L’immigration serait elle le fer de lance de la campagne présidentielle de 2012 en France ? A en croire Nicolas Sarkozy et la politique qu’il semble mener, oui. Et son ministère de l’intérieur compte bien faire battre les tambours et tirer son épingle du jeu. Si les associations antiracistes taxaient Brice Hortefeux de raciste, ils vont avoir du fil à retordre avec le nouveau venu de la place Beauvau.
Guéant donne le ton
Lors de l’intervention de la France en Libye, Claude Guéant a dérapé en vouloir être plus royal que le roi. C’est par le mot « croisade » que le ministre de l’intérieur avait alors défini l’intervention des puissances occidentales. Ce qui avait choqué toute l’opinion publique et les pays arabes en particulier car la croisade rappelle indubitablement les campagnes religieuses menées à Jérusalem. Si le ministre est revenue sur sa déclaration en reconnaissant que le mot n’avait pas sa place mais que l’opposition avait cherché à instrumentaliser ses propos en les faisant sortir de leurs contexte, il ne comptait pas en rester. Il s’est attiré les foudres de associations antiracistes an déclarant que « Les Français, à force d’immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s’imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale. ». Le ministre savait que cette phrase allait provoquer une polémique et c’était probablement l’objectif souhaité dans le contexte actuel de montée du FN, de durcissement de la loi sur l’immigration et de polémique autour du débat identitaire sur la laïcité et l’islam.
Une campagne savamment orchestrée.
Sarkozy savait ce qu’il faisait en plaçant son conseiller de longue date à la place d’un Hortefeux condamné, Guéant était en effet l’homme de la situation. Sarkozy récompensait ainsi l’homme qui a toujours été à son coté mais plaçait aussi un homme capable de lui ramener les voix de l’électorat de l’extrême droite car c’était bien l’objectif visé. Ainsi à trois jours des élections cantonales passées, Guéant avait choisit de hausser le ton. "Par exemple, on sait qu’à l’hôpital il y a un certain nombre de personnes qui refusent, pour des femmes, des soins prodigués par des hommes. Et bien, ce n’est pas admissible", a estimé le ministre. Un exemple choisi avec soin : ces cas, qui existent, concernent essentiellement des musulmans. Il avait même alors tenu à souligné que "Les agents des services publics évidemment ne doivent pas porter de signes religieux, manifester une quelconque préférence religieuse, mais les usagers du service public ne [le] doivent pas non plus", a-t-il souligné. Claude Guéant se souciait-il de la difficulté de mettre en pratique une interdiction du port de tout signe religieux par les usagers dans les services publics, dans les transports en commun par exemple ? Bien sûr que non. Ce qui importait c’était de montrer que L’UMPFN, comme certains surnomment l’UMP, n’allait pas laisser les privilèges des phrases assassines et le buzz à la seule bonne volonté de marine Le Pen.
L’immigration légale menacée.
A une réponse du Figaro, demandant à Claude Guéant, s’il allait intervenir pour réduire l’immigration légale ?, le ministre a répondu : "Bien évidemment !". Quand on sait que même avec des salaires de 50% plus élevés, on ne trouverait guère de français pour travailler dans certains secteurs, préférant plutôt des boulots moins fatiguant même s’ils sont mal payés, Monsieur le ministre devrait plutôt reconsidérer ses dires.
Réagissant aux propos de Claude Guéant,Laurent Fabius a déclaré que le discours de M. Guéant témoigne d’"une vision rabougrie de la France". "Le monde moderne est un monde de brassage et dire qu’il faut réduire, et pourquoi pas supprimer, toute immigration légale, c’est évidemment flatter le côté le plus médiocre", a-t-il dit . "C’est un contre sens économique, c’est une attaque contre les valeurs humanistes et c’est une espèce de dérivatif" alors que "la situation de la France n’a jamais été aussi désastreuse".
Mais pourquoi, après tout, doit on en vouloir à Monsieur Guéant de parler tout haut ce que les français pensent tout bas ? Après tout c’est le travail des politiciens de nous dire ce qu’on veut entendre. Ne dit-on pas qu’il est plus facile de croire celui qui nous ce que l’on veut entendre ?