va-t-on le laisser massacrer son peuple ?

 

C’est donc une guerre qui s’est engagée par l’obstination de Mouammar Kadhafi au pouvoir depuis presque 42 années, quel est son intérêt rejeté par tous ? À moins qu’il soit soutenu par d’autres pays qui verraient dans sa chute une extension de la révolte de cette jeunesse avide de liberté à leur pays. Tous les régimes arabes ne subsistent que par la force de leur armée qui est toujours bien traitée étant le pilier de ces régimes l’Irak en fut un exemple, l’Iran sous une autre forme religieuse n’en est pas moins pire, une dictature des Ayatollas, mais aussi la Syrie, l’Arabie Saoudite, le Yémen et d’autres….En 1969, le colonel Mouammar Kadhafi, âgé de 27 ans, renverse le vieux roi Idris Senoussi, sans qu’une goutte de sang ne soit versée. Près de quarante-deux ans plus tard, les manifestations réclamant son départ sont réprimées dans le sang.

Notre conscience est meurtrie par cette obstination à vouloir garder un pouvoir après 42 années contre sa jeunesse, son peuple, qui représente le futur de son pays. Alors, on parle d’ingérence comme si c’était de l’ingérence que de permettre à cette jeunesse d’être libre. Certes les carcans que nous nous sommes imposés de respect de la souveraineté des peuples dans leur pays ne nous permet pas d’intervenir, mais ou est l’ingérence ? Dans un monde mondialisé économiquement toutes révoltes ont des conséquences sur les autres pays qui le compose. Ce qui se passe en Afrique du Nord comme au Proche-Orient porte sur notre politique, notre économie, ne serait-ce que par l’afflux des réfugiés aux portes de l’Europe. La Méditerranée est une voie d’évasion vers l’Italie qui se trouve submergée à Lampédusa et en Sicile et même ailleurs, la Corse en fut un exemple. Points d’arrivée des ces bootpeoples qui hébergés dans des camps, comment faire autrement, se dispersant dans la nature pour d’autres pays d’Europe. Difficile d’empêcher ces flux d’autant qu’il faut nourrir ces réfugiés et tout ce qui va avec.

Alors ou est l’ingérence ? Bien entendu, enter en Libye pour combattre les troupes de Kadhafi est impensable d’ailleurs ce peuple veut se libérer lui-même et il en a le droit, ce sera sa victoire, il ne faut pas la lui prendre, mais à quel prix ? La liberté ou la mort !

La population veut se libérer elle-même

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On ne peut laisser faire, il nous faut faire quelque chose, mais quoi ?

Pour Kadhafi une intervention de l’OTAN et des États-Unis conduirait à des milliers de morts, cet homme n’a pas d’autres mots que celui de la mort ! Mais au moment où j’écris ces lignes ces jeunes sans chef, sans appui autre que leur poitrine se font massacrer. Au sein de l’Alliance Atlantique le consensus n’y est pas comme l’a souligné Robert Gate secrétaire de la défense Américain. Le flou persiste pour un tel engagement. Pour le premier ministre Truc Recep Tayyip Erdogan, l’OTAN n’a rien à faire là-bas, il ne peut intervenir que lorsqu’un pays est attaqué, mais ne sommes-nous pas attaqués par cet afflux des réfugiés ? Moscou bien entendu exprime aussi son désaccord à une intervention de l’OTAN, ils ne reçoivent pas de réfugiés. S’implanter dans cette région serait certes mal vu même si c’est pour une bonne cause et l’on pourrait nous accuser de colonisation.

D’ailleurs Kadhafi ne s’en gêne pas, il accuse les Occidentaux dont la France de mener un complot colonialiste contre son pays dans un entretien diffusé mercredi 09 au matin par la chaîne d’informations LCI. Interrogé sur les positions des Occidentaux, et notamment de Paris, qui ont apporté leur soutien aux insurgés, le colonel, isolé et sommé de toutes parts de quitter le pouvoir, a répondu, «Ils veulent coloniser la Libye à nouveau. C’est un complot colonialiste». Également interrogé sur le fait de savoir s’il envisageait des «mesures de représailles» contre la France, Kadhafi s’est borné à lancer un laconique «on verra», tout en se disant confiant sur de futures «visites» en Europe «une fois que tout cela sera terminé», de Al-Oufok .

Dans la suite de ce bras de fer entre Sarkozy et Kadhafi, notre diplomatie a reconnu jeudi 10 mars que seul le Comité National Libyen était le représentant du peuple, alors que notre cheftaine à Bruxelles Catherine Ashton s’est opposée à cette reconnaissance ainsi que l’Allemagne qui ne veut s’embarquer dans un conflit au Proche-Orient accusant Sarkozy de division de l’Europe et de faire le jeu de Kadhafi, on voit de suite les limites politiques de cette Union, tous sont restés interloqués de cette prise de position unilatérale de Sarkozy.

Nous sommes ainsi le premier pays à reconnaître cette rébellion comme représentante du peuple Libyen. Dans le droit fil de cette reconnaissance Kadhafi menace de révéler des secrets en lien avec le financement de sa campagne électorale qui lui feraient perdre les élections ? Pour marquer son engagement notre président envisage à Benghazy la représentation provisoire d’une Ambassade. Bernard Henri Levy, (que fait-il dans cette affaire ?), il aurait appelé le président à la suite de son voyage en Libye en lui disant avoir rencontré des hommes remarquables, acceptez-vous de les recevoir, et Nicolas Sarkozy aurait répondu oui, sur Europe 1 le 10 mars. Présent à l’entretien avec un des émissaires Al Essaoui de la délégation Libyenne du CNL, il précise que le nouvel ambassadeur de la Libye en France sera accrédité dans les jours qui viennent.

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Nicolas Sarkozy a reçu à l’Élysée deux émissaires du CNT, jeudi 10 mars 2011. Reuters, document, rfi.

Alors dans ce flou, et eu égard aux bombardements de son peuple on parle de zone d’exclusion aérienne comme si cela pouvait s’effectuer aisément. Toute intervention aérienne demande au préalable la neutralisation des défenses, ce qui signifie un acte de guerre, impossible. Mais cela ne gène pas notre président qui veut présenter un plan global à Bruxelles consistant, outre une action humanitaire renforcée, des actions aériennes ciblées sur l’aéroport militaire de Syrte, celui de Sebha et le camp de Bab al-Azizia, résidence du guide de la révolution, dans le cas d’utilisations d’armes chimiques ou sur des manifestants sans violence. Mais on rêve !

Pour l’Union Européenne l’opposition Libyenne serait devenue, vendredi 11/03 lors du sommet entre les chefs d’États, un interlocuteur légitime, par contre pas d’engagement militaire sans le feu vert du Conseil de Sécurité. Mais alors que fait-on si Kadhafi l’emporte d’autant que ses forces ont repris Zaouïah ?

Le samedi 12 mars la Ligue arabe réunie au Caire affine sa position en réclamant une Zone d’exclusion aérienne. Elle a appelé le Conseil de sécurité à autoriser cette zone estimant que Kadhafi avait perdu toute légitimité du fait des massacres contre son peuple.

Il y eu dans le passé des missions d’exclusion aérienne mais c’était sous mandat clair du Conseil de sécurité, ce qui n’est pas encore le cas. Alain Juppé s’est déclaré à pas d’intervention sans un mandat du Conseil de sécurité, nous en sommes là. Alors les Etats-Unis montrent leurs muscles avec leur porte avions Entreprise un monstre de guerre, et le porte hélicoptère Kearsarge et l’USS Ponce .

La ville de Ras Lanouf ou se trouve une raffinerie occupée par les insurgés a fait l’objet d’intenses bombardements mercredi 09/03, et les insurgés perdraient du terrain. Les bombardements ont eu lieu à un kilomètre de la raffinerie, et une immense explosion a été entendue près de l’usine ou l’on voyait des flammes de plusieurs centaines de mètres de hauteur. Une vingtaine d’obus d’artillerie de l’armée Libyenne sont tombés à proximité d’une position rebelle à environ 5 km à l’ouest de ce port pétrolier situé dans l’Est du pays. Dans la foulée, de très nombreux combattants rebelles Libyens, amassés dans des dizaines de véhicules, se sont repliés vers la ville. Venant de l’Ouest, ils se sont repliés après plusieurs bombardements par air et terre de Ras Lanouf. Les rebelles semblaient pourtant avoir gagné du terrain, tirant quelque 50 roquettes. Ce sont donc des attaques de mouvement qui ne constituent pas un front.

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Position rebelle aux abords de Ras Lanouf et de ses raffineries. REUTERS/Goran Tomasevic, document l’Express.fr

Dans ce contexte que peut-on faire si le Conseil de sécurité tarde à s’exprimer, quelle autre alternative pour empêcher un massacre que d’armer les rebelles, mais serait-ce suffisant eu égard aux bombardements ?

Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l’OTAN, a déclaré mercredi 09/03 que l’Alliance Atlantique ne cherchait pas à intervenir militairement en Libye, se contentant de se tenir prête à toute éventualité. «L’OTAN ne cherche pas à intervenir en Libye mais nous avons demandé à nos militaires de se préparer prudemment à toute éventualité», a-t-il dit à la chaîne de télévision Sky News.

Aux dernières infos du mercredi 09 Kadhafi chercherait une porte de sortie malgré la contre attaque qu’il mène contre les rebelles. Kadhafi aurait proposé aux insurgés de réunir le Congrès général du peuple faisant fonction de parlement pour une sortie honorable, annonce immédiatement démentie par le gouvernement Libyen. Du coté des insurgés il est confirmé que des intermédiaires de Tripoli s’étaient proposés pour entamer des négociations, qui furent rejetées par les insurgés donnant 72 heures à Kadhafi pour se retirer.

Nicolas Sarkozy dans ce contexte mouvant et d’indécision persiste et signe en affirmant une action sans mandat de l’ONU en mettant la condition que l’action militaire serait dirigée pour protéger les populations civiles désarmée et non violentes, encore un truc tordu !

Ce vent de changement démocratique sur le monde arabe né de la révolte en Tunisie puis en Egypte risque de se propager en Afrique du Nord et au Moyen-Orient si la Libye tombe aux mains de cette jeunesse. Cela annonce de grands changements géopolitiques dans cette région soumise depuis longtemps à des tensions liées au conflit Israélo-palestiniens, même si les révoltent n’ont aucun lien avec. Il est donc important de se placer si l’on veut avoir une influence sur cette partie du monde arabe ne serait que pour l’aider à la démocratie.