Annoncée fin juin, l’introduction d’une fonctionnalité de sélection par l’utilisateur des publicités Google affichées sur les pages visitées est entrée en vigueur. « Ignorez cette annonce » ou « Mute this ad » permet non pas d’afficher d’autres contenus provenant du site visité, mais un avertissement Google : « Nous ferons de notre mieux pour vous montrer des annonces plus pertinentes à l’avenir ». Des annonces sans doute liées tant à votre adresse IP qu’aux recherches récentes que vous avez effectuées pour trouver des produits commercialisés.


Voici belle lurette que j’avais décelé que les annonces Google s’affichant sur les sites que je visitais pouvaient (vaguement) coïncider avec mes présumés « centres d’intérêt » (lecture, voyages, informatique…).

Mais le doute subsistait. Le nombre des annonces sans aucun rapport avec mes activités ou ma consommation (réduite à très peu de ce qu’on trouve à acheter en ligne, sauf nécessité, de remplacement par exemple) l’emportait largement.

Puis, récemment, sur pratiquement tous les sites informatifs de la presse anglophone que je fréquentais, des annonces récurrentes me proposaient d’acquérir du toner pour imprimantes… La raison : je m’étais livré à diverses longues recherches pour déterminer si mes cartouches d’impression laser pouvaient être reprises (contre remise) et rechargées (en poudre, et non échangées). Cela prend du temps, oblige, en tout cas pour un particulier, à visiter une foultitude de sites commerciaux…

C’est d’ailleurs l’incongruité d’une annonce sibylline évoquant l’histoire des championnats de golf (conduisant à un site vantant une méthode sur DVD d’amélioration de sa frappe) qui a attiré mon attention sur le coin supérieur gauche de la fenêtre de l’encart : une petite croix. Je survole et apparaît la mention « mute this ad ». Je clique, et l’annonce se transforme en un message. Notez cependant qu’elle risque (ou une autre) de réapparaître lors de votre prochaine visite.

Préférences

Cette icône en jouxte une autre, celle d’adChoices, qui vous mène à une page, celle d’un « Gestionnaire de préférences » détaillant (presque) tout ce que Google sait ou présume de vous : votre âge, sexe, les langues que vous pratiquez, et « vos catégories ».

Supprimer des entrées est sans doute vain : vos prochaines recherches cibleront de nouveaux centres d’intérêts, stockés dans un « cookie » (un témoin).

Vous pourriez bien sûr désactiver totalement l’enregistrement d’un tel témoin mais… la fonction n’est disponible que via Chrome, le navigateur de… Google.

Voilà une « bonne manière » de vous inciter à le télécharger et l’installer.

Notez que la possibilité d’accéder à des annonces « escamotables » (un temps tout au moins) n’est disponible que sur les sites s’étant portés volontaires (tel Come4News).  Les autres peuvent ou non adhérer à ce programme intitulé « Réseau Display ».

D’autres méthodes sont accessibles pour éviter de stocker des témoins sur votre disque dur, ainsi du recours à la fonction « Navigation privée » de Firefox (une équivalente est disponible avec MSIE, l’activation de la navigation « InPrivate »).

Une autre solution pour « brouiller les pistes » peut consister à choisir d’utiliser de préférence un autre navigateur que Google. Ainsi Volunia (.com), qu’il faut paramétrer, ou Ixquick « qui n’enregistre pas votre adresse IP ». Ixquick permet même, directement ou via son site StartPage (.com) « d’interroger anonymement Google ». Vous pourrez ensuite placer le moteur de recherche de votre choix en première position dans le champ de recherches de votre (ou vos) navigateur.

Spamalot & be fined

Sur le front de la protection de la vie privée, saluons l’initiative du Bureau du commissaire à l’information britannique (Information Commissioner’s Office, ICO). Deux personnes présumées avoir diffusé des millions de pourriels (spam) sont menacées d’une très forte amende : 250 000 livres.

Leurs agissements violaient la loi sur la protection des données privées – Privacy & Electronic Communications Regulations (PERCR) – et une injonction de se justifier sous 28 jours leur a été signifiée. En particulier, les courriels non sollicités proposaient de percevoir des indemnités pour des accidents imaginaires ou d’obtenir des avantages indus.

Le directeur de l’ICO, Simon Entwisle, indique que la campagne visant à inciter les victimes de messages ou appels non sollicités commençait à porter ses fruits : au cours du dernier trimestre, 30 000 personnes ont signalé des faits et les premiers avis de poursuites ont été émis après enquêtes et vérifications des signalements. Huit sociétés ou individus font l’objet d’enquêtes approfondies.

En France, une association à but non lucratif, Signal Spam, fédérant les sociétés pratiquant la prospection par courriel, recueille les plaintes, les analyse et les signale aux autorités compétentes.

En France, les messages non-sollicités peuvent représenter 80 % du trafic des messageries électroniques et avant l’application des dispositifs d’opt-out(désabonnement), un utilisateur peut recevoir en moyenne 92 de ces messages (contre une vingtaine en 2007-2008).

Si l’Inde est le premier pays émetteur de pourriels, devant l’Italie, la France est devenue le second pays relayeur européen. En effet, les ordinateurs français sont plus infectés que d’autres par des modules (botnets) diffusant en tâche de fond des pourriels à destination d’autres utilisateurs.

Une solution consiste, selon Caspam (.org) à encrypter son adresse électronique (de courriel) pour que les robots botnets ne puissent la détourner.

La Cnil française peut être saisie ou se saisir elle-même et transmettre des plaintes aux parquets. Une première amende de 3 000 euros avait été infligée à une société, par la cour d’appel de Paris, en mai 2005.

Contrairement à l’ICO, la Cnil, dénuée de moyens, n’enregistre pas directement les plaintes mais est actionnée par Signal Spam, chargée de filtrer les plaintes abusives : son utilisation est soumise à inscription préalable.

En Belgique, le dispositif Ecops, création de la police judiciaire et du Service public fédéral économie (équivalent de la Direction de la concurrence française et de la répression des fraudes), en liaison avec l’Institut belge des services postaux et des télécoms (IBPT), permet de signaler des infractions.

En Suisse, le dispositif Melani permet de consigner un signalement via un formulaire.

Publicités en ligne et pourriels ne sont pas automatiquement liés.
Mais des annonces alléchantes (même si le golf ne m’intéresse pas, ignorer l’identité de l’un des plus grands golfeurs de tous les temps fait défaut à ma culture générale), ou fort bien ciblées, il est tentant de suivre les liens et de se retrouver à laisser derrière soi son adresse IP (voire, volontairement, son courriel, et à le regretter par après).

Mais, tant qu’à faire, suivez à l’occasion le lien « Choisir sa pub » situé sous les pavés d’annonces Google. Mieux sélectionner les publicités qui s’afficheront ne peut nuire.