L’ancien président libérien Charles Taylor a été déclaré ce jeudi coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Sierra Leone par le tribunal spécial établi à La Haye au Pays-Bas. Des crimes commis lors de la guerre civile qui avait déchiré ce pays de l’Afrique de l’Ouest entre 1991 et 2001, et qui avait causé la mort de près 120 000 personnes. Agé de 64 ans, Monsieur Taylor risque donc de passer le reste de sa vie derrière les barreaux. Et, l’on apprend qu’il purgera sa peine en Grande Bretagne.
Immédiatement après le procès, de nombreuses organisations internationales et certains pays occidentaux n’ont pas tardé à salué cette décision. C’est le cas pour l’Organisation Non Gouvernementale Amnesty International qui dans un communiqué a estimé que cette décision est un important message contre l’impunité en ces termes : « Il ne fait aucun doute que le verdict d’aujourd’hui envoie un message important aux hauts responsables étatiques: qui que vous soyez et quelles que soient vos fonctions, vous serez traduits en justice pour les crimes que vous aurez commis ». Les Etats Unis et la France ont eux-aussi salué cette décision, alors que Navy Pilay la Haut Commissaire pour les droits de l’Homme à l’Onu a estimé pour sa part que c’est "un moment historique dans le développement de la justice internationale".
Paradoxalement, si ce « verdict » a été très largement salué en occident, sur le continent africain, les gens semblent ne pas partager cette décision de la « justice internationale ». Car ici, les uns et les autres continuent de douter de l’impartialité de la CPI, non sans la présenter comment un instrument néocolonial à la solde des pays occidentaux. En dehors de la RADHO (Rencontre Africaine des Droits de l’Homme) qui a de façon officielle par la voix de son président (Alioune Tine) marqué sa satisfaction à la suite de ce verdict, les dirigeants et les personnalités africaines hésitent encore à faire connaitre leur véritable position. Un silence qui n’est pas innocent ! Seul l’ancien président Burundais Pierre Buyoya a eu le courage sur les antennes de la Radio France Internationale ce matin de condamner ce verdict, tout en réitérant son soutien à l’endroit du président El Béchir du Soudan, lui aussi dans le viseur de la justice internationale depuis quelques années.