Le Danemark succède à la Pologne à la présidence de l’Union européenne. La Première ministre danoise, Helle Thorning-Schmidt, est considérée comme europhile. Mais son opinion intérieure l’est largement moins. La dirigeante danoise devrait impulser un coup de pouce aux énergies renouvelables mais sur tous les sujets brûlants, comme l’harmonisation fiscale ou la direction prise par la Hongrie, elle risque de devoir rester prudente, voire timorée.

Le Danemark est un pays hors zone euro mais sa monnaie, la couronne est indexé sur l’euro. C’est aussi un pays assez largement eurosceptique dont la droite et l’extrême-droite (l’actuelle présidente est la cheffe des sociaux-démocrates, de centre-gauche) sont puissantes. Environ 65 % des Danois seraient opposés à la monnaie commune et une partie de la droite se dit tentée par la rupture totale avec l’Union européenne. Les Danois sont aussi très opposés à l’immigration et cette présidence devrait renforcer les contrôles aux frontières des pays européens (l’un des dossiers pendants restant l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’espace de Schengen).

L’un des dossiers importants de cette présidence sera sans doute l’harmonisation fiscale et en particulier celui des taux de TVA disparates et la multiplicité des dérogations, exemptions, nationales (sur le livre, les produits culturels, la restauration, les fournitures d’eau et d’énergie, &c.). Divers groupes de travail à Bruxelles plaident pour une harmonisation accrue en vue de simplifier les échanges.

Les autres dossiers cruciaux tiennent à l’admission de nouveaux pays comme, par exemple, la Croatie (suivie peut-être d’autres pays des Balkans). 

 

Mais la présidence aura aussi fort à faire avec le dossier hongrois. La Hongrie vient d’adopter des lois fortement en contradiction tant avec les textes qu’avec les principes de l’Union européenne. Certaines églises s’y voient favorisées aux dépens d’autres, l’avortement est combattu par une toute récente loi, la question des homosexuel·le·s  et de leurs droits pose problème, et la TVA a été portée à 27 % alors que le taux unique de l’impôt sur le revenu est faible (16 %). Les sans-abris sont devenus passibles d’emprisonnement en Hongrie où la tentation de rendre les Rroms ou les Tsiganes sans abri est présente dans les campagnes où ils sont sédentarisés. La presse est muselée, la banque centrale étroitement contrôlée, et tout est fait pour que les actuels dirigeants puissent rester le plus longtemps possible au pouvoir (ils nomment à des postes clefs pour désormais neuf à 12 ans, les voix des petits partis éliminés par le scrutin uninominal à un seul tour iront au parti dominant, a priori celui de Viktor Orban).
De plus, la nouvelle constitution, qui donne le droit de vote aux Hongrois établis à l’étranger, pourrait susciter des tensions entre notamment la Hongrie et la Roumanie.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ayant plaidé pour un renforcement de la coopération intergouvernementale, ce qui réduit le rôle de la commission de Bruxelles et d’autres instances européennes, la présidence danoise risque de rester en retrait des principales initiatives. Mais elle pourrait appuyer le Royaume-Uni si celui-ci voulait tenter de reprendre une part active aux diverses négociations. Copenhague voudra sans doute faire en sorte que la concertation entre les 17 pays de la zone euro ne laisse pas de côté les dix autres de l’Union. La nouvelle présidente devra aussi faciliter les arbitrages en vue de la préparation du budget européen pour la période 2014-2020.

Bref, la tâche sera malaisée, mais c’est la septième fois que le Danemark préside l’Union européenne et ce avec une certaine efficacité.