Très insolite, cette coïncidence. En cette très dominicale matinée, qui voit converger des bus affrétés par l’UMP sur Paris, et des groupes se former, peut être à la sortie d’une grande messe pour en rejoindre une autre, celle de la manif contre l’égalité des droits de vivre en couple hétérosexuel ou différent, les regards se tournent vers la Providence. Celle de la capitale de l’État de Rhodes Island. Car les démocrates du sénat local ont admis que l’assemblée votera mardi sur la question du same sex marriage.

Petit rappel : je suis contre toute forme de mariage célébré autre qu’en privé, après passage devant un notaire par exemple (ou dépôt d’un contrat en enveloppe Solo, pourquoi pas…), libre à tout le monde de cohabiter maritalement avec qui bon lui semble. Les histoires de cul (ou pas, les asexuel·le·s restent des humain·e·s, que je sache) durables ne devraient regarder que les intéressés, et nullement quiconque d’extérieur). La polygamie ? Eh bien, qu’elle soit patriarcale ou matriarcale (oui, il subsiste de rares sociétés matriarcales à des degrés divers), le problème s’appréhende-t-il per se ou en fonction de critères de domination ? Ah oui, aussi, le problème des bambins et chères petites têtes blondes qui n’auraient rien demandé à personne… Personne ne demande à naître, personne ne choisit ses parents, alors ?

« Allo quoi… Non, mais allo quoi ! Vous me recevez, Béatrice Bourges ? Quoi ? Catholique et divorcée ? C’est comme si vous me disiez nazie et philosémite… Et vous n’avez pas de chapelet ou rosaire ? C’est comme si je vous disais que vous êtes socialiste et pour l’esclavage… »

Divorcée. Ouf, enfin, pas fille-mère, avec deux bâtards. Mais faudrait savoir : quand on a deux enfants, qu’on vit sans son mari, qu’on est catholique, c’est qu’on est veuve, quoi !

J’exagère ? Oh, il ne faut pas remonter si loin dans le siècle dernier pour que des Béatrice Bourges d’alors, jeunes filles en passe d’être fiancées, jeunes femmes tout juste mariées, femmes de bonne réputation, évidemment, et leurs mères, et grand-mères, n’allaient quand même pas se compromettre à saluer, même avec un air pincé, une fille-mère, ou laisser des enfants de bonne famille fréquenter une bâtarde ou un fils de rien conçu dans le péché.

Là où j’exagère, c’est que les jeunes gens qui vont participer à la manif pour tous, voire même Béatrice Bourges, égérie du Printemps français, ne s’imaginent pas du tout ainsi. Encore que… Ayant évolué sur des tas de choses, utilisant des moyens contraceptifs (oh, l’horreur… baiser l’anneau de Monseigneur l’Évêque et dans son dos ainsi ricaner…), finalement, ce sont des personnes qui voudraient que plus rien ne change à jamais. Soit qu’il y ait peut-être des prêtres homos, des nonnes lesbiennes, des civiles et civils certes invertis, mais à leur discrète place… Sauf peut-être la nuit, en boîte où on se lâche, avec des travelos si cocasses. Ou chez le coiffeur, c’est toléré, tolérable, un coiffeur un peu fofolle. Ou un couturier de grande classe…

Non, je ne diabolise ni ne me moque vraiment. Mais puisqu’elles et ils disent qu’il faut savoir provoquer, que la radicalisation s’explique, &c., eh bien, allons-y sans appeler au sang, à l’émeute, au pilori pour qui ne pense pas comme soi-même.

C’est quoi, ce mariage pour tous ? Pas que pour les non hétéros… D’abord, sans doute, un phénomène aussi marginal que le vote aux élections locales pour les étrangers non-communautaires. La plupart de ces étrangers, là où cela se pratique, s’abstiennent.
Pour le mariage pour tous, formidable opportunité attendue par les commerçants, hôteliers, restaurateurs, ce sera légèrement différent. Il y aura des noces avec des grands tralalas, enfin, un temps.
Puis, en dépit de la niche fiscale, les homos feront comme le font les hétéros : ils se pacseront majoritairement. Les vieux sans histoire finiront peut-être par se marier discrètement, comme les pacsés passent éventuellement au mariage, s’ils ont des enfants, s’ils pensent pensions de réversion au conjoint survivant, &c. La belle affaire !

Aucun manifestant, aucune génération ballerine, ne s’appuie vraiment sur ce qui se passe à l’étranger. Admettons que nous manquions de recul. Mais pas tout à fait l’anthropologie. Mais, là, sans doute, est-ce trop complexe…

Non, cette opposition est surtout affaire de croyance, de foi, de conviction profonde ou superficielle, et de peur de l’avenir, de l’incertain, d’un réel éventuel changement. On a peut-être peur du chômage et de se faire piquer une place par une lesbienne ou un gay trop bien sous tous rapports pour l’employeur, ou de choses indicibles (car n’étant pas clairement exprimables en son for intérieur). Alors on crie au bouleversement, à la bascule dans une civilisation inconnue. Pas celle de la Grèce antique, quand même ?

Christine Boutin voulait des mignons qui épousent des femmes et les engrossent comme au temps d’Henri III. Ou le retour au convenances, soit un mariage apparemment hétéro. La norme contournée des années 1950-1970, celles de sa jeunesse, lui inspire des envies de retour vers le futur antérieur.

Elle est en fait très symptomatique, Christine Boutin. Même de ces jeunes qui en rigolent mais qui, le temps d’un défilé, lui lanceraient bien des « Vas-y Cricri ! ». Surtout, que rien ne bouge. Laissez-nous nos illusions. La fiancée ne refera jamais le coup du gazon maudit, le fiancé s’amusera peut-être avec des « copains » mais ne ramènera pas de maladie vénérienne au logis.
Et puis, dans ces manifs, il y a peut-être aussi des bi, comme il y a quelques rares lesbiennes ou gays, qui n’en pensent pas moins, mais sont surtout motivés par d’autres considérations (politiques ou festives, comme draguer, ou accompagner copines et copains avant de se faire un restau).

Si à Pierre de Ronsard le roi Henri n’avait pas préféré Philippe Desportes, il serait resté aussi courtisan intéressé que possible et n’aurait jamais raillé les mignons. Encore que, quand il y avait un véritable État, un vrai monarque, point un mol édam, Ronsard se préserva bien d’en faire autre chose que des pamphlets réservés à un cercle de connivence avec lui. En sus, les mignons étaient fins bretteurs. Il risquait une botte là où le souverain « aime à semencer le champ qui n’est herbu, et comme un vrai castor, chevaucher le derrière », mais mortelle. Ah, l’heureux temps de l’autorité.

Dans ces manifs pour tous, en douteriez-vous, vous trouvez des filles non seulement encore un peu amoureuses de leur père, mais aussi de leur beau-père, et des fils qui sauteraient bien belle-maman à l’occasion. Mais fort discrètement. D’accord, sans doute sont-elles, sont-ils, minoritaires… enfin, on ne sait, ni jusqu’à quand. 

Mais venons-en à Providence où, divine semi-surprise, le sénat du Rhode Island se prononcera mardi sur la question. Une partie des sénatrices et sénateurs plaidera pour un vote rapide, une autre, sans qu’on puisse préjuger déjà de leurs proportions, penchera pour un référendum comportant la possibilité d’un rejet ou d’une acceptation assortie de restrictions.

L’association Rhode Islanders United for Marriage ne crie pas déjà victoire, mais sent le terrain meuble pour la supermajority qui se prononce dans l’État en faveur de l’égalité des droits.

Le pasteur Edmund Harris, de l’Episcopal Church of the Epiphany, pressent cette épiphanie. Il ne s’exclame pas Alleluya, mais est pour.

Il faut dire que le City Council de Warwick s’est déjà prononcé à l’unanimité. Le clergé local l’a approuvé, tout comme bien sûr les homos et parents d’enfants vivant en couples de même sexe. C’est d’ailleurs très œcuménique, car outre l’Episcopal Church, l’United Church of Christ et l’Unitarian Universalist Association se sont prononcées conjointement. Bon, admettons que huguenots, parpaillots, &c., veulent que leurs homos des deux sexes séduisent de bonnes et bons catholiques romains pour les détourner du papisme. Il s’est formé une Religious Coalition for Marriage Equality plutôt large mais, évidemment, Mgr Thomas Joseph Tobin ne l’a pas rejointe. Mais il suffit de consulter son site ou sa page Facebook pour constater qu’il évite soigneusement le sujet, n’incite pas ses ouailles à manifester ni leur approbation, ni leur désapprobation. Il s’est contenté de souhaiter qu’on ne mette pas la charrue avant les bœuf, soit d’attendre que la Cour suprême (fédérale) se prononce. Les rabbins, eux, ceux du Greater Rhode Island, et divers consistoires, sont pour.

Le City Council d’East Providence a aussi approuvé à l’unanimité, mais après un débat entre divers administrés (sur 22 prenant la parole, 13 étaient contre, neuf pour, lesquels ont réduit leur temps de parole, confiants dans le résultat). C’est un peu similaire à Centrall Falls, Pawtucket, Cumberland, et bien sûr Providence (centre et nord).

Matthew Lannon, 12 ans, a pu se prononcer publiquement pour que ses deux mamans se marient sans recevoir des gifles, des horions, ou subir des jets de légumes pourris. Pas question de lui infliger le goudron et les plumes.

Pourtant, pourtant, le sénateur Harold Metts y est allé de son couplet sur la « bataille cosmique » entre God et Satan. L’accès au paradis sera interdit aux agnostiques et partisans du mariage pour tous. Il fut écouté poliment. Un révérend baptiste a aussi évoqué la polygamie et l’inceste. Discrets murmures. Mais Barbara Schoenfeld a été presque applaudie quand elle a évoqué la concurrence du Massachusetts qui pourrait attirer des gays et des lesbiennes de talents, des entrepreneurs, des cheffes d’entreprises aux dépens du Rhode Island. Elle parlait « from a business perspective ». Et on ne rigole pas avec le bizness. Mère de trois fils, dont deux gays, elle ne tient pas à les voir quitter l’État.
Auparavant, une propriétaire d’une grosse agence immobilière avait communiqué à la presse que, du fait que l’État était le seul retardataire de toute la Nouvelle Angleterre, c’était un handicap financier et économique.

Le Providence Journal a publié des photos d’un couple de lesbiennes donnant qui le biberon, qui tricotant de la layette.

Le mariage pour tous a passé le cap de la House (des représentants de l’État du R.I.), le Senate devrait, pense-t-on, suivre.

Pas de manifestations bloquant la circulation dans l’État. Bizness iz bizness as iouziôl

En revanche, les directions publicitaires des publications, stations ou sites se sont régalées. Les imprimeurs se sont frottés les mains.

La question n’a pas du tout opposé démocrates et républicains, chacun se déterminant librement (enfin, en tâtant le terrain dans les circonscriptions). 

« Allô, quoi ! Vous avez perdu mon 06 ? Vous êtes bien les seuls, vu le harcèlement incessant dont je suis victime aujourd’hui… », a communiqué publiquement Frigide Barjot, tellement malheureuse d’être harcelée et placée sur le devant de la scène. « Après des mois de négation de notre mouvement (…), cela a de quoi mettre le pays à feu et à sang, et moi comme les Français, dans tous mes états ». Entre en transe, Frigide !

Vu de Rhode Island, ils sont vraiment barjots, ces Français. Quand ils ne sont pas en grève, ils se la jouent au bord de l’émeute. Remarquez, cela n’empêche pas toujours le commerce. Quelques rideaux d’habitude baissés le dimanche risquent de se relever sur le parcours, histoire de ravitailler les manifestants, pourtant opposés pour certains à la suppression du congé dominical. Mais, hein, quand on a soif ou faim… Hypocrites, allez donc !

Et autant d’opinions que de fromages. « Le Printemps français, les Homens, Béatrice Bourges et les groupuscules identitaires ne doivent pas rentrer » (dans notre fromage, euh, cortège), a estimé Frigide (allô ? on se tutoie et on s’appelle par nos petits noms ? allô ?). Il faut dire que des candidates ou candidats aux municipales se présenteront « dans les villes dont les élus n’ont pas joué le jeu » (du débat interminable sur le mariage pour tous). 

Demain, à Aurillac, opération Escargot-Klaxon à partir de 18 heures 30. Zut, c’est loin, j’aurais tant aimé faire donner mon huit tons de baraque foraine !

Mercredi dernier, au soir, à Lille, des homos ont été bousculés, voire tabassés. Descente dans le Vieux-Lille. Bah, un bon baston est toujours une occasion de se défouler, mais nous en sommes d’accord, la manif pour tous déplore, et même condamne. Faut pas croire, comme le chantait Jacques Brel, avant de devenir notaires, et de rechercher la clientèle homo, il faut que jeunesse se passe. Au fait, le Péninque du Gud et le Cahuzac du PS, c’aurait-y pas été voile et vapeur, des fouês ? Bon, cela ne me regarde pas, et là, c’est purement gratuit (et rigolard, mais je n’insinue ren de ren).

Je vois cela par le petit bout de ma lorgnette. Des enfants sans référence paternelle ou maternelle, allô ? Nul tonton, nulle tata (sans jeu de mot), de papa ou maman de meilleure copine ou copain, les gosses claquemurés dans le ghetto lesbigay ? Interdiction de sortir et étoile rose obligatoire, imposé par les parent·e·s ? C’est bien cela ou aurais-je mal compris, interprété ?

Je lis que la préfecture de police aurait truqué les photos aériennes des précédentes manifs pour minorer la participation. À défaut d’un zeppelin, même pas un engin téléguidé pour diffuser ses propres images ? Et elle est où, en ce moment, la vidéo qui « prouve » la supercherie ? En tout haut de page du site islamisme.fr. Faudrait savoir : les ennemis de nos ennemis ne sont-ils point nos amis ? Ils sont bien contre le mariage gay (sauf une rare exception notoire), les imams ?

Pochade sur AgoraVox : le dir’ RP du Ku Klux Klan se plaint de la manif pour tous « donnant à l’idéologie de l’exclusion une image trouble et peu flatteuse », ce en suscitant « un sentiment de pitié envers ceux que nous combattons, les n***, les*** et ceux qui lisent des livres en général. ». Molle Barjot, on te voit ! Bon, c’est une parodie.

Marion Maréchal-Le Pen dénonce « les sénateurs UMP complices » qui se sont abstenus ou ont voté pour le texte gouvernemental. Le groupe UMP avait refusé le vote électronique (qui permet à des absents de voter). Frigide abonde dans Corse Matin, l’UMP a failli. Frigide, « rattrapée par Jésus  » en 2004 (dis, il t’a mis la main aux fesses ou au panier ?), un Jésus qui « l’accapare », entend Sa Voix, Son Verbe. Il vibre en elle tel un bâton charnel. Ronsard, reviens, ça, c’est de la balle qui déchire ! Elle voit déjà, dans ses cauchemars, à la sortie des facs, de louches individus émargeant aux laboratoires pharmaceutiques, vêtus de longs manteaux qu’ils ouvrent soudain tout en grand, exhibant des rangées de flacons pleins d’« ovules et spermatozoïdes ». Mistinguett, reviens, ils livrent même à point d’heure du matin leurs préparations cosmétiques. Et on peut mirer l’ovule ou le sperme ? C’est pas importé de Chine, au moins, ni coupé avec de la semence de cheval ou de l’ovule de jument ?

La nouvelle ère se rapproche, et faute de messie (le récent grand rabbin démissionnaire pour raisons de plagiats en aurait pourtant fait son miel), des prophètes investis pour les municipales évangéliseront.

Franchement, cela donne envie d’émigrer. S’il reste des cerveaux en France, ils sont déjà en attente de départ pour le Rhode Island…

Où s’arrêteront-elles (ou ils) ? Bientôt, vont-ils brandir des fausses couches issues d’un authentique coït hétéro dans des flacons ? Histoire de gonfler le nombre des manifestantes et manifestants virtuels ? De montrer que, déjà majoritaires dans le pays, elles et ils auraient pu l’être plus encore ?

Saviez-vous qu’à Versailles, des policiers déguisés en manifestants pour tous ont tenté de créer des troubles et de se transformer en casseurs ? C’est sur le site de la manif du 7-8 (sept-huit). Quatre plaintes seront (ou ont été) déposées contre des policiers pour incitations au trouble de l’ordre public. Pas de policières enceintes parmi ces forces du désordre infiltrées ? Franchement, Manuel Valls, c’est de l’amateurisme.

C’est encore mieux sur les sites manifpourtous95 et manifpourtous93 (.fr), malheureusement temporairement indisponibles. Des femmes allaitantes voilées arborant sur leur mamelles des macarons CGT, des tatoués « ni dieu, ni maître », ou « mort aux vaches », brutalement agressés par des CRS avinés… forcément avinés… Moi, ce doit être Satan qui me pousse, mais j’ai eu cette vision terrible. L’ultra-gauche, les musulmanes radicales, et la racaille se souvenant être issus d’une mère (voir dont ne sait quel père ayant mis les voiles ou en cabane), provoqués par la police infiltrée et poussant à aller chasser les touristes du Sacré-Cœur pour beugler des cantiques.

À Providence, ils voient cela, stupéfaits, sur leurs écrans.