Pourtant, dés le lendemain, le bilan est apparu mitigé. Le bon déroulement de ces élections a été très vite entaché par de gros doutes sur des fraudes partout dans le pays. Les deux favoris, le président sortant Hamid Karzai et son ancien Ministre des Affaires Étrangères, Abdullah Abdullah, ont annoncé avoir remporté la victoire. Ce dernier dénonce des tricheries au profit de son concurrent. Les observateurs internationaux sont forcés d’admettre que les votes n’ont pas été des plus clairs et 225 plaintes ont été enregistrées.
Il était évident que ces élections ne se dérouleraient pas de la manière la plus démocratique qui soit. Les experts étrangers s’accordaient sur le fait que les Afghans devaient adapter ce vote à leur propre culture. Des irrégularités ont donc té tolérées dés le départ. Les accords passés entre les candidats et des dirigeants locaux ont été nombreux et le nombre même d’électeurs inscrits sur les listes était irréaliste : 17 millions pour une population évaluée à 12 millions d’adultes en âge de voter.
Pour lutter contre les traffics de bulletins et les votes multiples par les électeurs, les autorités ont tenté de mettre en place des stratagèmes comme l’obligation de tremper son doigt dans de l’encre noir. Ces artifices ont cependant été déjoués et des Afghans ont pu transgresser les règles. Officiellement, 74% des inscrits ont été jusqu’aux urnes. La majeure partie des bureaux de votes du sud du pays avancent déjà des chiffres farfelus. Alors qu’il a été évident que les gens s’étaient peu déplacés dans cette partie du pays, les résultats seraient plutôt importants et favorables àHamid Karzai.
Les résultats de ce premier tour ont commencé à être dévoilés aujourd’hui. Environ 10% des votes devraient être dévoilés pour progresser ensuite jusqu’au total début septembre. Le Ministre des Finances,Omar Zakhaïlwal, proche d’Hamid Karzai a annoncé que ce dernier était en tête avec 68% des voix, ce qui entraînerait une victoire au premier tour. La commission électorale afghane parle elle d’un score beaucoup plus serré avec 40% des voix pour le président sortant et 38% pour Abdullah Abdullah.
Les forces d’assistance à la sécurité de l’ISAF risquent donc d’avoir encore fort à faire dans les mois qui viennent. Deux éventualités se présentent. La première est celle d’un deuxième tour, particulièrement tendu, qui donnerait une autre chance aux insurgés de faire des ravages. La deuxième est celle de l’élection dés le premier tour de Hamid Karzai. Abdullah Abdullah ferait alors tout pour contester le résultat et continuer la lutte dans la rue.
Ce scénario catastrophe que le challenger brandit comme une manace depuis quelques semaines parait de plus en plus plausible pour les spécialistes qui craignent que le résultat du scrutin n’entraîne les même conséquences que celui de l’Iran au mois de juin. De tels mouvements de population pourraient s’avérer catastrophiques dans le climat d’insécurité qui règne partout dans le pays. Les militaires occidentaux ne pourraient que difficilement assurer la sécurité de foules compactes qui représenteraient des cibles de choix pour des kamikazes islamistes.
Photo : ISAF
Il me semble qu’ il manque quelqu’ un qui aurait su sortir l’ Afghanistan de tout cela…comme c’ était important pour ses détracteurs occidentaux d’ assassiner feu le commandant [b]Massoud[/b]…
Bon article Romain, qui mérite un vote 5 étoiles
Abdullah Abdullah risque effectivement de contester le scrutin en alléguant une fraude massive, mais les organes de contrôle de cette élection me semblent assez solides pour endiguer une éventuelle crise et éviter un débordement comme en Iran. Il ne semble pas, du moins pour l’instant, poindre à l’horizon un mouvement révolutionnaire comme on a pu assister avec la révolution verte. Par ailleurs, c’est déchirant d’avoir à l’admettre, mais le prochain gouvernement afghan devra définitivement se résoudre à intégrer davantage de talibans en son sein s’il veut préserver la sécurité du peuple ; chose que l’OTAN n’a pas su apporter au pays…
Cordialement à tous