Je viens de relire EN DIRECT de Norman Spinrad, un roman qui dénonce les excès et la corruption des pouvoirs politiques et médiatiques, et plus particulièrement des chaînes de télévision commerciales, prêtes à tout, même à passer des accords avec des terroristes pour diffuser des meurtres en direct dans le seul but de gagner de l’audience!

 

L’histoire est simple: les brigades vertes, un commando d’écologistes extrémistes, s’empare d’une station de télévision locale pour diffuser ses messages et émissions. Une victime de la pollution se suicide en direct et les taux d’écoute grimpent aussitôt! Dès lors, va s’établir une alliance forcée entre les idéalistes qui veulent « sauver la planète » et les télévisions qui ne voient dans l’intervention spectaculaire du commando qu’une merveilleuse occasion de s’enrichir…

 

Ce roman qui décrit les excès d’un télévision sans éthique, d’un monde politique rongé par la corruption et l’urgence d’agir contre la pollution date de 1994. On croirait pourtant que ce roman vient de sortir de presse tant il décrit exactement notre situation actuelle.

 

 

Le communiqué télévisé de Kelly Jordan, membre du commando des brigades vertes, m’a paru d’une actualité saisissante:


« … Nous avons des calottes glaciaires qui commencent à fondre des îles qui s’enfoncent et, pour ainsi dire, plus de coraux vivants. Le plancton se raréfie dans les océans, les poissons disparaissent…


….Ouais, ouais, tout çà on le sait, on l’ a vu à la télé. Dans cent ou deux cents ans, la terre sera inhabitable. Mai qu’est-ce qu’on peut faire? Et tout le monde s’en fout. De toute façon, on sera déjà tous morts.


… Vous… Nous… tout le monde sait ce qu’il nous reste à faire. Nous débarrasser de nos voitures qui bouffent de l’essence. Arrêter de brûler les combustibles fossiles, point final. Arrêter de détruire les forêts pluviales pour y faire pousser de quoi engraisser la viande à hamburger. Fermer nos centrales nucléaires plutôt qu’attendre le prochain Tchernobyl. Priorité à la survie de la planète.


….Quand nous aurons tué cette planète, elle sera aussi morte que la face cachée de la lune ou le verso de Vénus. Oh, certes, nous laisserons un souvenir charmant à nos arrière-petits-enfants… au cas fort improbable où nous en aurions… »

 

Seize ans plus tard, c’est  exactement le constat que font de plus en plus d’écologistes et de scientifiques. Ce roman de Spinrad qui était à sa sortie classé dans le rayon « science-fiction » est devenu la description de notre société contemporaine.