L’unité arabe, boutade de Gandhi paraphrasée à propos de la civilisation occidentale, serait une bonne chose, mais pour être juste, le sommet de cette semaine organisé par la Ligue arabe à Doha a réussi à afficher un effet assez impressionnant grâce à ses participants, concernant certaines des plus délicates problématiques du Moyen-Orient.

La Syrie a dominé la conférence avec un discours très loué par Mouaz al-Khatib, chef de la coalition de l’opposition syrienne. Sa démission 48 heures plus tôt a été rapidement intégrée à une offre pour un soutien plus large, au grand soulagement des gouvernements occidentaux et arabes à juste titre inquiets de la nature tendue du camp anti-Assad et la domination des Frères musulmans.

Cependant et même si ce camp est celui qui bénéficie le plus de l’aide du Qatar, les divisions d’opposition internes, n’ont pas disparu.

L’événement principal était à la fois puissamment symbolique et hautement politique où al-Khatib et ses collègues ont pris place à la table du sommet derrière le drapeau actuel de la République arabe syrienne. Il a fait écho à la façon dont les rebelles libyens ont remplacé Mouammar Kadhafi dans le siège de la ligue en 2011. Ses collaborateurs perfides qui sont les régimes arabes et qui se sont tenus en arrière ont dénoncé eux aussi l’abus furieux de Damas.

Pas tout le monde à Doha était heureux de ce changement. L’Algérie, l’Irak et le Liban ont étaient neutres ou défenseurs d’Assad et son régime, mais la détermination du Qatar, celle de l’Arabie Saoudite, et l’appui du Golfe ont par ailleurs dominé dans une organisation qui privilégie le consensus convaincant pour amener la réconciliation. Abdullah, le roi de Jordanie, approuva personnellement le discours d’al-Khatib, appelant à une « solution politique globale » pour la Syrie alors même que de nouveaux détails ont émergé de profil bas de son pays concernant le rôle dans le soutien des combats de l’opposition.

Le Qatar a démontré encore une fois que la ligue peut être un ami très flexible. Les États membres sont convenus sur le fait que chacun puisse aider le peuple syrien à se défendre, y compris par l’envoi d’armes, mais personne n’est tenu de le faire et il n’est pas certain que ça va maintenant commencer. C’est l’équivalent arabe de la « géométrie variable » ou aux « deux vitesses » ; des concepts chers aux mordus de la politique de l’Union européenne. En tout cas, le Qatar a démonté clairement qu’il ne croit pas à l’impossibilité d’une solution politique à la crise. Le premier ministre Hamad bin Jassim a averti que Assad a progressé alors que la diplomatie de Kofi Annan et celle de Brahimi avaient perdu du temps.

L’émir, cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, a tenu à souligner qu’il s’agit d’un événement pour réaliser les aspirations du printemps arabe dans lequel le Qatar a joué un rôle controversé, tout en maintenant le statu quo du Golfe. La première participation des dirigeants post-révolution de la Tunisie et la Libye remonte au sommet de l’an dernier à Bagdad.