Quelles alternatives politiques et choix de sociétés avons-nous ?

Il est devenu clair pour la plupart d’entre nous qu’il faut faire

quelque chose. Et certains ont retroussé leurs manches.

Voyons donc ce qui nous est proposé.

 

 

Or, de fait, nombreux sont ceux, parmi nous, qui

manifestent d’une façon ou d’une autre, leur

mécontentement, leur colère, leur désapprobation… face à

tout ce qui se déroule sous leurs yeux en matière de

(mauvaises) décisions sur le plan politique, économique et

social. Beaucoup ont été poussés à ouvrir un weblog pour

manifester cette colère sur "la voie publique". Et, un certain

nombre d’entre eux proposent des idées pour que les choses

s’améliorent. Alors, je me suis amusée à classer ces idées selon les 4

"degrés" (ou ordres) suivants (sans aucun esprit de

jugement) :

 

1° ordre : c’est du genre, appel au bon sens et aux

responsabilités des politiciens, afin qu’ils « ouvrent les yeux »;

du style « vous ne voyez donc pas ce qui se passe ; faites

quelque chose ! »

 

2° ordre : là, on est un peu plus concret ; on propose de

nouvelles lois et des amendements pour que la

règlementation se fasse mieux.

3° ordre : on va plus loin, en disant qu’il faut carrément

refonder cet imbroglio de lois en créant, pourquoi pas, une

VI ° République, avec une constitution plus rigoureuse sur

les thèmes du droit à un environnement sain et à la dignité

humaine…

4° ordre : refonte pour refonte, on propose totalement autre

chose.

Inutile de dire que plus l’ordre est élevé, moins il y a de

candidats qui le représentent. A ce jour, au niveau du "4°

ordre", je ne vois, outre l’holocratie présentée ici, que peu

d’idées concurrentes.

Disons que les alternatives "classiques" ne dépassent pas

l’ordre 2. Je passerai très vite dessus (c’est le NPA, le MoDem

ou même l’extrême-droite), car elles n’arrivent à convaincre

personne. Personnellement, aucun d’entre ces modèles

"classiques" ne me convient car, aucun d’entre eux ne

s’attaquant au vrai problème, n’est viable. Ils ne proposent,

au mieux que des rustines pour colmater les fuites. Mes

remarques sont peut-être un peu sévères, mais au final, c’est

bien cela.

Parmi les projets "non conventionnels", citons :

• Le Projet Venus du mouvement Zeitgeist de Jacque Fresco

et Roxanne Meadows. Ici, comme dans le communisme ou

l’anarchisme, l’argent est aboli. De plus, ce modèle avoue

ne pouvoir fonctionner que si une instance supérieure,

constituée de scientifiques, prend le contrôle de tout le

globe terrestre pour gérer l’ensemble des ressources

existantes et les distribuer de façon qui se veut équitable.

Il est évident, quand on présente les choses de la sorte que

nous avons affaire là à une autocratie totalitariste à la

George Orwell : dormez brave gens… inacceptable.

Pour revenir sur l’anarchisme, disons qu’il y a une

incompatibilité entre le désir d’être "tous libres" et de

vouloir une cohésion sociale que ce modèle ne résout pas.

L’anarchiste bannit l’argent, la police et la hiérarchie. Et il

veut que l’ensemble de la société s’organise en fédérations

sur la base du volontariat où chacun ferait sa part et où

tout tournerait sans que la machine ne s’enraye. Je ne

peux m’empêcher d’émettre une forte objection.

 

Cependant, contrairement aux autres, le communisme et

l’anarchisme ont tout de même reconnu, en théorie, la

source des problèmes : l’argent. Mais la solution radicale

qu’ils proposent de simplement éliminer l’argent pour que

tout se remette en place ne peut pas fonctionner.

• Le Mouvement Agir Pour l’Avenir (MAPA) de Vincent

Vauclin. C’est bien intentionné, et j’encourage toutes les

initiatives, surtout lorsqu’elles viennent, comme c’est le

cas ici, de jeunes gens décidés à prendre leur avenir en

mains. Les filles et garçons qui s’activent autour du MAPA

me paraissent sensés et sérieux. Aussi, je voudrais ici leur

apporter officiellement mon soutien moral. Cependant, si

la façon qu’a son instigateur de prôner un Etat fort, bien

centralisé, contrôlant tout, sans penser aux moyens que le

peuple aurait de se protéger des abus qui ne tarderaient

pas à surgir dans un tel système, je me dois de dire : non

je ne suis pas d’accord. Mais, je suis sûr que, combiné à

l’holocratie, le MAPA serait prometteur.

• Le Sociétalisme et, plus particulièrement, son volet

économique, l’Ecosociétalisme d’André-Jacques Holbecq.

Ce modèle va plus loin dans la réflexion et mérite donc

qu’on y consacre un peu plus de place.

Sur les pages qui sont dédiées à l’écosociétalisme, on peut

lire en détail ce qu’il en est, mais ici, je ne veux qu’en

résumer les principales caractéristiques.

• A la base, on a une unité de mesure des activités (consistant à produire des biens ou dispenser des services) ;

cette unité est une fraction de temps(6

min.). Ainsi, en une heure d’activité, on gagne 10 unités.

• Le produit (ou le service) global passe par toute une chaine de productions

(ou de services) intermédiaires et son coût total est le cumul des coûts

intermédiaires engendrés.

• L’argent pour financer ces coûts est créé selon les besoins

• L’argent de ceux qui achètent le produit ou le service est consommé au

sens strict du terme ; c’est-à-dire qu’il disparaît.

• La notion de "travail sociétal" apparaît alors : un travail est dit sociétal,

lorsqu’il va dans le sens du "bien-être collectif". Ainsi, chacun est libre de

choisir son activité au sein de cette société, mais sa rémunération sera

d’autant plus conséquente qu’il ou elle effectuera un travail plus sociétal. Il

y a donc également une notion de degrés de bien-être collectifs.

• Chaque citoyen, actif ou non, reçoit un "Revenu Social" (RS) lui permettant

de vivre décemment. Par conséquent, un impôt (la Contribution Eco

Sociétale, CES) est prévu afin, d’une part, de couvrir ce Revenu Social, et

d’autre part, de rémunérer les activités non commerciales. Cet impôt est

prélevé selon une logique "sociétale", c’est-à-dire que moins on contribue au

bien-être collectif, plus on paye (selon le principe "les pollueurs sont les

payeurs") .

• Un autre impôt existe ; il concerne ceux qui choisissent d’être propriétaires

de leur habitation. En fait, il s’agit d’un loyer (?). Là, j’avoue ne pas très

bien comprendre. Car, si le propriétaire paye un loyer, que paie le locataire

?… il loge gratuitement ? dans un logement qui appartient à la collectivité ?

(Qu’un représentant de l’écosociétalisme éclaire ma lanterne)

• Les outils de production, les biens immobiliers, le mobilier, etc., sont mis à

la disposition de l’entrepreneur à condition que son projet d’entreprise soit

accepté.

• L’héritage est limité à une génération, afin d’empêcher qu’une même famille

ne cumule des biens et se rende de plus en plus puissante au fil du temps.

 

 

Voilà pour l’essentiel.

 

Alors, ce qui me plaît, et qui correspond assez bien à ce

que je propose, c’est le mécanisme consistant à détruire

l’argent à la consommation.

Pour le reste, je suis plus que sceptique.

Tout semble idyllique, puisque le gouvernement est

bienveillant et responsable. Il agit, et nous pousse à agir

dans le sens du "bien-être collectif", donc du bonheur de

chacun dans un monde où la pollution et les autres

anomalies engendrées par la démocratie de

l’ultralibéralisme seraient limitées, voire éliminées.

 

Mais, ce qui me gêne, c’est, justement, qu’il y ait un

gouvernement central "bienveillant" qui régule toute cette

machine. Je ne crois pas à la bienveillance, et je n’accepte

pas la hiérarchie, même bienveillante. Cela me donne le

sentiment d’être bridé et que ma liberté est bafouée. De

surcroît, dans le sociétalisme, les notions de propriété

s’effondrent, ce qui est un choix de société arbitraire qui

ne peut pas satisfaire tout le monde.

 

En second lieu, je considère qu’un impôt est toujours

justifié a priori, et apparaît toujours injuste a posteriori. Et

il l’est.

Et pourquoi cette idée de Revenu Social ?  

A vouloir faire de

nous des gens dignes et égaux, on imagine qu’il faille faire

de nous des assistés. Pour moi, l’aspect sociétal doit être

résolu différemment. Aider son prochain est une activité

comme une autre. C’est un service qui est rémunéré selon

le même principe que les autres services. Et ainsi, plus

besoin de CES.

 

Quant à la propriété qui est le bien de la collectivité…

On 

retourne dans le communisme en clamant le contraire. Ce

n’est tout simplement pas acceptable qu’on nous aliène le

droit à la propriété, même si c’est mesquin égoïste et tout

ce que vous voudrez… car, encore une fois, c’est un choix

arbitraire qu’on fait sans consulter quiconque. Quelqu’un

trouve simplement que c’est plus juste comme ça, et il

l’assène.

Voilà pourquoi je n’adhère pas au modèle sociétaliste.

• L’Holocratie de Frank Hatem. C’est un

mouvement proposant une combinaison entre le

socialisme qui agit à long terme et qui, par nature, défend

et protège la société dans son ensemble, et le capitalisme

plus local et à actions ponctuelles.

Fatalement, il y a des points de convergence entre ces

diverses propositions, car je les considère toutes comme

bienveillantes, a priori, et faites avec un désir sincère de voir

notre société se sortir de l’impasse où elle s’est engouffrée.

Mais aucune n’est satisfaisante.

Plus précisément, j’émettrais une critique sévère à l’encontre

les 3 premiers modèles, car ils sont trop "égocentriques". Ce

sont des modèles où un petit groupe d’individus croit pouvoir

sauver le monde en affirmant que si on fait tout comme ils

disent, tout se passera bien. Un modèle digne de ce nom ne

peut pas être fondé sur de telles bases. Nous voulons tous

faire partie de la société à part entière, même si on est jugé

incompétent par tels ou tels.

Le 4ème modèle, quant à lui, il est suffisamment vague pour

qu’on y voie une ressemblance avec ce que je propose, mais,

sans plus de développement, cela ne reste qu’une idée vague.

 

Peut-on accepter ça ?

 

Toute femme, tout homme, doit se poser la question : « puisje

et dois-je accepter de vivre dans cette société ? »

Dois-je vraiment voir mes voisins souffrir de ne pas pouvoir

payer leur loyer et de se nourrir des restes jetés dans les

poubelles ou laissés sur la place du marché ?

Dois-je me réjouir de savoir que ma viande est bourrée

d’antibiotiques, ma laitue de pesticides et l’air que je respire

chargé de gaz toxiques et radioactifs ?

Ai-je le droit de laisser ce monde à mes enfants ? Pourrais-je

les regarder dans les yeux quand arrivera le moment où

j’assisterai, impuissant, aux catastrophes dues au

changement climatique ou à la radioactivité ?

Je ne voudrais pas être alarmiste outre-mesure, mais il faut

vraiment prendre conscience de l’étendue des dégâts et dire

stop.

 

On veut un autre monde.

Une réponse économique :

Les bases de l’holocratie

Pour comprendre où est la source de nos problèmes, partons

des 2 constats suivants :

1/ Tout d’abord, il existe actuellement 2 façons "honnêtes"

de gagner de l’argent :

– avoir une activité rémunérée

– vendre un produit quelconque (matériel ou immatériel)

(on peut cumuler : avoir une activité rémunérée qui consiste

à vendre)

Dans le 1er cas, le salaire est défini de façon arbitraire, mais

a priori, selon une grille plus ou moins rigide. Cela crée une

injustice sociale de fait, puisqu’un barème est défini pour

dicter qui va gagner quoi, pénalisant les uns et favorisant les

autres. On s’appuie, certes, sur la "loi du marché" pour

justifier ces barèmes, mais la loi en question ne fait que

pousser nos salaires vers le bas, car le marché est géré par

ceux-là même qui nous emploient.

Dans le 2nd cas, on fait appel une nouvelle fois cette loi de la

jungle qu’on appelle "loi du marché", où ce sont soi-disant

l’offre et la demande qui règlent le prix d’un produit. Mais en

réalité, il s’agit d’un rapport de force entre 2 parties : le

vendeur et l’acheteur. Et, chacun des 2 tentera, dans ce jeu,

d’arnaquer l’autre. Je vends le plus cher possible quelque

chose que j’ai eu gratuitement ou, tout au moins, que j’ai

payé à un prix moindre, ou j’achète le moins cher possible ce

que le vendeur me propose.

Or, il se trouve que si, du vendeur et de l’acheteur, l’un des 2

est beaucoup plus fort que l’autre, il l’écrase.

Ainsi, l’Etat nous écrase avec ses taxes qu’on ne peut pas

négocier. Et il ne sait pas maintenir le prix des denrées les

plus vitales à un niveau abordable, ou alors, c’est aux

détriments de la qualité, nous faisant avaler des produits

génétiquement modifiés, bourrés de pesticides et de la viande

venant d’animaux stressés par l’élevage en batterie, nourris

de farines animales et gavés d’antibiotiques…

Quand on est du côté des vendeurs et qu’on représente une

TPE ou une PME, ou un petit exploitant agricole, par

exemple, nous n’avons pas la possibilité de définir le prix du

produit qu’on veut vendre et, souvent, nous ne pouvons

même pas vendre au plus offrant.

En définitive, le vendeur fort impose un prix fort à l’acheteur

faible et l’acheteur fort impose un prix faible au vendeur

faible.

Nous sommes donc devant 2 règles du jeu dans ce monopoly

qui mènent aux injustices que l’on connait.

2/ Tout ce qui ne conduit pas à gagner de l’argent est

considéré comme une charge et, par conséquent, nuit. Tout

ce qui est social, service que l’Etat s’est engagé à rendre à ses

concitoyens, est considéré comme nuisible, car il se traduit

par des chiffres négatifs. L’environnement est aussi une

charge. Polluer fait partie des "dommages collatéraux" de la

production, qui, elle, est toujours vue de façon positive.

Vendre des armes ne pose aucun problème de conscience à

l’Etat, qui s’en vante. (Evidemment, quand l’Etat n’est pas

impliqué dans ce commerce, il le condamne en le qualifiant

de trafic)…

Alors, quels buts voulons-nous nous fixer ?

Il faut tout simplement inventer de nouvelles règles plus

équitables et plus respectueuses de l’individu et de la nature,

car c’est là que l’individu espère continuer de vivre.

Ces règles devraient donner à chacun un maximum de

liberté et de confort de vie et un minimum de contraintes,

dans la mesure où cette liberté et ce confort n’entravent pas

ceux des autres.

 

On voit là qu’il devra nécessairement exister un moyen de

maintenir un certain équilibre, car il y aura tendance des

uns à tirer la couverture à eux, ce qui aura fatalement pour

conséquence de découvrir les autres. Mais, le but d’une

organisation sociale devrait justement être de définir des

mécanismes qui maintiennent la société dans un certain

équilibre, malgré toutes les dérives promptes à surgir çà et

là. A maintenir ou à rétablir l’équilibre. Mais sûrement pas à

creuser le déséquilibre.