Prostitution au Carlton : J.-C. Lagarde en garde à vue

Il ne s’agit pas d’« insinuations malveillantes », comme le dit si bien Dominique Strauss-Kahn. Il se trouve simplement que le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde a été interpellé et placé en garde à vue jeudi matin par l’IGPN, à Lille. Ce commissaire, selon des rumeurs de commissariat et d’autres, se voyait déjà chef de la sécurité rapprochée de l’ex-futur président DSK.

Dès le début ou presque de la révélation par la presse belge et du Nord-Pas-de-Calais de l’affaire de prostitution dans des hôtels de Lille (mais aussi à Paris et New York), le commissaire Jean-Christophe Lagarde confiait à des policiers lillois qu’il risquait de se retrouver en garde à vue.
C’est fait depuis ce jeudi 20 octobre.

On aurait pu croire que c’était sur commande (mais de qui ? pas de supérieurs, quand même ?) que le commissaire divisionnaire Lagarde s’intéressait de près à Dominique Strauss-Kahn. Histoire de recueillir ses confidences, peut-être sur l’oreiller, lors de parties fines dans un grand hôtel parisien des Grands Boulevards.

Il s’agit en réalité du Murano Resort, boulevard du Temple. Le slogan de cette chaîne d’hôtels (il en est d’autres, dont l’un à Marrakech) est explicite : « When sleeping is not enough » (lorsqu’il ne s’agit pas que de dormir ou quand dormir ne suffit pas… la suite s’imaginant aisément dans ce cas).

En fait, s’il faut en croire la presse, notamment l’Est Éclair ou La Voix du Nord, il aurait visé le poste de chef de la protection rapprochée du candidat à la présidentielle une fois devenu président. Un poste très, très rémunérateur, car il a été fortement revalorisé avec l’accession de Nicolas Sarkozy à l’Élysée.
Il est vrai que le poste aurait été exigeant. Il aurait fallu non seulement protéger DSK, mais aussi Anne Sinclair, et sans doute quelques accompagnatrices lors des déplacements présidentiels.

Comme le proclamait son homonyme, le député-maire de Drancy (Nouveau Centre), non, les hommes politiques ne sont pas tous corrompus. Les policiers, non plus. En la matière, on ne peut même pas dire que J.-C. Lagarde ait été corrupteur ou corrompu, en l’état du dossier en tout cas.
Selon Marianne, ce policier « aurait vu DSK à Washington la veille de son arrestation à New-York. ». On sait que cette même veille, ou plutôt au petit matin, DSK recevait la visite d’une femme, présentée par la presse comme une banquière ou une cadre du milieu financier local. Désormais, la visite du policier à Washington fait planer le doute sur la profession de cette femme… Marianne indique aussi « qu’un autre commissaire » était de cet insolite déplacement.

Au Murano Resort, la partie n’a été rétribuée que 900 euros, aux dires de la jeune femme participante, car c’était « une petite partie », rapporte La Voix du Nord. Ce serait David Roquet, l’entrepreneur des Matériaux enrobés, qui aurait glissé l’enveloppe. Me Olivier Bluche, avocat du commissaire, n’a pas fait de déclaration, attendant de voir son client. Selon l’AFP, la compagne du commissaire aurait aussi été placée en garde à vue. Selon une source judiciaire rapportée par Le Figaro, « les éléments du dossier évoquent l’organisation et la participation active aux faits de proxénétisme, » de la part du commissaire.

D’autres révélations pourraient suivre alors que FR3 a diffusé la photo du commissaire Lagarde, qui aurait pu fréquenter d’autres établissements hôteliers en compagnie de personnalités. Vu à Washington, vu « à la télé », et où ailleurs encore ? C’est ce que les enquêteurs vont tenter d’établir.