Comme le renseignement, la diplomatie parallèle est secrète. Son rôle est essentiel lorsque les négociations officielles sont impossibles. La diplomatie parallèle est souvent utile dans des affaires de libération d’otage mais aussi pour des enjeux plus importants, comme ce fut le cas pour la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Tôt ou tard, ces négociations de l’ombre sont reconnues officiellement. On constate que depuis une dizaine d’années, les révélations sont beaucoup plus rapides que par le passé.
Voici quelques cas célèbres de diplomatie parallèle :
1988 : La fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Si l’apartheid a officiellement pris fin en 1990, la décision a été prise en 1988 dans le désert de Kalahari, lors d’une rencontre informelle entre des représentants d’Afrique du Sud, d’Angola, du Mozambique et de France. Cette rencontre, initiée par l’homme d’affaires français Jean-Yves Ollivier, a permis la création de la Namibie, la légalisation du parti politique de l’ANC, la libération de Nelson Mandela et la fin du régime d’apartheid. C’est seulement en 1999, dans la revue de renom Politique Internationale, que Jean-Yves Ollivier a raconté l’histoire de cette réunion qui a pacifié l’Afrique australe.
2007 : La libération des infirmières bulgares. Depuis 1999, cinq infirmières et un médecin bulgares sont emprisonnés à vie en Libye pour avoir inoculé le virus du sida à des enfants. En 2007, Nicolas Sarkozy réussit à faire plier Kadhafi et libérer les prisonnier. Tout ça sans verser de pot de vin. Génie diplomatique ? Cinq ans plus tard, on apprend les coulisses des négociations, sous fonds de missiles français et de centrale nucléaire.
2009 : L’affaire Clotilde Reiss. Clotilde Reiss est une étudiante française emprisonnée à Téhéran pendant dix mois pour soupçon d’espionnage. Très relayée par la presse, sa libération « sans négociation » ne trompe pas longtemps les médias. Sa libération fut en partie conclue quand la France a autorisé l’extradition en Iran d’Ali Vakili Rad, incarcéré en France pour l’assassinat de l’ex-Premier ministre iranien Chapour Bakhtiar.
2011 : L’intervention de l’OTAN dans la guerre civile libyenne. Un diplomate atypique (pas du tout de l’ombre) a joué un grand rôle dans la décision du Président français Nicolas Sarkozy à soutenir les insurgés de Benghazi contre le régime de Kadafhi : Bernard-Henri Levy. Qu’est-ce qui a vraiment poussé l’éditorialiste mondain Bernard-Henri à intervenir personnellement en Libye pour mettre au pouvoir, in fine, des proches de Kadhafi et des miliciens proches d’Al-Qaïda ? Réaliser le film documentaire « Le Serment de Tobrouk » ? Sûrement, mais pas seulement… Sans doute les zones d’ombre de cette affaire nous seront révélées dans plusieurs années, comme c’est souvent le cas dans ce type d’interventions diplomatico-militaires.
Et aujourd’hui ?
Depuis 2011, on assiste à des pressions visant à intervenir en Syrie pour mettre fin au régime de Bachar El Assad. Là encore, les échanges diplomatiques de surface ne sont qu’une partie immergée de l’iceberg. On sait déjà qu’en Syrie, des insurgés étrangers sont entraînés et armés par la CIA et des pays étrangers comme l’Arabie saoudite et le Qatar. Mais dans l’ombre, qui agit en ce moment pour débloquer ce conflit ? Réponse dans quelques années.