Ca y est ! La commission sur l'avenir de l'audiovisuel public (commission Copé pour les intimes) a rendu hier les conclusions de ses réflexions à Nicolas Sarkozy. Média global, entreprise unique, identité des chaînes et surtout financement : tentons d'y voir plus clair.

Financement

La publicité disparaîtra des antennes de France Télévisions d'ici trois ans. Le rapport établi par la commission Copé préconise une suppression progressive à partir de septembre 2009. Ce sera finalement dès janvier prochain, a annoncé Nicolas Sarkozy. A partir de cette date, on ne verra plus de spot pub entre 20 heures et 6 heures du matin sur les chaînes publiques. Et dès le 1er septembre 2011, on n'en verra plus du tout. Si pourtant, car il y aura des exceptions : le parrainage, la publicité sur RFO et les antennes régionales de France 3 et la publicité d'intérêt général.

Alors, comment le service public va-t-il trouver ses ressources ? La commission s'oppose à augmenter la redevance au-delà de l'indexation de l'inflation. En revanche, elle propose de taxer le chiffre d'affaire des fournisseurs d'accès à Internet et des opérateurs de téléphonies mobiles. D'où l'annonce de la mise en place de deux taxes par le président de la République. Ainsi, le chiffre d'affaires des opérateurs de télécommunications sera taxé à hauteur de 0,9% (plus que les 0,5% prévus par le rapport), tandis que le chiffre d'affaires publicitaire des chaînes de télévision privées le sera à 3%. Si, comme l'affirment certains, Nicolas Sarkozy fait un cadeau à ses "amis" qui dirigent ces chaînes en supprimant la publicité sur le service public, il les met donc à contribution en contrepartie pour combler le trou que provoquera cette suppression.

Gouvernance

Nicolas Sarkozy a annoncé que le mode de gouvernance serait modifié. Le PDG de France Télévisions, actuellement désigné par le CSA, sera désormais nommé par le gouvernement "après avis du CSA et sous réserve que la majorité qualifiée de l'Assemblée Nationale ne s'y oppose pas". A ceux qui crient à la prise de contrôle de la télévision par l'Etat (PS et MoDem notamment), la ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel a rétorqué ce matin sur France Info qu'il était logique que l'actionnaire nomme les dirigeants d'une entreprise. Pour ses défenseurs, ce mode de nomination devrait aussi éviter les intrigues et les magouilles qui pourraient être menées par des prétendants au siège de président.

Cette mesure pose une question : s'appliquera-t-elle dès cet automne (date du vote de la loi par le Parlement) ou à la fin du mandat de Patrick de Carolis, l'actuel PDG ? En d'autres termes, ce dernier sera-t-il remplacé prématurément ? Dans le Monde daté de demain, Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, répond en substance oui à cette interrogation…

Identité

Suivant les préconisations de la commission Copé, le chef de l'Etat a annoncé un renforcement de l'identité des chaînes. France 2 sera la chaîne grand public, France 3 la chaîne des régions, France 5 la chaîne du savoir et de la découverte, France Ô la chaîne de l'outre-mer.

Modèle

La commission conseille l'adoption par France Télévisions du modèle du média global, mis en pratique par de plus en plus de médias en France, pour regrouper sous la même structure toutes les nouvelles technologies, et en particulier Internet.

Structure

Les 49 sociétés qui composent France Télévisions devraient être regroupées en une seule et même entité, présidée par une personne. Un président unique pour une entreprise unique, en somme.

Voici donc les principales modifications que devrait subir notre service de télévision public dans les années à venir. Tout n'est pas encore décidé, mais les grands axes sont donnés. "C'était beaucoup de travail !" a conclu Jean-François Copé en présentant les mesures préconisées par sa commission. Il est reste sûrement encore plus à faire.