A l’heure où l’urgence du changement climatique se fait de plus en plus pressante, trouver une énergie décarbonée capable de se substituer en si peu de temps aux combustibles fossiles semble mission impossible. Les énergies renouvelables aussi durables et propres soient-elles ne disposent pas à ce jour des qualités de production suffisantes pour approvisionner la demande mondiale en électricité et l’énergie nucléaire apparaît donc comme la seule alternative réaliste. Un constat incontestable à tel point que de nombreux écologistes retournent aujourd’hui leur veste pour encourager l’énergie nucléaire comme énergie de transition.

 

L’idée d’un maintien du nucléaire et d’un développement accru des moyens de production pour accompagner la transition énergétique n’est donc plus tabou, et serait même défendue désormais par certains représentants des mouvements environnementaux ou scientifiques de renom tels que Stephen Tindale (ancien directeur de Greenpeace Royaume-Uni), Barry Brook (climatologue australien), James Lovelock (auteur de l’Hypothèse Gaïa), ou le baron Smith de Finsbury (ancien président de l’Agence britannique de l’environnement). 

 

Patrick Moore par exemple, cofondateur de Greenpeace, déclarait récemment à la surprise générale que l’énergie nucléaire devait jouer un rôle important pour réduire le recours aux énergies fossiles. "Il ne fait aucun doute que l’énergie nucléaire est la source d’énergie la plus efficace et rentable pour réduire l’utilisation de combustibles fossiles", a-t-il précisé. 

 

Une position soutenue cette semaine par l’ancienne administratrice de l’Agence pour l’environnement américaine, Carol Browner, qui défend désormais la pertinence du nucléaire au 21ème siècle. Un changement de cap qui pourrait là aussi surprendre au regard de ses prises de positions passées. Pourtant, celle-ci a bien affirmé sans équivoque lors d’une conférence dédiée au nucléaire organisée à Chicago, que l’énergie nucléaire de part son caractère décarbonée, devait être prise en compte et encouragée dans le mix énergétique des Etats-Unis et cela au détriment des énergies fossiles. 

 

"Les émissions de gaz à effet de serre constituent aujourd’hui la plus grande menace pour l’environnement […] et je ne peux pas croire tout ce que l’on sait aujourd’hui sur le changement climatique, sur les dangers de la pollution via les émissions de carbone et exclure sans débat une énergie totalement décarbonée comme le nucléaire", a-t-elle déclaré. 

 

Carol Browner vient donc grossir les rangs des écologistes et scientifiques devenus pro nucléaires par la force des choses. Ces anciens opposants à l’énergie nucléaire reconnaissent en effet qu’elle est à moyen terme indispensable comme énergie de transition et qu’un désengagement trop rapide et irresponsable aurait des effets catastrophiques sur le climat et l’environnement. 

 

Selon une étude récente de Öko-Institut e.V., un institut de recherche environnementale, la production nucléaire générerait trois fois moins de CO2 que l’énergie solaire (lors de la production des panneaux) et trente fois moins que le charbon.