarchy in the UK", ou encore les Béruriers Noirs comprend la vraie symbolique de la musique punk ). Bref, Matthieu Pigasse représente cette élite qui cherche par tous les moyens à éviter que son système d’enrichissement ne s’effondre. Jusqu’alors bien caché, l’empire néo-libéral qu’il incarne se dévoile maintenant au plus grand nombre sur la place publique, au point de devenir l’axe majeur qui va déterminer le 22 avril prochain le choix de vote des citoyens.

L’enjeu de la campagne électorale de 2012 ne se situe donc plus dans le conflit classique droite/gauche mais se centre résolument sur l’opposition économique Libéralisme/Anti-libéralisme, Europe/Anti-Europe (les deux conflits étant liés profondément), ce qui est historiquement une nouveauté sous la cinquième république.

 

 

La politique menée à Bruxelles réduisant les gouvernants nationaux au simple rang de gestionnaires de l’état « France », a accéléré la préhension des citoyens sur les causes réelles des défaillances de leur pays, à savoir le système économique néo-libéral mis en place. En cédant à l’impérialisme européen, les nations ont ainsi abandonné tout leur pouvoir de décision au profit de la sacro-sainte « Grande Europe » , en s’écartant de fait des citoyens populaires, dernières roues du carrosse nommé « néo-libéralisme européen ». Toutefois, les choses et les lignes changent. Loin de pouvoir encore être dupés par la politique-leurre  Droite/Gauche, qui n’est autre qu’une ruse utilisée depuis 1981 pour apaiser le peuple en lui faisant croire dans un artificiel espoir providentiel que « avec nous, ça va changer ! », les citoyens semblent découvrir aujourd’hui toute la tragique stratégie d’une « politique-illusion », politique-fiction pourrions-nous dire plus précisément,  ne servant finalement que les seuls intérêts des dirigeants du CAC40 pour faire valoir encore et toujours plus leur système en toute impunité, car gardés jusque là invisible aux yeux des citoyens grâce aux « politiques-tampons »… mais jusque là seulement! 

 

La « politique-leurre » menée tambours battants par F. Mitterrand durant près de quatorze ans, ou plus exactement depuis 1983 jusqu’à la fin de son règne en 1995, a amorcé les premières mises au jour de cette mascarade politicienne en démontrant au peuple par la preuve que les promesses économiques énoncées avec force et fracas pendant les campagnes électorales sont tout bonnement factices. En 1981 comme en 1988, en votant pour le candidat du Parti Socialiste (donc logiquement parti anti-libéral), le peuple a cru voter en toute bonne foi pour un modèle économique Socialiste, c’est-à-dire voisin du modèle érigé par Karl Marx. Modèle fétiche prôné avec ferveur par le P.S. tant et si bien que celui-ci n’a pas hésité à l’estampiller tout-de-go dans son sigle-même, histoire de ne laisser aucune ambiguïté sur les intentions économiques de ce parti politique et de bien faire entrer le message : «SOCIALISTE » . Cela veut dire ce que cela veut dire. Plus qu’un sous-entendu, c’est carrément une promesse qu’on assène et qu’on titre perpétuellement. Promesse fausse naturellement, ce que le peuple français a vite compris mais n’a pas encore oublié, en privant depuis 1995 la gauche du pouvoir suprême pendant plus de 15 ans d’affilée après ce constat désopilant. Judas de la politique, on ne fait plus confiance à la gauche qui a mené une politique néo-libérale classiquement réservée à la droite. La gauche mitterrandienne (dite, et on comprend maintenant pourquoi, « gauche caviar ») en a même été à l’initiative avec la construction européenne et les premiers traités à commencer par celui de Maastricht en 1993, symbole absolu de cette ultra radicalisation néo-libérale du P.S., dépassant les avis de quelques personnalités de droite, eux-mêmes plus modérés dans leur conception du libéralisme et opposés à cette Europe-là à venir, comme le sage Philippe Séguin.

La gauche pactise donc avec le diable de l’économie ultra-libérale et se délie en même temps du tout dernier lien supposé social avec le peuple, qui ne subsiste que dans le sigle. Le P.S. est devenu le parti du système (néo-libéral).

                                                                                                                           

Après cette déconfiture, le peuple en colère bascule massivement à droite pensant y être finalement mieux entendue et choisit d’élire en 1995 un Chirac plus modéré, puis en 2007 un Sarkozy, perçu comme plus efficace. En tous cas, deux personnages de droite qui ont su faire renaître des promesses de « plus social » oubliées par la gauche. C’est d’ailleurs toute l’ironie des deux septennats de F. Mitterrand : avoir démontré au peuple que la gauche ne fait pas mieux que la droite pour défendre ses intérêts, au contraire même car cette fameuse droite reconnaît, elle, ses préoccupations comme celles sur l’immigration (« indécence !» crierait la gauche, la même qui a créé l’immigration massive et fait passer une loi sur le regroupement familial) ou encore le chômage, deux points littéralement abandonnés voire tabouisés par le P.S. La plaie est longue à cicatriser et le peuple français n’est pas encore prêt d’oublier -encore moins d’effacer- « l’arnaque du P.S. » , orchestrée en tous points pendant 14 ans par F. Mitterrand et ses acolytes, les mêmes que l’on retrouve autour d’Hollande (d’où l’échec aux primaires de Martine Aubry, fille de Delors, proche d’Attali et bien sûr de F. Mitterrand qui incarne trop cette « gauche-pourrie-d’avant »).

 

Mais c’était sans compter avec « l’arnaque de l’UMP » qui s’est invitée au bal depuis 2007. N. Sarkozy a, à son tour, causé une profonde déception auprès d’un très grand nombre de citoyens qui lui avaient fait confiance et avaient cru aux promesses électorales de cet hyper-candidat UMP. A nouveau, ils se sentent roulés, dupés, trahis, à la hauteur de ce qu’avaient été leur espérance. Après l’avertissement de 2002, l’UMP n’a toujours pas voulu entendre le peuple mécontent.

 

Cette dérive de l’UMP, après celle du PS, a démontré aux citoyens français que la politique ne correspond manifestement pas à la réalité économique, et qu’en cela la politique sert de leurre, de bouclier ou de tampon à une machine beaucoup plus énorme qui la domine : la machine économique néo-libérale.

F. Mitterrand l’a mis en place en France à partir de 1983, dans un machiavélisme rarement atteint que l’on doit à l’orchestre des Frères Jacques –  Ségéla et Attali bien sûr – qui ont su exploiter le filon social(iste) pour manœuvrer et arracher, par la ruse et la publicité (mensongère, cela va sans dire…), aux citoyens crédules et naïfs, deux victoires présidentielles coups sur coups et tous les pouvoirs associés.

N. Sarkozy, lui, l’a relancé malgré le sursaut du peuple qui avait voté « NON » au référendum de 2004 sur la poursuite de la construction européenne, prenant conscience que cela ne lui rapportait rien et même au-delà : le peuple a compris que cela allait ruiner à plus ou moins longue échéance sa nation. Dans un réveil démocratique, le peuple français avait choisi de reprendre son « OUI » de 1993, comme un divorce à l’amiable où chacun choisit de reprendre la route seul. "Tout le monde peut se tromper", dirait le vieil adage populaire. N. Sarkozy s’est pourtant empressé de marcher sur les pieds de ce dernier élan patriotique français en les déboutant littéralement de LEUR décision on-ne-peut-plus légitime puisqu’issue des urnes. Comme un mari qui force sa femme à rester avec lui quand elle n’est plus amoureuse, quitte à utiliser la menace et la violence pour cela. Comme une dictature où l’on décide d’avance qui sera le Président, quelque soit le résultat des futures élections citoyennes.

 

Ainsi, après la trahison de la gauche est venue se greffer celle de la droite. Cela n’a évidemment pas manqué de soulever la question de la connivence entre ces deux seuls partis « gouvernementables », qui ne s’opposent manifestement plus en rien dans les faits, et d’être exploité dans l’argumentation politique des autres partis. C’est le cas de la nouvelle candidate frontiste, Marine Le Pen, qui n’a pas hésité à souligner cette situation dans la contraction-choc d’« UMPS » résumant en un clin d’œil l’intrication de ces deux partis politiques autour de la même instance : l’instance économique néo-libérale. Ce système révèle aujourd’hui aux yeux de tous tout son impact sur les politiques menées depuis trente ans, se situant en amont de la « simple » politique. C’est l’économie qui gouverne, pas le politique qui n’en est que sa caricature ou son faire-valoir. Un système économique ultra-libéral qui montre aussi ses limites face à un peuple en colère…

 

Cette instance néo-libérale représentée en la personne de Madame Laurence Parisot en France, qui elle-même représente prioritairement les grands patrons du CAC40, est la seule instance qui orchestre tout le système politique exhorté de la soutenir bec et ongle, tout parti confondu. Pas de financement de campagne sinon. Et si les financements sont quand même trouvés mais que le risque de voir jaillir une vraie politique anti-libérale populaire est trop grand, on agitera alors sur l’opinion -naïve et manipulable – le drapeau jaune de « Touche pas à mon pote » (n’est-ce pas, Monsieur Rocard ?…) ou bien encore les fanions communautaristes de "SOS Racisme", leurres et dérivés pour tenter de fausser le jeu et de faire oublier les réalités économiques par la bien-pensance UMPS qui a trouvé là sa pierre philosophale pour maîtriser le peuple, ou l’art de manipuler un vrai problème économique en fausse problématique philosophique, théologique, c’est-à-dire en soi-disant morale… D’où la fameuse incarnation de « la bien-pensance (UM)PS » qui s’est profilé au fil des années par cette gigantesque manipulation des masses (et des cerveaux les plus faibles), comme autant de moyens faciles et tout trouvés pour continuer à faire comme si de rien n’était en faisant croire au peuple (ou gober, au choix ) que tout cela est parfaitement « moral » !..Invraisemblance absolue d’une politique-fiction. Même Machiavel n’aurait pas trouvé mieux.  Mais quand on sait que l’une des phrases que Mitterrand a dites à l’un de ses plus proches conseillers est : « N’avouez jamais », ou encore "Après moi le déluge", on pense pouvoir comprendre un peu mieux toute la « moralité » du personnage.

 

L’UMP et le PS roulent donc bien pour une seule et même institution : celle des patrons du CAC40, de la libéralisation des capitaux, de la main d’œuvre bon marché, de la concurrence déloyale et de la monnaie unique. F. Mitterrand a inventé le néo-libéralisme en France, N. Sarkozy, en digne héritier et fils spirituel de ce dernier, n’a fait qu’enfoncer le clou encore plus fort… dans les fesses des citoyens français.

 

La question aujourd’hui est de voir qui sont les partis néo-libéraux et leurs contraires, c’est-à-dire les partis anti-libéraux populaires. La dialectique a fondamentalement changé : il ne s’agit plus aujourd’hui de savoir « si on est de droite ou de gauche » mais  si on est libéral ou anti-libéral. En d’autres termes, les choix des citoyens se feront sur essentiellement sur ces nouveaux clivages : si on est pour la continuité de l’Europe ou pour sortir progressivement de celle-ci,  si on est internationaliste – mondialiste ou si l’on est nationaliste, si l’on est pour l’Euro, monnaie unique européenne ou pour le retour au Franc, si on est pour l’ouverture des marchés et des hommes ou le rétablissement des frontières et des taxes de douanes, si on est pour la désindustrialisation de la France ou pour la reconquête industrielle du pays.

Sujet encore tabou par les médias représentant l’establishment, c’est pourtant bien autour de ces seules questions que va se baser tous les choix décisifs des français pour la présidentielle 2012. Le seul enjeu est là.

Et sur ces bases, on constate que 4 partis sont pro-libéraux :UMP, PS, Modem, Front de Gauche (le leurre du PS pour « râtisser » plus large et qui appelle déjà à voter Hollande au second tour), 3 anti-libéraux : Front National, Debout la république, Jacques Cheminade. Le N.P.A., parti internationaliste qui invite ses électeurs à voter aussi Mélenchon – donc Hollande – s’inscrit par le fait dans la catégorie des partis libéraux, ouverts sur la libre circulation des biens, des monnaies et des « travailleurs ».

 

En clair, aujourd’hui le débat droite/gauche n’existe plus . Le masque vient de tomber.

 

En ce sens, la prochaine élection revêt un caractère tout à fait singulier -voire emblématique- car le peuple se trouvera pour la première fois face à un choix des plus cornéliens. Il s’agira de la première élection qui ne se fera plus autour de la traditionnelle opposition Droite – Gauche, mais autour seulement d’un système économique. 

 

En la matière, des indécisions vont persister jusqu’au 22 avril prochain devant l’urne car :

 

1/ Comment faire à nouveau confiance aux deux grands partis politiques traditionnels, PS et UMP, qui n’ont fait jusque-là que de la publicité politicienne électoraliste sans tenir ensuite, le pouvoir enfin acquis (plus justement confié par le peuple), aucune des promesses énoncées pendant la campagne qui visaient toutes à remettre les intérêts réels du peuple en avant sur l’échiquier économique ?

 

2/ Comment redonner du crédit à une gauche machiavélique qui a trahi au sommet ses électeurs pendant plus de 14 ans et par qui tout a commencé ?

 

3/ Comment réélire une droite qui n’a fait que prolonger l’œuvre mitterrandienne d’ultra-libéralisation de la France, en augmentant encore plus le clivage riches / pauvres, et en s’enfonçant encore plus dans une Europe injuste, qui ruine et spolie de son propre pouvoir toute la nation ?  

 

4/ Comment voter pour un(e) candidat(e) qui semblerait représenter le mieux les intérêts populaires et de la nation, mais dont l’effet de la culpabilisation médiatico-politique a été si forte depuis 30 ans qu’on hésite encore à oser transgresser le dictat du fameux politiquement bien-pensant ?

 

Confiance bafouée, intérêts opposés, les politiques au service d’un système économique libéral injuste semblent avoir tous oubliés le peuple qui les élisent.

 

Difficile d’aller voter en de telles conditions, et surtout de savoir pour quel candidat.

 

Le désastre économique et social de ces deux partis politiques qui ont gouvernés depuis trente ans le pays désespère le peuple de la politique. Si la politique ne peut rien contre l’économique, à quoi bon alors aller voter ? L’abstention, c’est-à-dire le retrait, prime dans un jeu qui n’amuse plus, car les règles en ont été truquées par l’un des joueurs qui, lui, ne joue pas « honnête ». Est-ce qu’on jouerait encore avec un partenaire qui ne ferait que tricher et toujours gagner par la ruse à tous les coups ? Non. On déciderait d’arrêter le jeu et de quitter la table (des négociations). C’est ce que se préparent à faire des milliers de français demain.  Puisque tous les coups sont permis et que le vainqueur est toujours le même, beaucoup choisiront de se retirer de la parti (et des partis…), comprenant que leurs intérêts ne sont pas là.  On ne joue pas avec les mêmes règles. On peut comprendre cette attitude liée à la trahison que l’on ne veut plus subir encore et au désespoir qui se cache derrière.

 

Mais s’en remettre à la providence, c’est délaisser son pouvoir -même infime- au moment de choix décisifs. Il faut faire preuve de courage et ne pas se laisser aller à la facilité de l’abstentionnisme, qui ne constituera jamais une réponse populaire. Bien au contraire. Rappelons qu’à chaque fois que le peuple s’est abstenu de voter, c’est ce qui a donné pouvoir aux partis libéraux. A l’inverse, lorsque le peuple s’est massivement déplacé pour décider pour sa nation, c’est le vote populaire qui s’est énoncée, comme en 2004 pour le "NON" à l’Europe. Voter anti-libéral, c’est voter quelque chose,  c’est-à-dire un(e) candidat(e) issu(e) d’un vrai parti anti-libéral, peu importe si cela est perçu par le quand-dira-t-on comme "politiquement incorrect". Il est temps aujourd’hui de prendre ses vraies responsabilités de citoyen en ne renonçant pas à son presque seul pouvoir démocratique. Mieux vaut un anti-libéralisme de droite qu’un libéralisme de gauche, posture partagée par beaucoup de personnalités, dont le philosophe Michel Onfray.

 

Ne nous trompons plus dans nos choix : nous n’en avons plus le droit.