Je sors de chez mon médecin, un bon toubib sérieux et dévoué comme il y en a encore dans nos campagnes. Ulcéré, il me dit : « Regardez ce qu’on nous demande de faire. Si j’avais su, je ne me serais pas installé, j’aurais travaillé en hôpital… » Il me montre un papier sur lequel j’ai pu lire : « Prescrire moins pour gagner plus ». Curieux, qu’est-ce que c’est que ce truc ? Les médecins seront mieux payés si les ordonnances sont plus courtes ! Il faut être vicieux pour avoir une idée aussi saugrenue. Tant pis si le patient a besoin d’un médicament, le médecin devra choisir entre sa rémunération et la santé de son patient.

Ne cherchez pas, cette initiative est l’œuvre d’un député UMP, Jacques Domergue, qui propose de verser des primes aux médecins qui prescrivent peu de médicaments. La plus étonnant que ce député est lui-même médecin. La cour des comptes réclame « plus de rigueur dans l’accès au remboursement des remèdes comme dans la fixation des prix ou la maîtrise des prescriptions ». Aussitôt, un zélé député sort une idée de son chapeau.

Les Français sont les champions européens de la consommation de médicaments, mais quand même, le moyen de réguler cet abus me semble pour le moins pervers. Les médecins de campagne rétorquent : «  Le patient à gros traitement, on n’aura pas envie de le soigner à cause des primes ». C’est le bon sens.

On nous a déjà fait avaler pas mal de couleuvres pour sauver la sacro-sainte sécu, mais là on atteint une sorte de paroxysme dans l’absurdité. Monsieur Douste-Blazy prétendait avoir sauvé la sécurité sociale en 2004, on sait ce qu’il en advint.

Et si on réfléchissait à réduire les réels abus dans les pratiques. Pas plus tard qu’aujourd’hui, mon épouse a consulté un spécialiste à qui elle a demandé un traitement. Le spécialiste qui a quand même demandé 95 euros nous a renvoyés chez le médecin traitant pour les médicaments. Résultat, visite chez le médecin traitant qu’on aurait pu éviter, soit 24 euros de plus pour la sécu. Cherchez l’erreur !