Ce qui se passe en ce moment au Québec ne semble pas passionner les médias européens. Bien sûr, ça n’a pas le même impact que les printemps arabes de l’an dernier, mais c’est pourtant important et tout aussi intéressant. Ce n’est pas dans la culture des Américains du Nord de manifester dans la rue, surtout quand il s’agit de la défense de libertés fondamentales qu’on ne pensait pas voir mises en danger dans ce genre de pays. Et pourtant … 

L’actuel gouvernement libéral conduit par un certain Jean Charest vient de subir une déconvenue qu’il n’avait pas prévue. Première erreur : augmenter les frais de scolarité des étudiants déjà très élevés de 75 % en cinq ans ! Evidemment ce genre de décision fait l’effet d’une bombe et les étudiants descendent dans la rue pour exprimer leur colère justifiée. 

Deuxième erreur : le gouvernement fait voter à la hâte une loi scélérate, la loi 78, appelée là-bas « la loi matraque », qui interdit les manifestations illégales et le droit de grève. Une loi digne des régimes les plus totalitaires.

Cette fois, c’en est trop et en plus de voir les étudiants dans la rue, c’est leurs parents et tous les citoyens qui n’admettent pas de voir leurs libertés remises en cause qui manifestent à leur tour. Tous les soirs à 20 heures, partout dans la Belle Province, c’est « concert de casseroles », les habitants sortent dans la rue et font du bruit pour faire comprendre au pouvoir médusé leur mécontentement et leur colère. Colère d’autant plus justifiée, que des soupçons de corruption entachent la gestion du Parti libéral. Voilà trois mois que cela dure et on ne voit pas comment cette crise pourrait s’arranger. Les étudiants radicalisent leur position et les discussions qui s’engagent  seront difficiles car de son côté le gouvernement ne veut pas perdre la face.

Qui est le plus à plaindre ? Celui qui n’a jamais connu la liberté et qui lutte pour l’avoir ou celui qui est libre depuis si longtemps et qui sent qu’on lui grignote sa liberté ?